Construire l’espace public européen et un public d’Européens ne devrait constituer que l’ultime finalité de toute la communication européenne. En même temps, faire passer dès à présent via les médias nationaux ou sociaux des messages sur l’Europe devraient justifier tout euro dépensé en communication européenne. Alors, quel est le chantier le plus prioritaire ?
À long terme, la construction de l’espace public européen est le seul chantier qui compte
Sans la possibilité de s’adresser à tous les Européens, la construction européenne ne sera pas pleinement réalisée, et ne sera pas non plus démocratique. Même si l’espace public européen est une réalité théorique et disons intellectuelle à l’heure actuelle, la communication européenne devrait se consacrer à son développement et à sa réalisation.
Du coup, le seul chantier prioritaire devrait être de favoriser l’émergence d’une conscience européenne parmi les Européens, afin que chacun des habitants de l’espace Europe puissent adopter des opinions européennes et participer en connaissance de cause à la vie démocratique européenne.
Un tel chantier devrait alors se traduire par une série d’actions, qui ne sont pas à proprement parler des actions de communication, mais qui permettent de créer les conditions favorables à la communication de l’UE :
D’une part, des projets et initiatives en matière d’éducation civique européenne et de « citoyenneté active » qui se traduisent par des programmes – en ligne ou entre Etats-membres – de formations et d’expérimentation de démocratie participative.
D’autre part, des moyens pour favoriser des médias paneuropéens véritablement grand public et indépendants, comme peut le faire actuellement l’UE en finançant des projets comme Euronews, Euranet et d’autres initiatives journalistiques transfrontalières et européennes.
À court terme, la communication de messages sur l’Europe est le seul chantier qui importe
À l’échelle du continent, pour véritablement peser sur les orientations politiques en matière européenne choisies lors des élections nationales et européennes par les électeurs, seule une communication sur les enjeux et les conséquences des actions en cours importe pour faire la différence ici et maintenant.
Logiquement, le chantier prioritaire de la communication de l’UE aujourd’hui consiste à parvenir dans les meilleurs délais et avec les meilleurs résultats à s’adresser au plus grand nombre d’Européens pour les sensibiliser à la réalité de la construction européenne, sous un angle de vue européen et non national afin de leur permettre de juger s’il faut plus ou moins d’Europe sur différents dossiers.
Compte tenu de l’effort à y consacrer, la priorité de la communication européenne s’oriente naturellement vers des arbitrages, en particulier budgétaires, au bénéfice d’une vaste campagne de communication paneuropéenne grand public.
Mais alors, en période de crise comme maintenant, faut-il et comment concilier ces deux projets prioritaires ?
Puisque le chantier de long terme, i.e. la construction de l’espace public européen, se fait sans action de communication à proprement parler, le chantier prioritaire doit porter au plus vite sur la communication d’envergure et d’impact auprès des Européens.