Quelques jours après le choc de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, l’heure est l’analyse de la situation.
Une certitude : la pression sur « l’anti-marque UE » ne fait que commencer
La stratégie du silence, adoptée par la Commission européenne, aura été suicidaire. De même que la faiblesse des arguments « raisonnables » du Bremain face aux simplifications et à l’appel aux émotions des Brexiters.
L’échec du référendum, c’est aussi l’échec de la manière de communiquer sur l’Union européenne. Comme le dit Georges Lewi : « Ceux qui gagnent la bataille de la communication sont toujours (on peut le regretter) ceux qui simplifient à l’extrême et qui « construisent un ennemi » ». Face à tous les anti-Europe qui viennent de remporter un combat contre un ennemi à abattre, les pro-Europe ont rendu les armes faute de vision, d’ambition au-delà du statuquo, des contraintes et de l’ennui.
Et la pression sur cette « anti-marque UE » répulsive qui révulse les peuples n’est pas prête de s’arrêter dans les autres Etats-membres. Tant que le sentiment d’appartenance, l’identité européenne, les valeurs, notamment de solidarité ne seront que des incantations sans fondement auprès des citoyens, le projet européen – aujourd’hui fragilisé – restera superficiel.
Une nécessité : le récit européen doit se réinventer
L’urgence aujourd’hui est de parvenir à inventer un futur attractif, protecteur et soutenable pour l’UE. Le Brexit sonne la « fin d’une Europe idéalisée » selon contexte.com qui invite à combler, enfin et vraiment, « le fossé creusé entre ceux qui font l’Europe sans l’expliquer et ceux qui y vivent sans la comprendre ».
La nouvelle pensée unique, ce n’est plus le consensus permissif de l’intégration européenne d’une union sans cesse plus étroite. Aujourd’hui, la doxa, c’est le « moins d’Europe pour mieux d’Europe » : « faire le ménage pour créer une Union plus modeste mais plus efficace et surtout plus sympathique » selon Libération.
La politisation de l’UE a été un fourvoiement qui au lieu d’être entendu comme la promesse de nouveaux projets d’avenir s’est traduit en fait en basse politique. L’UE est devenue la marge d’ajustement des ambitions personnelles des leaders politiques européens.
Un espoir : la prise de conscience qu’il faut vite des actes
Seule éclaircie dans le ciel assombri et gris de Bruxelles, la prise de conscience possible des responsables politiques que l’Europe, telle qu’elle fonctionne actuellement, va tout droit dans le mur.
Le propos de Jean-Claude Juncker lors de sa prise de fonction de « Commission de la dernière chance » n’a jamais été aussi juste et d’actualité. Si l’UE ne parvient pas à obtenir des résultats tangibles, souhaités et appréciés par les Européens, la construction européenne est sérieusement remise en cause, et l’absence de résultats donneraient des arguments pour ouvrir la boîte de Pandore de référendums en série.
Au total, le Brexit peut à la fois représenter l’opportunité d’un électrochoc salutaire, tant attendu pour l’UE tout autant qu’une menace de plongée dans l’abime.