Nouvelles fractures européennes : quels défis pour la communication européenne ?

Cinq ans après la sortie du rapport « La fracture européenne – Après le référendum du 29 mai 2005 : 40 propositions concrètes pour mieux informer les Français sur l’Europe » rédigé par Michel Herbillon, alors vice-président de la délégation de l’Assemblée nationale pour l’Union européenne, qu’en est-il de ces fractures européennes ?

Selon le rapport Herbillon, les difficultés de la communication sur l’Europe sont à chercher du côté des médiateurs naturels (élus, médias et enseignants) qui se trouvent en grande partie défaillants :

La fracture pédagogique, le défi de l’éducation civique européenne dans les écoles

Pour les enseignants, « l’Europe n’est pas dans les programmes ».

Tant que l’acquisition de connaissances fondamentales sur l’Europe ne sera pas garantie chez les élèves (et chez les professeurs lors de leur formation) ; la quasi absence de l’’Europe à l’école représente un défi que les parents, seuls, ne peuvent pas relever.

La fracture politique, le défi de la communication politique sur l’Europe

Pour les élus, « l’Europe ne fait l’élection ».

Tant que le débat politique à l’échelle nationale n’inclura pas systématiquement dans les professions de foi et les pratiques parlementaires et gouvernementales la dimension européenne ; l’Europe « bouc-émissaire » en politique constitue un frein, que les institutions européennes – Parlement européen en tête – ne peuvent à elles seules compenser.

La fracture médiatique, le défi de l’information sur l’Europe

Pour les médias, « l’Europe ne fait pas vendre ».

Tant que la formation initiale et continue des journalistes – particulièrement pour les non-spécialistes des affaires européennes – ne prendra pas en compte la nécessité d’une bonne connaissance des questions européennes ; la quasi absence de sujets ou papiers sur l’Europe dans les médias généralistes ne peut se corriger par des émissions, publications ou sites spécialisées sur l’Europe.

De nouveaux enjeux sont également à chercher du côté des inégalités territoriales et numériques qui se trouvent particulièrement problématiques pour la communication sur l’Europe :

La fracture territoriale, le défi de la communication publique et de proximité sur l’Europe

Pour les agents de l’Etat et des collectivités locales, « l’Europe n’est pas prioritaire ».

Tant que les instructions des ministères ou des exécutifs locaux ne définiront pas une vraie stratégie d’information et de communication sur l’Europe, ajoutée aux missions des fonctions publiques nationales et territoriales ; la quasi absence de communicants publics européens (moins de 1 000 membres pour la DG COMM de la Commission européenne à l’échelle des Vingt-Sept) ne peut suppléer l’éclatement des relais nationaux et locaux d’information sur l’Europe

La fracture numérique, le défi de la communication sur l’Europe dans les médias sociaux

Pour les communicants publics, « l’Europe sur Internet, c’est compliqué ».

Tant que la communication publique sur Internet ne sera pas d’abord une réponse au défi de la démocratisation des usages de l’Internet ; les démarches de communication sur l’Europe avec la minorité connectée visant à s’engager dans une logique de dialogue, de participation, voire de co-construction de la décision publique ne peuvent se révéler pleinement satisfaisantes.

Ainsi, face aux fractures pédagogique, médiatique, politique, territoriale et numérique, la communication européenne dispose de nombreux défis à relever.

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