L’Union européenne, à travers le programme « L’Europe pour les citoyens » 2014-2020, vise à « conforter la mémoire européenne et renforcer la participation civique ». Ce programme n’est pas pleinement satisfaisant selon une évaluation critique du programme par le Parlement européen. Pourquoi ?
Une conception trop civique et peu culturelle de la citoyenneté européenne : il faudrait promouvoir une culture riche et diverse de citoyenneté active plutôt que mettre en avant les institutions de l’UE
Selon le Parlement européen, la conception civique et républicaine de la citoyenneté dans le programme « L’Europe pour les citoyens » représente une « conception unidimensionnelle et par trop instrumentale de ce que représentent la citoyenneté active et la participation citoyenne ».
En effet, le programme « L’Europe pour les citoyens » est orienté vers les politiques de l’Union, et en particulier vers le processus d’élaboration des politiques et prête donc le flanc à la critique : certains pourraient affirmer que le programme « L’Europe pour les citoyens » n’a pas pour but de promouvoir une culture riche et diverse de citoyenneté active, mais plutôt de mettre en avant les institutions de l’Union européenne.
À l’heure actuelle, l’interprétation dominante du sens de la citoyenneté et de son objet est essentiellement utilitaire et axée avant tout sur les politiques et le processus d’élaboration des politiques de l’Union, au risque que ce programme ne soit considéré comme un outil de propagande de l’Union.
L’Union européenne ne devrait pas négliger les nombreuses formes bénéfiques que peuvent prendre la participation et l’esprit civiques.
Une conception asymétrique du programme : le volet « mémoire » étant clairement subordonné au volet « participation civique »
Le volet « participation civique » se voit attribuer plus de deux tiers du total des crédits opérationnels, contre 20 % à peine pour le volet « mémoire ».
Ce déséquilibre est d’autant plus marqué que le volet « mémoire », se focalise presque entièrement sur les causes des régimes totalitaires dans l’histoire récente de l’Europe et sur leurs victimes.
Réduire la mémoire européenne au national-socialisme et au bolchévisme encourage une interprétation unidimensionnelle de l’histoire et nuit à la création d’un public européen critique.
Afin de remédier aux déséquilibres existants dans la conception du programme et d’éviter de donner l’impression que l’un des deux volets thématiques n’est qu’un simple ajout à l’autre, une répartition plus équilibrée serait nécessaire.
L’Union européenne ne devrait pas négliger de construire une mémoire européenne contemporaine, qui s’appuie sur les réalisations de l’intégration européenne depuis la fin des années 40.
Au total, la communication de l’Union européenne sur la citoyenneté européenne s’enrichirait d’une approche moins civique/institutionnelle au profit d’une vision plus culturelle et contemporaine.