Ce matin, les étudiants du master « Communication Politique et Sociale » ont organisé au Sénat un « Petit-déjeuner Débat de la Sorbonne » sur le thème « Et si l’Europe était une marque… » (voir le dossier de presse)…
Intervention de Noëlle Lenoir, ancien ministre des Affaires européennes : « l’Europe n’est pas populaire parce qu’elle ne parle pas au cœur »
Le constat sur la « fracture européenne » demeure :
- l’Europe est perçue comme élitiste et suscite des réactions populistes ;
- l’Europe déploie une transparence technocratique et non démocratique ;
- l’Europe est le bouc-émissaire facile des responsables politiques nationaux ;
- l’Europe est frappée par l’insuffisant leadership institutionnel.
Pourtant, l’Europe est un héritage porté par une mémoire collective forte et un destin séculaire qui réalise de nombreux projets.
Quels sont les vecteurs d’une meilleure communication ?
- l’éducation pour donner les moyens de décoder les messages ;
- la formation, notamment dans les écoles de journalisme ;
- la télévision pour toucher la population ;
- l’Internet, espace sans frontière géographie et sans barrières sociales.
S’il fallait donner une promesse à l’Europe : « tous ensemble en avant » pour faire vivre les valeurs de solidarité et de fraternité.
Intervention de Fabienne Keller, Sénateur du Bas-Rhin : « ce qui est acquis en Europe n’existe plus »
Pour les citoyens, l’acquis de la construction européenne est oublié dès qu’il n’est plus menacé.
L’Europe, c’est comme le vélo, si l’on arrête, on tombe.
S’il fallait une promesse ? La mobilité heureuse : les gares sont les lieux où l’on s’embrasse le plus.
Intervention de Nicolas Vanbremeersch (Versac) : « s’abriter derrière les marques des programmes concrets pour communiquer des expériences fortes »
Retour sur les fondamentaux du marketing pour décrypter la « marque Europe » :
- l’objectif d’une marque, c’est de fabriquer une différence : pour l’Europe, quelle est-elle ?
- le bénéfice d’une marque, c’est de créer du lien : pour l’Europe, quel est-il ?
- l’utilité d’une marque, c’est de rassurer et de se reconnaître, quid pour l’Europe ?
Quelles solutions ?
- développer un nouvel imaginaire autour de l’Europe qui protège pour fédérer les Européens ;
- développer un réseau d’utilisateurs de l’Europe autour d’une expérience forte telle que la mobilité ;
- développer une communication concrète autour des programmes plutôt qu’autour des valeurs.
Intervention de Renaud Soufflot de Magny, Chef de la représentation permanente de la commission européenne à Paris : « réfléchir sur le « branding » de l’Europe pour réconcilier les Européens avec l’UE »
Les enseignements des Eurobaromètres :
- il n’y a pas d’europhobie mais de l’indifférence, sauf chez les plus jeunes et les plus âgés ;
- si l’Europe était une personne, elle serait un Monsieur bedonnant qui radote pour les femmes mais un adolescent qui se cherche pour les hommes.
Les pistes de la communication européenne :
- changer d’attitude : cesser de rougir sans cesse, mais s’affirmer ;
- accepter la différence entre les temps des médias et du politique et arriver à dramatiser les processus institutionnel ;
- composer avec la culture du consensus, forte au sein des institutions ;
- se montrer modeste (la Commission européenne dispose d’une budget de 50 cents par citoyens et par an) ;
- jouer avec les démultiplicateurs d’opinion, que sont les responsables politiques ;
- personnaliser les prises de paroles, notamment à l’échelle locale ;
- revitaliser avec davantage d’émotion, comme avec le clip « let’s come together ».
La promesse de l’Europe ? Sa devise : « Unie dans la diversité ».
Intervention d’Olivier Le Saec, Professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Lille : « cesser l’approche positiviste de l’utopie d’une communication résolvant tous les problèmes de lien social »
Toute la politique de communication de l’UE repose sur une approche positivisite qui estime que la communication peut résoudre tous les problèmes de lien social.
La communication révèle des problèmes non résolus.
Les Etats-membres, les collectives territoriales, les élus qui ne communiquent pas assez sur l’Europe n’appliquent pas le principe de subsidiarité qui consisterait à ne laisser l’Europe communiquer que quand ils ne peuvent pas le faire.
La promesse de l’Europe : une communauté de destin face au néant.