Tandis que la fête de l’Europe vient de se dérouler dans la quasi-indifférence générale – l’opération « portes ouvertes » dans les institutions européennes à Bruxelles a attiré « plus de 18.000 visiteurs » selon Euronews, soit moins que le nombre de fonctionnaires européens sur place – l’Union européenne semble n’avoir jamais été autant déconnectée des citoyens. A un an des élections européennes qui s’annoncent comme un cauchemar civique, sinon politique, comment reconnecter le projet européen avec les citoyens ?
Etape 1 : redonner de l’intérêt au projet européen en captant l’attention et en sensibilisant en priorité les démultiplicateurs d’opinion
Puisque l’objet « Europe » est de plus en plus largement déconsidéré par l’opinion, il faut abandonner l’idée d’aborder de manière frontale les affaires européennes mais plutôt compléter chaque sujet d’actualité déjà porté à la connaissance de l’opinion par une dimension européenne informative et explicative.
Lorsque l’attention du public – et notamment des publics qui à titre professionnel ou amateur sont capables de porter auprès de leurs audiences – est captée par un sujet (faits divers, culturels ou politiques), la communication européenne devrait viser au travers de « facts » et de « data » à enrichir l’actualité avec des informations factuelles et chiffrées aisément compréhensibles et résolument européennes.
Concrètement, les efforts de communication européenne devraient se montrer plus opportunistes, c’est-à-dire à la fois choisis de manière pragmatique en fonction des agendas médiatiques nationaux et en même temps moins UE-centriques afin que les messages européens soient susceptibles de gagner en visibilité et en efficacité.
Etape 2 : accompagner le citoyen européen en développant ses capacités d’expression de préférences
Dès lors que le « supplément » européen vient compléter l’information reçue par le public, il faut proposer une expérience qui permette à chaque citoyen de formuler des jugements fondés pour des solutions pour l’action publique européenne.
La discussion ne peut pas porter sur le meilleur modèle de construction européenne ou a fortiori sur les évolutions institutionnelles souhaitables – sauf à la réduire aux deux polarités mobilisées (pro et anti) mais sur des aspirations relatives à des enjeux du quotidien ou liés à des valeurs.
Concrètement là encore, les efforts de communication européenne en vue des élections européennes ne devraient pas reposer sur des dialogues spéculatifs et arbitraires sur l’avenir de l’Europe mais plutôt sur l’accompagnement des citoyens dans l’expression de préférences simples et concrètes sur des réalités européennes.
Etape 3 : donner du poids à la participation des citoyens européens en particulier sur les programmes des candidats
Dès lors que la formulation de préférences par les citoyens européens est canalisée en apportant les moyens de forger une opinion éclairée de manière autonome et rapide, cette démarche ne peut se justifier que si elle impacte réellement le processus électoral.
Autrement dit, toute sollicitation du public européen – dans une forme autre que la démocratie représentative traditionnelle – ne peut reposer que sur un contrat explicit entre les citoyens et les candidats. Selon des modalités allant de la simple consultation à la quasi co-décision des programmes électoraux, l’engagement réciproque des deux parties (citoyens et candidats) doit permettre de reconnecter les projets d’avenir européens avec les aspirations et préférences des citoyens.
In fine, la capacité à reconnecter la construction européenne avec le public repose sur un double engagement : de véritable « empowerment » pour les citoyens afin qu’ils et elles puissent pleinement participer en toute connaissance de cause aux futures décisions et de véritable « accountability » pour les institutions et les politiques qui respectent davantage de transparence et de contrôle.