Du 1er juillet au 31 décembre 2009, la Suède a assuré la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Dans un « contexte particulièrement trouble, lié à la double crise économique et institutionnelle » : le Parlement européen venait d’être élu, le Président de la Commission européenne n’avait pas été renouvelé et un référendum sur le Traité de Lisbonne était prévu en Irlande ; la Suède qui avait pour slogan, « Assumer les défis », affichait « des ambitions à la hauteur des espoirs suscités », selon le bilan d’Euractiv.fr : « Des réussites et quelques frustrations »…
Un bilan médiatique en demi-teinte entre avancées institutionnelles et échec du sommet de Copenhague
Certes, la présidence suédoise a permis de régler l’évolution institutionnelle de l’Union avec l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le 1er décembre 2009 et les nominations des deux nouveaux responsables européens, Herman Van Rompuy et Catherine Ashton.
Mais, cette résolution des problèmes de l’UE, véritable soulagement pour les États membres et les institutions communautaires s’est révélée une altération temporairement positive du jugement médiatique de la présidence suédoise.
En revanche, l’échec du Sommet de Copenhague (voir notre billet sur le « Flopenhague ») – quoique la responsabilité en soit mondialement collective – d’un impact médiatique considérable à constituer une profonde frustration des citoyens européens entraînant une coloration définitivement négative du jugement médiatique de la présidence suédoise.
Pour Elvire Fabry, auteure de l’article « La présidence suédoise vue de Paris » dans « The Swedish Presidency: European Perspectives », « il faut se rappeler du cas français. Sans l’adoption du paquet Énergie-Climat (lors du dernier Conseil européen de la présidence française de l’UE), l’appréciation de la présidence aurait été très différente ».
Une communication défaillante avec presque aucune campagne autour de la présidence
La présidence suédoise a déployé des efforts importants pour fournir un bon niveau d’information sur ses réalisations avec notamment une bonne communication sur le web :
- un site officiel www.se2009.eu, notamment dans la mise à disposition des agendas et des documents en ligne ;
- un blog événementiel personnel pour la ministre des affaires européennes Cecilia Malmström ;
- une équipe chargée de Twitter » les temps forts de la présidence suédoise.
Néanmoins, pour reprendre les propos Elvire Fabry, auteure de l’article « La présidence suédoise vue de Paris » dans « The Swedish Presidency: European Perspectives » : « la Suède pourrait avoir sous-estimé la nécessité d’une communication proactive. Sur l’échelle d’une population de 500 millions d’euros, la transparence ne permet pas de compenser un manque de marketing politique ».
« Après l’énorme couverture médiatique de la présidence française, on s’attendait à autre chose et il y a eu un effet de dépression de communication », selon Elvire Fabry. Quoique les experts estiment que le pragmatisme et la sobriété suédois ont permis d’obtenir des résultats, le manque de communication auprès des citoyens donne « l’impression qu’une présidence suédoise très discrète pourrait être assimilée à tort à un leadership faible ».
Ainsi, les leçons de communication :
- le jugement médiatique sur la présidence tend à se former en fonction du dossier le plus médiatique qu’elle ait à traiter : cette règle vérifiée avec l’adoption du paquet climat-énergie pour la présidence française semble confirmée avec l’échec du Sommet de Copenhague pour la présidence suédoise ;
- l’opinion publique sur la présidence tend à confondre intensité de la communication et capacité de leadership : cette règle éprouvée à l’issue de la PFUE comme le confirmaient les sondages ici et là semble vérifiée pour cette présidence d’un pays à la culture politique si différente.