Pourquoi l’Union européenne a-t-elle une si mauvaise réputation ?

Partout en Europe, l’argent de l’UE s’écoule de Bruxelles en milliers de projets et d’idées. Mais personne ne le remarque, et surtout ne lui crédite. Quelles sont les plaies de la réputation de l’Union européenne ?

Leadership : à la recherche du récit perdu

Selon une analyse éclairante dans le Spiegel (en anglais), « certains des plus mauvais conteurs se trouvent à Bruxelles et dans les capitales européennes. Chaque année, ils remplissent des bibliothèques entières de documents, mais les textes sont généralement si incompréhensibles, si brouillés par des notes de bas de page, des renvois et du jargon que personne ne peut comprendre ce qui s’est passé jusqu’à présent. Et personne ne peut dire ce qui se passe maintenant, non plus. Quand à comprendre l’avenir… ».

Le narratif de l’Europe est au point mort alors qu’en mars – 60ème anniversaire de la signature du traité de Rome – l’UE est censée célébrer le début de l’aventure européenne. Le projet Europe fonctionne depuis des années, et il semble aujourd’hui qu’une majorité dans les sociétés et les médias croient que l’Union européenne appartient « aux poubelles de l’histoire ».

Dans la recherche d’un autre récit de l’Europe, « l’ère des brochures sur papier glacé est terminée. » Personne ne veut entendre des discours laudateurs sur l’UE. Il est enfin temps de mettre un terme aux dévotions. Les bons vieux appels n’ont jamais semblé plus creux qu’aujourd’hui. Les grands discours ont tous été donnés. Nous n’avons plus besoin d’une Europe de haut en bas, mais d’une Europe de bas en haut.

Et le Spiegel de constater qu’« il y a beaucoup d’endroits pour commencer l’autre histoire européenne. Elle est riche et colorée, mais elle est aussi tellement discordante et diverse qu’il est presque impossible de créer un récit unique et convaincant.

Gouvernance : autant en emporte le « blame game »

Beaucoup de gouvernements nationaux n’ont pas honte de bloquer activement les compromis lors de réunions à Bruxelles, pour rentrer chez eux et ridiculiser l’UE pour son incapacité à faire des compromis.

Les mêmes gouvernements qui jouent un rôle clé dans la définition du destin de l’Europe en tant que membres du Conseil européen parlent de Bruxelles comme d’une puissance étrangère sur laquelle ils n’ont aucune influence. C’est une situation intenable.

La volonté de réforme de Jean-Claude Juncker relative à la comitologie est salutaire. Il est plus que temps de forcer les gouvernements à endosser publiquement des compromis actuellement négociés en catimini ou pire défaussés sur les épaules fragiles mais accommodantes de la Commission européenne.

Performance : au coin de la rue, l’Europe… et l’indifférence et la non reconnaissance

Même si l’Europe travaille sans relâche partout pour atteindre ses objectifs, au point de faire partie de notre quotidien, d’être un acteur indispensable même dans les coins les plus reculés du continent, elle est restée néanmoins une entité éloignée et impopulaire et ses succès demeurent invisibles.

Supposément hors de contact avec ses citoyens, l’Europe est en fait à chaque coin de rue, et pourtant la plupart des passants l’ignorent systématiquement.

Alors qu’il n’y a aucune branche de la politique et aucun segment de la société sans un programme de subventions de l’UE – qui n’est d’ailleurs débloqué qu’avec l’accord des Etats – il y a une barrière émotionnelle collective contre l’idée de penser l’argent de Bruxelles comme une bonne chose, contre la pensée que cette Europe est une bonne chose, contre la reconnaissance des valeurs de l’UE comme les nôtres.

Participation : l’expérience européenne, comme remède ?

Conclusion du Spiegel, pour obtenir de nouveaux partisans, l’UE doit probablement se concentrer moins sur la diffusion d’argent en Europe et plus sur l’envoi de personnes autour du continent.

C’est lorsque l’expérience de l’Europe devient personnelle et sensible que le récit européen devient positif et attribué à l’UE. L’Europe doit aller au peuple. 

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