Alors que les discours sur l’Europe du président de la République entre Athènes, La Sorbonne, Strasbourg et Aix-la-Chapelle s’enchaînent, que peut-on en dire à partir d’une analyse sémantique…
Le discours à la Pnyx, Athènes le jeudi 7 septembre 2017 : la souveraineté européenne
Présenté par France Culture comme le « discours lyrique à la résonance démocratique », l’analyse sémantique montre que le thème de la « souveraineté » est abondamment abordé, tandis que « démocratie », « peuple-s » et « culture » sont également très présents. Parmi les verbes les plus cités, « retrouver », « construire », « défendre », « refonder » ou « retrouver » tracent un enracinement dans le passé, marqué également par l’usage de « patrimoine » et « histoire ». Enfin, les valeurs comme « ambition », « confiance », « liberté », « force », « responsabilité », soutenues par « choix », « promesse » et « miracle » peuvent nourrir la vision lyrique du 1er grand discours présidentiel sur l’Europe.
Le discours à la Sorbonne, Paris le mardi 26 septembre 2017 : l’ambition d’une politique européenne
Présenté par France Culture comme le « discours aux promesses substantielles », l’analyse sémantique place les termes de « politique », d’« ambition », de « France » et de « pays » parmi les plus utilisés. Parmi les verbes les plus cités, « devons », « faire », « souhaite », « construire », « faut », « veut », « propose » ou « avancer » place le propos dans une dimension plus immédiate dans le présent. Les sujets sont plus concrets avec « marché », « projet », « numérique », « solidarité », « sécurité » ou « frontières », voire « budget » et « taxe ». Enfin, le terme « aujourd’hui » ou « moment » revient ainsi que « commun », « ensemble » et sans oublier l’apparition d’« élections ».
Le discours au Parlement européen, à Strasbourg, le mardi 17 avril 2018 : la synthèse entre souveraineté et démocratie européennes
Présenté par France Culture comme le « discours aux propositions visionnaires », l’analyse sémantique place à quasi égalité les thématiques de « souveraineté » et de « démocratie » dans une sorte de synthèse. Les verbes principaux oscillent entre « nous devons » et « je veux » ainsi que « venir » et « vivre ». Plusieurs nouveautés apparaissent autour de la notion de « débat », avec « peuples » et « concitoyens » d’une part, ainsi que « contexte » et « compromis » d’autre part illustrent la dimension plus dialectique entre grands principes et réalités.
Le discours à Aix-la-Chapelle, le jeudi 10 mai 2018 : le choix du franco-allemand
Présenté par France Culture comme le « discours de la concrétisation » puisque prononcé à l’occasion de la remise du Prix Charlemagne, l’analyse sémantique distingue clairement ce discours par la présence significative des termes « Allemagne » et « France » ainsi que « politique » et « choix » devant « souveraineté », « règles » ou « réformes ». Les verbes les plus cités sont « crois », « décider », « battre », « porter » qui indiquent une certaine résolution. Enfin, les termes s’équilibrent davantage, s’ancrent encore davantage dans le réel entre d’une part, « peur », « risque », « crise » et « doute » et d’autre part, « force », « paix », « volonté », « capacité », « rêve », « sécurité » et « unité » ; sans oublier l’apparition de l’enjeu du « climat ».
Au total, l’enchaînement des discours présidentiels sur l’Europe, sous l’angle de l’analyse sémantique, montre un cheminement intellectuel d’une vision très conceptuelle autour de la souveraineté européenne d’une Europe idéelle sinon idéale à un discours plus équilibré entre le souhaitable et le possible, rationnel, raisonné, sinon raisonnable sur l’Europe. Une image pour illustrer ce cheminement : l’entrée progressive d’une fusée dans l’atmosphère.