Interrogés récemment dans le cadre de deux enquêtes récurrentes – l’Eurobaromètre Standard de la Commission européenne et l’Eurobaromètre du Parlement européen ou Parlamètre – les Européens délivrent des messages pour le moins contrastés sur l’Union européenne…
Image de l’UE : une perception temporellement contradictoire
Dans le Parlamètre EB/PE 77.4, l’image de l’UE – abordée dans l’absolu : « en général, l’image que vous avez de l’UE » – s’améliore aux yeux d’une majorité d’Européens (40% d’opinion positive +9 points par rapport à l’automne 2011 contre 23% d’opinion négative -3).
En revanche, dans l’Eurobaromètre standard 77, l’image de l’UE « après la forte baisse à l’automne 2011 (-9), la proportion d’image positive de l’UE se stabilise à 31% » tandis que les opinions négatives progressent légèrement (28%, +2).
D’une enquête à l’autre – sondages réalisés par le même prestataire TNS opinion – la même question non seulement entraîne des niveaux de résultats significativement différents mais en pus avec des tendances inverses. Seule la période du terrain (du 3 au 20 novembre 2011 pour le Parlamètre et du 12 au 27 mai 2012 pour l’Eurobaromètre standard) peut justifier un tel écart.
La tendance à la dégradation de l’image de l’UE serait donc le phénomène le plus récemment mesuré.
Sentiment d’appartenance, confiance et participation dans l’UE : une perception faussement contradictoire
Autres conclusions contradictoires – à la première lecture – des deux enquêtes récurrentes :
- Bonne nouvelle : « une majorité absolue se dégage pour dire que l’appartenance à l’UE est une « bonne chose » », une grande première, selon le Parlamètre ;
- Mauvaise nouvelle : la confiance dans l’UE s’est encore dégradée pour atteindre le plus bas niveau jamais mesuré (31%, – 3 points), selon l’Eurobaromètre standard.
Autrement dit, les Européens – dans la crise – considèrent que l’appartenance à l’UE ne peut être qu’un « plus » – quoiqu’ils soient sans illusion sur les capacités réelles de l’UE – quasi équivalentes aux autres institutions publiques – à résoudre difficultés et problèmes.
La construction européenne devient un phénomène majoritairement soutenu dans la société, mais dans un état d’esprit sinon résigné, du moins aussi peu enthousiaste qu’en matière de politique nationale.
Des sentiments contrastés de l’opinion publique européenne sur l’UE à mettre en parallèle avec le fait que « la majorité des personnes interrogées pensent toujours que leur voix « ne compte pas dans l’UE » ».
J’ai moi aussi eu des interrogations en comparant ces deux enquêtes donnant des résultats contrastés. Il se trouve que l’enquête commandité par le Parlement annonce un terrain en juin 2012, donc à deux pas, de l’autre enquête un peu plus tôt au cours du printemps.
Vous remarquerez aussi que l’enquête commandité par le Parlement souligne à quel point les Européens connaissent et apprécient le Parlement européen.
La formulation des questions, l’ordre dans laquelle elles ont été posée, ou je ne sais quel détail technique, expliquent peut-être ces écarts. Ou est-ce la joie printanière qui gagnait les cœurs?
En même temps, l’Eurobaromètre 77 standard reste le plus important pour les chercheurs, et, là, on est très bas tout de même.