Archives mensuelles : novembre 2013

Floraison des serious games sur l’Europe

Cette année représente un véritable « printemps des serious games sur l’Europe » avec plusieurs projets permettant de sensibiliser des publics variés, notamment jeunes, à des problématiques européennes complexes…

« CAP Odyssey » : un serious game ludique pour comprendre les évolutions de la politique agricole commune

S’inspirant du jeu Habbo City, le joueur doit relever les défis liés à la gestion d’une exploitation agricole dans le village « Abondance » au travers de 7 missions permettant de retracer les évolutions de la PAC.

cap_odysseyDestiné aux jeunes urbains européens, « CAP Odyssey » vise à faire comprendre les enjeux de l’agriculture aujourd’hui : viabilité économique, sécurité alimentaire, revenu des agriculteurs, gestion des ressources naturelles, changement climatique, volatilité des prix, maintien de l’activité dans les espaces ruraux…

Lancé en début d’année à l’occasion des 50 ans de la PAC, « Cap Odyssey » parviendra-t-il à rassembler le million de joueurs que vise le ministère de l’Agriculture, co-financeur avec la Commission européenne ?

« Mission Knut » : un serious game pédagogique pour mieux connaître les institutions européennes

Développé par la Région Bretagne, « Mission Knut » invite à se mettre dans la peau d’un Commissaire européen afin de relever le défi de faire voter un texte européen qui éviterait une nouvelle catastrophe écologique et économique.
mission_knutS’adressant plus particulièrement aux jeunes, le serious game vise à leur permettre de se familiariser avec le processus décisionnel européen, à quelques mois d’élections européennes annoncées comme difficiles en termes de participation électorale.

« Vivre l’Europe en Alsace » : un futur serious game pour renforcer l’identité européenne de l’Alsace

L’Agence de Développement Touristique du Bas-Rhin développe actuellement un serious game qui invite le joueur- consom’acteur à expérimenter véritablement le concept de tourisme européen en Alsace.

Voir la description du projet et du scénario
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Au-delà des serious games français sur l’Europe, un discours sur l’utilité des « Serious Games in a European Policy Context » se développe partout dans l’UE autour de quelques piliers :

  • Une technologie avancée d’enseignement de plus en plus rentable
  • Une innovation créative de plus en plus attrayante
  • Un double intérêt en matière d’inclusion sociale et d’empowerment

En somme, les serious games sur l’Europe ont de l’avenir.

Vers une privatisation de la communication européenne ?

Qu’il s’agisse du recours de plus en plus systématique aux prestataires privés pour des missions de communication, de la généralisation d’un langage inspiré par le business ou de la « managérialisation croissante des affaires européennes » autour « d’un marché de l’expertise informationnelle », la privatisation de la communication européenne devient sans cesse une réalité plus tangible…

Structuration d’un marché des experts de l’information européenne

Première indication de la privatisation de la communication européenne, la structuration de plus en plus importante d’un marché bruxellois d’experts de l’information européenne – parfaitement décrit par Philippe Aldrin dans « Producteurs, courtiers et experts de l’information européenne. Sociogenèse d’un champ professionnel dans le monde des affaires européennes ».

Pour Philippe Aldrin, « s’est ainsi imposé un marché de l’expertise stratégique sur les façons de mieux penser les politiques européennes et, aussi, « mieux communiquer l’Europe » ; un marché où s’abolissent les distinctions fonctionnelles entre journalistes, conseillers, experts et lobbyistes ».

A l’heure de la complexification de la construction européenne, un petit monde de « producteurs, courtiers et experts de l’information européenne » se déploie au sein duquel « les compétences professionnelles de ces prescripteurs des cadres perceptifs et interprétatifs des politiques publiques et de la gouvernance européennes ne sont plus différenciées qu’en fonction de la nature du commanditaire qui les emploie ».

Systématisation de la sous-traitance des missions de communication européenne

De plus en plus systématiquement, faute de disposer des ressources humaines et des compétences techniques au sein des institutions européennes, des appels d’offre publics pour des missions de communication européenne organisent peu à peu un véritable marché de prestataires spécialisés.

Le marché de la communication de la Commission européenne apparaît – selon les chiffres disponibles datant de 2011 – comme relativement concentré avec 3 agences – toutes basées à Bruxelles – représentant chacune environ un quart des 100 millions d’euros « privatisés » pour la communication de l’UE.

Généralisation d’un discours sur l’Europe inspiré par le business

Dernière tendance confirmant la privatisation croissante de la communication européenne, la généralisation d’un discours inspiré par le business au sein même des acteurs institutionnels européens.

C’est le consultant indépendant, inventeur du concept de « nation branding » Simon Anholt qui indique récemment lors de la conférence EuropCom cette prégnance de concepts hérités de la stratégie militaire et du business : persuader des cibles, aligner les parties prenantes, délivrer un message unique.

Au total, le mouvement de privatisation dans les esprits et dans les actes de l’information et de la communication européennes n’est pas sans conséquence sur les partis-pris qui dominent actuellement la communication de l’UE.

EuropCom 2013 : les 7 erreurs de la communication européenne selon Simon Anholt

Lors d’EuropCom, la conférence annuelle consacrée à la communication européenne, Simon Anholt, consultant indépendant s’est illustré par une intervention qu’il qualifie lui-même de provocatrice voire suicidaire autour des 7 erreurs de la communication européenne…

1. La publicité, c’est du fascisme.

Le langage du commerce et de l’antagonisme (persuader des cibles, aligner les parties prenantes, délivrer un message unique) et non de la démocratie (débattre, se forger sa propre opinion entre des positions contradictoires) domine les milieux de la communication à Bruxelles, au point que Simon Anholt parle de tyrannie quand l’UE tente d’imposer sa vision aux Européens sans leur consentement.

2. La communication, c’est de la propagande.

Lorsque l’UE communique de manière unilatérale alors qu’il n’y a pas de demande et de voix contradictoires, Simon Anholt estime qu’il s’agit purement et simplement de propagande. La communication – surtout à l’heure des médias sociaux – réside dans l’échange et la diversité des messages et des opinions.

3. Le service public, ce n’est pas du business.

La privatisation de la communication européenne dans son langage et dans son approche, qui antagonise les émetteurs détenant la bonne vision et les récepteurs à capter, est une tendance dangereuse.

Par conséquent, plusieurs remarques sont issues de cette idée que l’action publique se distingue de l’action privée :

4. La diplomatie, ce n’est pas des relations publiques.

5. Le gouvernement, ce n’est pas du management.

6. Le leadership, ce n’est pas du service client.

Le leadership ne consiste pas à gouverner à partir de focus groupes pour savoir ce qu’attendent les citoyens mais plutôt à avoir une idée précise de là où il faut aller et de gagner la confiance pour y mener la société.

7. L’UE n’est pas une « corporation » mais une « communauté ».

Les Européens ne sont pas les cibles des institutions européennes. Collectivement, les Européens sont plutôt des ambassadeurs de ce que l’UE tente de faire, à savoir du multilatéralisme qui marche pour nous gouverner.

En conclusion, Simon Anholt estime que la question pour les communicants européens n’est pas de savoir ce que l’on va dire aux Européens mais plutôt ce que l’on va faire ensemble.

Au total, quoiqu’en partie injustes, partiales ou caricaturales, les 7 erreurs de la communication européenne signalées par Simon Anholt dessinent néanmoins autant d’embûches qu’il n’est pas inutiles de rappeler pour les éviter.