Campagne de José Manuel Barroso pour sa nomination à la tête de la prochaine Commission européenne : quelles perspectives pour la communication du Président de la Commission européenne ?

Alors que le président sortant de la Commission européenne José Manuel Barroso a reçu le soutien unanime des chefs d’État et de gouvernement de l’UE en juin dernier pour un second mandat de cinq ans à la tête de la Commission européenne ; il a adressé au Parlement européen ses grandes orientations politiques pour le mandat de la prochaine Commission européenne afin d’obtenir le vote du Parlement pour sa nomination à la tête de la prochaine Commission européenne…

A cette occasion, quelles sont les perspectives pour la communication du Président de la Commission européenne ?

Polarité mythique : la communication du Président de la Commission européenne à l’époque de Jacques Delors

Aujourd’hui, les mandats de Jacques Delors (1985-1995) apparaissent comme un modèle mythique de communication pour un Président de la Commission européenne :

  • communication portée par une autorité supranationale incontestée, héritière intellectuelle des Pères fondateurs de l’Europe ;
  • communication animée par la défense des intérêts communautaires et orientée autour d’un projet d’envergure (le marché unique ou l’euro, dernières grandes réalisations de la construction européenne) ;
  • communication dynamique et convaincue, dotée d’imagination (l’idée de la méthode de la reconnaissance mutuelle), de force (les négociations avec Margaret Thatcher), d’efficacité (cabinet dirigé par Pascal Lamy), de cohérence (collège de Commissaires soudés)…

Polarité technocratique : une communication exacerbant le rôle d’exécution au risque d’être caricaturée

Compte tenu des règles de fonctionnement des médias (le règne du « fast hot news »), le succès de la communication du Président de la Commission européenne repose sur la médiatisation de décisions simples et fortes, issues de la mise en œuvre et du contrôle des politiques communautaires.

Aussi, la Commission pèse, car elle est crainte ; mais s’opposant aux administrations des États membres, elle se voit également caricaturée : toute décision issue de la Commission est considérée comme déconnectée des réalités voire opposée aux citoyens.

Afin d’éviter cette caricature, la communication de José Manuel Barroso, lors de son premier mandat à la tête de la Commission a consisté à s’inféoder aux orientations des chefs d’État et de gouvernement.

Polarité politique : une communication surfant sur le rôle de proposition au risque d’être marginalisée

Compte tenu du déficit de légitimité démocratique de l’UE (abstention électorale massive) et des nouvelles règles institutionnelles (le traité de Lisbonne donne au Parlement européen le pouvoir de nommer le président de la Commission européenne), le succès de la communication du Président de la Commission européenne repose sur la politisation de propositions, d’où ces « Orientations politiques pour la prochaine Commission » envoyées aux eurodéputés.

Aussi, la Commission pèse, car elle politise ; mais intervenant sur le terrain proprement politique, elle se voit également marginalisée : toute proposition issue de la Commission est noyée entre les réactions des eurodéputés et des classes politiques nationales.

Afin d’éviter cette marginalisation, la communication de José Manuel Barroso, lors de sa campagne pour un second mandat à la tête de la Commission consiste à proposer au Parlement européen un partenariat politique entre la Commission et le Parlement au cours des cinq prochaines années.

Entre polarité technocratique, ravalant le Président de la Commission européenne « au rang de Secrétaire Général du Conseil européen », selon Euractiv et polarité politique, risquant d’enfermer le Président de la Commission européenne dans un rôle strictement partisan, le chemin d’une communication équilibrée reste étroit.

Une réflexion sur « Campagne de José Manuel Barroso pour sa nomination à la tête de la prochaine Commission européenne : quelles perspectives pour la communication du Président de la Commission européenne ? »

  1. Christian Courtès

    Il me semble que si la communication de Jacques Delors reste un exemple, c’est aussi parce qu’elle exprime un vrai projet, une vision stratégique pour l’Europe et que depuis l’Europe n’en a plu. Sans projet, sans stratégie, la communication flotte…

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