Une « Master Class », mardi 25 octobre, s’est intéressée – en présence notamment d’Anthony Lockett, chargé de communication à la Commission et Loïc Nicolas, docteur en langues et lettres, spécialiste de la rhétorique politique et institutionnelle – aux enjeux de la communication publique de l’Union européenne. Sur quel récit l’Europe doit-elle se baser pour communiquer ?
La rhétorique de l’UE a besoin de plus d’éloquence et de proximité
Selon Loïc Nicolas, il faut que l’UE prenne place dans l’imaginaire collectif des États-membres et de leurs citoyens alors qu’il constate la quasi absence des questions européennes dans les médias nationaux des États-membres. L’UE ne peut pas continuer à faire du « top-down », elle se doit de replacer sa politique au niveau local pour lui donner plus de proximité.
Deuxième impératif, il faut persuader, c’est-à-dire admettre le caractère discutable et réfutable du discours. Il ne suffit pas d’expliquer l’Union européenne pour susciter l’envie d’y adhérer : un fait ne parle pas s’il n’est pas mis en écrit. La formation et l’information ne suffisent pas, il s’agit de convaincre avec plus d’argumentations.
La communication de l’UE doit combiner information, émotion, implication et mobilisation
Pour Anthony Lockett, il faudrait davantage d’information, d’émotion, d’implication et de mobilisation :
- Information : en Europe, le Royaume-Uni est l’Etat-membre le moins informé (9%) sur les investissements de l’UE – on peut constater aujourd’hui les dégâts d’un déficit d’information sur la durée ;
- Emotion : informer avec émotion revient aux représentants des Institutions plutôt qu’aux institutions elles-mêmes – on peut mesurer le chemin à parcourir compte-tenu des scandales qui touchent tour à tour les membres de la Commission : Barroso, Oettinger, Kroes…
- Implication : investir dans les technologies ne doit pas occulter l’humain et l’importance du contact en face à face – on peut s’inquiéter de l’immensité du chemin à parcourir à l’échelle d’un continent de 450 millions d’Européens ;
- Mobilisation : pour porter l’histoire de l’UE, il faut des gens crédibles avec des réseaux, pas seulement les représentants des Institutions – on peut regretter la faiblesse des médiateurs naturels (journalistes, responsables locaux, enseignants).
Au total, le récit sur l’Europe doit se refonder aux antipodes de la communication de l’UE actuelle, à savoir le moins institutionnel et explicatif et le plus émotionnel et expérientiel possible.