2013 est l’Année européenne des citoyens, une occasion pour les institutions européennes de faire la promotion des droits des citoyens ainsi que sur la participation des citoyens à la vie démocratique de l’Union. Comment communiquer concrètement auprès des Européens ?
1er axe : centrer les prises de parole sur des sujets concrets et utiles aux citoyens européens
Plutôt que de communiquer in abstracto sur les droits des citoyens européens, l’Année européenne doit viser à rendre concrets et utiles les principaux droits :
droit de se déplacer et de séjourner librement dans l’UE : alors que la crise économique frappe inégalement les États-membres de l’UE, mieux informé les citoyens européens de ce droit devrait leur permettre d’en faire un meilleur usage, ce qui devrait être profitable pour eux-mêmes en tant qu’acteurs économiques (étudiants, travailleurs) et pour la société dans son ensemble pour limiter le chômage de masse, notamment des jeunes ;
droit de vote et de se présenter comme candidat aux élections municipales et européennes : alors que l’abstention ne cesse de progresser à chaque élection européenne et malgré les poussées de populisme lors de chaque scrutin en Europe, ce droit doit être plus largement connu par tous les Européens et leur rappeler doit leur permettre de se réinscrire dès cette année sur les listes électorales pour pouvoir participer aux élections européennes de 2O14 ;
droit d’initiative pour demander à la Commission de proposer une nouvelle législation : ce nouveau droit apparu avec le traité de Lisbonne doit être largement médiatiser auprès des Européens qui peuvent ainsi signer des initiatives susceptibles de faire évoluer le cours de la législation européenne.
A défaut de se concentrer sur quelques enjeux qui peuvent entrer en résonance avec les préoccupations des Européens actuellement, l’Année européenne se limitera à une opération institutionnelle in-susceptible de toucher un large public.
2e axe : valoriser les bonnes pratiques des sociétés civiles en matière de citoyenneté européenne
Plutôt que de tenter de faire le grand pont entre l’UE et les citoyens, que ne parviennent pas à faire aisément les institutions européennes, il faut s’appuyer sur les acteurs locaux qui agissent sur les questions de citoyenneté.
Le choix de faire d’une alliance des organisations de la société civile à l’échelle de l’UE un partenaire stratégique de l’Année européenne s’inscrit dans cette volonté de démultiplier les opportunités d’entrer en contact direct avec les citoyens à l’échelle locale.
A défaut de rassembler très largement les acteurs déjà engagés sans pour autant tomber dans l’autosatisfaction circulaire, l’Année européenne ne parviendra pas à atteindre la masse critique suffisante, notamment pour capter l’attention des médias.
3e axe : faciliter l’action des acteurs de terrain, à travers un espace dédié, et donner du sens à la notion de « réseau social » du web 2.0
Plutôt que d’organiser à grands frais une « tournée » européenne en organisant dans chaque État-membre « des forums civiques sur les politiques et les enjeux de l’Union » – un tel dialogue civique ne peut reposer sur les seules institutions européennes insuffisamment légitimes et sera bien davantage le temps du débat démocratique lors de la campagne électorale des élections européennes – il faut renforcer les acteurs associatifs ou publics de terrain.
Au lieu de mener un plan de communication autour d’un débat (prématuré avant les élections européennes) et d’événements locaux (forcément limité à un public restreint et déjà sensibilisé aux questions européennes) qui semble davantage faire la promotion des institutions européennes que celle de la citoyenneté, il serait plus judicieux de réfléchir à la fois pour faciliter l’action des acteurs de terrain et pour consacrer les faibles moyens de l’Année européenne à pérenniser les objectifs de l’Année européenne.
Sur le modèle de l’ambition numérique des campagnes d’Obama aux États-Unis (cf. « Campagne numérique : les leçons d’Obama pour les élections européennes »), l’Année européenne pourrait donner du sens à la notion de « réseau social » 2.0 en développant une plateforme qui facilite le travail des acteurs de terrain tout en professionnalisant/optimisant l’activité associative/militante et en renouvelant l’intelligence collective. Une plateforme qui pourrait être conserver pendant l’année 2014 marquée par les élections européennes.
Au travers de 3 propositions : centrer sur des sujets concrets et utiles, valoriser les acteurs de terrain et faciliter leur démarche avec un outil en ligne adapté, l’Année européenne des citoyens peut parvenir à communiquer sur la citoyenneté européenne auprès d’un large public.