La crise de la presse gronde, pour ne prendre que quelques exemples français récents :
- le Groupe Le Monde lourdement endetté fait l’objet d’une offre de rachat de Claude Perdriel, propriétaire du Nouvel Observateur et d’une offre d’entrée au capital de Pierre Bergé et Matthieu Pigasse, patron de Lazard France ;
- le président de La Tribune Alain Weil vient de céder 78% du capital du quotidien économique à sa directrice générale Valérie Décamp pour un euro symbolique ;
- Libération, quotidien endetté à hauteur de 12 millions d’euros en 2009, envisage d’augmenter son capital de 3 et 5 millions d’euros.
Les conséquences de la baisse du secteur peuvent être importante sur la démocratie européenne.
Va-t-on assister à un « New Deal » pour sauver la presse : financement de l’Europe aux médias contre meilleure couverture de l’actualité européenne ?
Les propositions d’un rapport du Parlement européen pour améliorer la place des questions européennes dans les médias
Dans une proposition de résolution « sur le journalisme et les nouveaux médias – création d’une sphère publique en Europe » adoptée par la Commission de la culture et de l’éducation du Parlement européen fin mars dernier, le rapporteur Morten Løkkegaard (ancien journaliste et actuellement euro-député danois) formule plusieurs propositions pour améliorer la place des questions européennes dans les médias.
- Meilleure couverture de l’Europe sur la télévision publique : mise en place ou renforcement de chartes des services publics de l’audiovisuel afin de garantir la couverture des questions européennes, en particulier dans les journaux télévisés ;
- Meilleure couverture de l’Europe via des réseaux de radios et de télévisions régionales : poursuite de l’initiative de la Commission relative à la diffusion paneuropéenne de programmes financés par l’UE sur des réseaux radios (cf. le réseau EuraNet) et de télévisions régionales (projet à venir).
- Meilleure couverture de l’Europe par des médias régionaux (PQR) : « des investissements européens peuvent inviter les diffuseurs régionaux à écrire des articles indépendants et critiques sur l’Union européenne ».
- Meilleure couverture de l’Europe dans tous les médias : « des partenariats entre les secteurs privés et publics pourraient être la solution pour communiquer les questions européennes. Cela impliquerait d’inviter des professionnels de l’information à prendre en charge les tâches communicatives de l’Union ».
Ces propositions d’hybridation entre information et communication avec des professionnels de l’information prenant plus ou moins en charge la communication de l’UE sont toutes souhaitées « dans le respect d’une totale indépendance éditoriale ».
Les propositions des syndicats des journalistes européens pour que l’UE soutienne le journalisme comme « bien public »
En réponse à la crise du journalisme en Europe et pour protéger le pluralisme de l’information, les syndicats de journalistes de tout le continent lancent une campagne de presse pour que l’UE soutienne le secteur, selon Phillips Leigh dans un article du 20 avril dernier sur EuObserver.
Lors de sa réunion annuelle à Istanbul, la Fédération européenne des Journalistes a décidé de demander à Bruxelles de répondre à la crise dles revenus des médias, sans que cela puisse souffrir aucun compromis sur l’indépendance éditoriale ou la nécessité d’un journalisme crédible et éthique.
Plus précisément, les syndicats envisagent de faire pression sur la Commission européenne et les députés européens afin de pousser les États membres de l’UE à « ouvrir des débats nationaux sur le renforcement du journalisme comme un bien public », qu’il conviendrait alors de davantage subventionné.
Ainsi, qu’ils s’agissent des dernières propositions émanant des institutions européennes ou des syndicats de journalistes européens, l’idée semble germer que l’UE puisse sauver la presse de la crise avec un « New Deal » consolidant financièrement le bien public d’une presse libre contre une meilleure couverte de l’actualité européenne.