La réorganisation des porte-parole de la Commission européenne, une évolution dans la légitimation de l’Union européenne ?

Alors que le service des porte-parole de la Commission européenne fait l’objet de profondes réformes – abordées ici sous l’angle du verrouillage renforcé par la présidence Juncker ou là en matière de pratiques du « off the record » – le fondement des relations presse, qui reposerait sur « la technique et la rationalité comme fondements de sa légitimité » selon Olivier Le Saëc est-il en train d’évoluer ?

L’ancien positionnement administratif des porte-parole de la Commission européenne : une couverture technique de l’actualité européenne

Olivier Le Saëc analyse le « positionnement » des porte-parole de la Commission européenne :

  • Dépendent administrativement de la DG COMM ;
  • Devenus les huitièmes membres des cabinets des Commissaires européens ;
  • Sont les porte-parole des portefeuilles administratifs, i.e. les Directions Générales avant d’être ceux des Commissaires européens.

Autrement dit, « bien que les porte-parole de la Commission européenne soient devenus les « huitièmes membres » des cabinets des Commissaires européens, ils demeurent avant tout les porte-parole des portefeuilles administratifs des Commissaires européens », à la différence des porte-parole « politiques » des gouvernements nationaux.

Ce qui se traduit par « la mise en avant de l’aspect technique et administratif du travail de la Commission européenne », qui pourrait donc expliquer « la prédominance d’un aspect technique et rationnel dans la couverture médiatique de l’actualité communautaire européenne ».

Le nouveau positionnement transversal des porte-parole de la Commission européenne avec des membres de cabinet pour la communication politique : une couverture à la fois des « policies » et des « politics » de l’actualité européenne ?

Le nouveau « positionnement » du service des porte-parole de la Commission européenne pourrait s’analyser selon :

  • Dépendent directement de la présidence ;
  • Se distinguent des membres des cabinets des Commissaires européens – eux-mêmes dotés d’un(e) Conseiller(ère) en communication ;
  • Sont des porte-parole transversaux avant d’être ceux des Commissaires européens ou des Directions Générales.

L’équilibre se trouve donc modifié, bien que les porte-parole de la Commission européenne soient sortis des cabinets des Commissaires européens pour éviter toute instrumentalisation de la communication de l’institution européenne par ses responsables politiques, ils deviennent avant tout des porte-parole transversaux qui transcendent à la fois les portefeuilles des Commissaires et les Directions Générales.

Cela devrait se traduire par la mise en avant de l’aspect holistique des initiatives de la Commission européenne, qui touche dorénavant beaucoup plus de domaines de compétences en partage avec les Etats-membres. Logiquement, la couverture médiatique de l’actualité européenne pourrait s’élargir pour englober ces nouvelles problématiques et partager une vision prospective ou globale de l’UE.

L’indétermination actuelle concerne l’impact de la communication politique que pourraient déployer les Conseillers en communication au sein des cabinets des Commissaires – puisqu’ils ne sont pas habilités à porter officiellement la parole de l’institution, mais qu’ils ne sont pas non plus prohibés de s’exprimer en fonction de leur point de vue. Cette musique politique viendra-t-elle perturber la partition des « porte-parole officiels ?

Au total, la réorganisation du service des porte-parole de la Commission européenne semble « tenter » une nouvelle légitimation avec une communication officielle plus cohérence et holistique, couplée – et là viennent les interrogations – avec une communication politique au potentiel plus contradictoire voire conflictuel…

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