En contrepoint de la querelle sur le choix du futur président du Conseil européen : Tony Blair, le flamboyant Britannique, Jean-Claude Juncker, le sage de Luxembourg, Anders Fogh Rasmussen, l’outsider danois, et d’autres encore… un autre débat parcourt la sphère publique. Une tension existe au sein des acteurs institutionnels pour déterminer l’acteur légitime pour communiquer. Qui de l’expert ou du politique détient cette légitimité dans la prise de parole ?
L’expert, qui se sent libre de toute pression, a le temps d’aller voir ce qui marche ailleurs et a le sentiment de servir en présentant ce qu’il estime être le meilleur. Sa prise de parole correspondrait ainsi au point de vue du souhaitable.
Dans le cadre du choix du futur président du Conseil européen, la figure de l’expert correspondrait à l’image du « chairman » chargé de coordonner les travaux et doté d’une visibilité limitée.
Le politique, qui est aux prises avec les réalités, a la rude tâche d’évaluer la dose de réformes qu’un peuple, à un instant donné, est capable de supporter. Sa prise de parole correspondrait davantage à ce qui est de l’ordre du possible.
Dans le cadre du choix du futur président du Conseil européen, la figure du politique correspondrait à l’image du « leader » offensif, incarnant l’Union auprès des citoyens. Ce leader pourrait aussi bien être de culture anglo-saxonne, atlantiste et libéral social que plus proche des idées françaises d’une Europe protectrice à l’égard de la mondialisation.
Alors, entre le discours du souhaitable et du possible – entre les figures du président chairman ou leader – lequel doit être privilégié, notamment au sein d’une Union européenne, où le projet politique demeure problématique ?