Présidence du Conseil de l’UE : le choc des communications nationales

Tous les 6 mois, un nouvel État-membre se saisit de la présidence tournante du Conseil de l’UE, une occasion pour illustrer des différences dans la manière de communiquer. Entre la Présidence française de l’UE en 2008 qui reste à ce jour la plus chère de l’histoire avec un budget de 171 millions d’euros et la nouvelle présidence danoise qui se présente comme « the Discount Presidency of the EU », la présidence low-cost avec un budget de 35 millions d’euros, les différences sont importantes.

Alors que la présidence tournante « de l’UE » est une opportunité tous les 13,5 ans pour mettre un État sur le devant de la scène européenne ainsi que l’Europe à l’agenda médiatique national, quel est l’impact des cultures nationales et des ambitions sur les pratiques de communication ?

Présidence danoise du Conseil de l’UE : une présidence sobre résolument d’austérité

Avec un budget « low-cost » de 35 millions d’euros, la Présidence danoise s’annonce résolument commune une présidence d’austérité, qui ne prévoit aucune action de communication :

  • ni action de promotion visant à mieux faire connaître l’UE auprès du peuple danois – opposé à l’adoption de l’euro et résolu à conserver une indépendance nationale en matière de défense ;
  • ni action de valorisation de la culture danoise auprès de ses 26 partenaires européens.

Présidence française du Conseil de l’UE : une présidence « flamboyante » et culturelle

A contrario, en 2008, la France souhaite faire de sa présidence semestrielle un véritable exercice de promotion de la grandeur nationale tant auprès des citoyens français et européens en France (illumination de la Tour Eiffel, campagne TV sur l’Europe…) que des Européens avec une saison culturelle européenne visant notamment à promouvoir la culture française en Europe.

Présidences polonaise, tchèque et hongroise du Conseil de l’UE : des présidences relativement nationales

Parmi les présidences de ces dernières années, les exercices des pays d’Europe centrale et orientale – pour des raisons diverses – se trouvent davantage marqués de leur empreinte nationale :

  • la Pologne assure une présidence forte, avec une communication pro-européenne décomplexée (inauguration d’une nouvelle Représentation à Bruxelles, nombreuses actions avec des ONG auprès des Polonais, contrat avec une agence internationale de RP pour promouvoir les engagements européens du pays sur la scène internationale…) ;
  • la République tchèque assure une présidence ambiguë avec notamment campagne TV et exposition « Entropa » au Justus Lipius provocantes, frappées par l’esprit et l’humour tchèque : assurance en soi, sens de l’humour et auto-dérision ;
  • la Hongrie exerce une présidence également « nationale » au sens où les ambivalences font ressortir des traits de la culture politique nationale entre d’une part, le programme de travail et les intentions, notamment portées par des portes-paroles actifs « Kovács and Kováts » et d’autre part, l’actualité politique nationale et en particulier le vote d’une loi sur les médias liberticide.

Présidences belge, suédoise et espagnole : des présidences fortement européennes

Autres cultures, autres pratiques, les présidences belge, suédoise et espagnole sont beaucoup plus « européennes » dans la mesure où l’intérêt européen et le jeu collectif et consensuel semblent davantage assumés :

  • la Belgique tient la présidence semestrielle sans avoir du début à la fin un gouvernement, ce qui limite de facto les controverses politiques sur le programme et les priorités ;
  • la Suède met en œuvre une présidence pragmatique et transparente, à l’image des actions de communication menées sur le terrain et dans les lycées ;
  • l’Espagne joue la partition du trio de présidence et s’inscrit dans une culture consensuelle et démocratique, s’appuyant sur des opérations de communication auprès de la société civile.

Ainsi, la présidence semestrielle du Conseil de l’UE est certes une opération participant de la gouvernance européenne. Mais, comme l’indique les différences de pratiques et de communication, c’est également l’expression d’une culture politique nationale.

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