Communication européenne : quelle est la doxa à démythifier ?

Toute une série de préjugés ou d’idées préconçues polluent toute réflexion honnête sur la communication européenne. Quelle est la doxa, l’opinion généralement admise, quoique fausse, à démythifier ?

Idée reçu n°1 : l’UE souffre d’un déficit démocratique, cause d’un défaut de communication

Alors que tout va mal entre les Européens, l’idée la plus facile à croire consiste à considérer l’origine de tous les problèmes dans la communication inefficace de l’UE.

De plus en plus, la communication est dorénavant considérée comme la source de tous les maux de l’UE. Derrière le discours dominant sur le déficit démocratique de l’UE se cache l’illusion que l’UE souffrirait d’un déficit communicationnel à la racine du tassement de la confiance dans les institutions européennes.

Un tel raisonnement démontre non seulement une croyance démesurée dans les effets de la communication, mais permet, en outre, d’occulter les causes plus profondes des problèmes de la construction européenne.

Non seulement le déficit démocratique de l’UE est largement disproportionné, si l’on compare les règles nationales et européennes en matière de contrôle ou de transparence, mais surtout le défaut de communication de l’UE n’est que la surface émergée de l’iceberg si l’on prend en compte tous les problèmes auxquels est confronté l’UE aujourd’hui.

Idée reçue n°2 : l’accès à l’information européenne, solution à tous les problèmes

A l’inverse, l’autre croyance largement répandue consiste à considérer que l’information est la seule et unique clé du fossé entre l’UE et les citoyens européens.

Mais, informer sur l’Europe ne devrait pas se résumer à de la communication persuasive en cas de crise ou de polémique, ni se fonder sur l’idée que plus un citoyen sera informé, plus il sera favorable aux orientations de la construction européenne ou aux décisions prises par l’UE.

Quoique l’information européenne soit réservée à une audience limitée, de caractère élitiste ; elle ne conditionne pas, loin s’en faut, le degré d’adhésion au projet européen. Bien au contraire, peut-être si l’on prend en compte tous les « scandales » qui émaillent l’actualité des institutions européennes.

Idée n°3 : la citoyenneté européenne, la clé du sentiment d’appartenance à l’UE et de la participation électorale aux élections européennes

Dernière idée largement partagée, et pourtant inexacte ou incomplète, la citoyenneté européenne serait l’alpha et l’omega de la communication de l’UE.

Là encore, sans être totalement fausse, cette idée induit en erreur, en laissant à penser que la communication européenne devrait quasi exclusivement se concentrer sur les enjeux de citoyenneté.

Or, la construction européenne n’est pas qu’un guichet qui ouvre des droits. Réduire le projet européen aux élections européennes, c’est un peu comme réduire ce qui fait de chacun d’entre nous un citoyen national au fait de participer aux élections nationales. Ce n’est vraiment pas le plus attractif dans le contexte actuel de défiance généralisée envers la politique.

Une idée simple et séduisante, comme communiquer sur la citoyenneté européenne, peut au final se révéler piégée. L’envie d’être Européen aujourd’hui transcende largement les questions de citoyenneté pour aborder des questions d’identité culturelle, linguistique mais aussi économiques et sociales ou encore sociétales.

Au final, il est d’autant plus important d’avoir les idées claires aujourd’hui que malheureusement les bonnes idées pour faire réussir la communication européenne se raréfient.

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