Entre l’opération de fond de Michel Barnier et le coup médiatique de Nicolas Sarkozy, quelles sont les leçons à tirer des deux séquences pour améliorer la communication sur l’Europe ?
Rappel de l’opération de fond de Michel Barnier
Le ministre de l’agriculture et de la pêche organise « la semaine européenne du ministère de l’agriculture et de la pêche ». Afin de préparer la présidence française de l’UE et le bilan de santé de la PAC, cette opération vise à renouer les fils du dialogue en organisant à Bruxelles de multiples rencontres entre les responsables politiques français et les différentes autorités communautaires.
Décryptage de la séquence de communication de Nicolas Sarkozy
1. Le coup médiatique avec un effet d’annonce clivant :
En visite à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) samedi dernier, le chef de l’Etat a déclaré à des marins-pêcheurs vouloir procéder à une « remise à plat des quotas de pêche » à la faveur de la présidence française de l’UE.
2. La réaction critique des dirigeants européens :
Sous présidence slovène, l’UE a réagi par la bouche du ministre slovène de la pêche, Iztok Jarc, qui a indiqué que « l’objectif est d’avoir une activité de pêche durable et que les quotas sont l’un des instruments dont nous avons besoin ». A Bruxelles, Michel Barnier est mis dans l’embarras et doit rectifié le tir : la France ne demanderait pas un abandon mais une amélioration du système.
3. La réponse mesurée et diplomatique :
Dans une lettre adressée lundi au président de la Commission européenne José Manuel Barroso, le président de la République lui a demandé « de renforcer les adaptations engagées pour améliorer la gouvernance de la gestion commune de la pêche ». Nicolas Sarkozy demande à Michel Barnier, de saisir la Commission européenne pour « renforcer la transparence dans la gestion » de la ressource halieutique.
Confrontation des méthodes de communication
L’opération de Michel Barnier demeure participative, invisible pour le grand public et complexe en raison de la multiplicité des acteurs mobilisés tandis que l’intervention du chef de l’Etat est individuelle, simple, directe, médiatique et polémique.
L’attitude de l’ex Commissaire européen est jugée comme une tentative personnelle de travailler son propre réseau bruxellois tandis que la stratégie en deux temps du chef de l’Etat est analysée comme une prise de parole malheureuse, coûteuse en termes de soutien à l’échelle européen avant une mise au point plus classique et consensuelle.
Entre action de fond reposant sur le débat entre responsables et logique de position créant de la polémique médiatique, la communication française sur l’Europe cherche ses marques…