Discours de la méthode de la politique européenne de Macron

Conseiller Europe à Bercy, puis lors de la présidentielle et ensuite à l’Élysée, le dorénavant Secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, partage un véritable discours de la méthode de la politique européenne mise en œuvre par le président de la République. Une lecture, dans la revue de l’IFI, passionnante et instructive…

Attentes croissantes des citoyens à l’égard de l’Europe : une réelle nouveauté minimisée

Attentif observateur des mouvements de l’opinion publique, les attentes croissantes des citoyens constituent un changement de paradigme important et inédit. Dorénavant, selon Clément Beaune, « les citoyens ne critiquent pas tant l’Europe pour son intrusion dans les compétences nationales que pour son inaction face aux défis communs. (…) Aujourd’hui, on s’attend à ce que l’Europe agisse, on la critique quand elle ne le fait pas, ou peu, ou tard ».

Ce besoin d’Europe est lié au fait que « désormais, tous les défis européens sont externes » et touchent au rapport de l’Europe au monde : migrations, protection des frontières, sécurité et défense, changement climatique, bouleversement numérique, mondialisation commerciale, santé…

Ce renversement de l’agenda européen des priorités des citoyens représente une opportunité et « dessine la matrice d’un projet européen qui doit revoir ses méthodes comme sa substance pour incarner une puissance ferme, rapide et audible dans un monde brutal que les Européens redécouvrent ».

Vision programmatique de la politique européenne de la France : la fameuse « souveraineté européenne »

Contre « le charme discret de la décadence » mélange de vraie « peur du déclin » et de faux « sentiment confortable de vivre en paix dans une bulle protectrice », le programme européen de Macron vise à « retrouver le sens du monde et le goût de l’avenir » afin que les Européens parlent le langage de la puissance sans perdre la grammaire de la coopération.

Afin de réconcilier l’Europe et les Européens, l’Europe politique doit se doter aujourd’hui de quatre attributs indispensables à toute communauté politique qui dure et s’affirme :

  • Des frontières claires : une révision de « la passion européenne de l’élargissement », des partenariats revus avec les puissances étrangères comme la Turquie et bien entendu un Brexit maîtrisé ;
  • Des institutions adaptées et efficaces : un cadre institutionnel unique avec des formats différenciés selon les sujets autour de « Trois Europe », celle des valeurs et du marché, celle des coopérations pragmatiques ad hoc et l’avant-garde du socle franco-allemand ;
  • Un agenda de puissance : indépendance industrielle, renforcement du marché intérieur (banque, finances, numérique) et lutte contre le dumping interne, nouveau logiciel de la politique commerciale et soutien à la démographie ;
  • Un sentiment d’appartenance : ni un luxe, ni une lubie « européiste », pourquoi pas rêver que le premier homme sur Mars sera européen »…

Avec honnêteté, Clément Beaune revient sur « la notion de souveraineté européenne, parfois mal comprise par nos partenaires de l’Union mais de plus en plus reprise » qu’il définit comme « la capacité à défendre ou promouvoir ses intérêts et ses valeurs ; ce que l’Europe n’ose encore ni faire ni penser sans quelque pudeur liée à son égarement colonial, à l’effondrement des guerres mondiales, à son expérience totalitaire. Pourtant, l’Europe « géopolitique », appelée de ses vœux par Ursula von der Leyen en particulier, est l’enjeu réel de la décennie qui vient : exister sur la carte ou subir la loi des autres. ».

Vadémécum de la démarche européenne de Macron

Présentée comme « une rupture méthodologique », la méthode européenne du président de la République repose sur 4 piliers :

  • Avant tout, le socle franco-allemand au-delà de la célébration ou de la confrontation, une relation de travail reposant sur la patience et la constance ;
  • Parler à tout le monde, un travail de réseau européen tous azimuts, en bilatéral ;
  • Un réinvestissement français dans les institutions européennes : suivi des nominations importantes et groupe politique au Parlement européen ;
  • Une stratégie de changement reposant sur la coopération quotidienne et l’interpellation régulière via des discours ou des interviews à la presse.

Avec Clément Beaune en homme de l’ombre puis sous la lumière médiatique au sein du gouvernement, la feuille de route européenne de la France est, comme rarement par le passé, théorisée et appliquée – reste à en attendre davantage de résultats.

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