Alors que la fête de l’Europe aurait dû permettre de célébrer, cette année, les 60 ans de la déclaration Schuman – le texte fondateur de la construction européenne – le 9 mai 2010 restera dans l’histoire par la réponse apportée par le Conseil EcoFin à la crise de la zone euro. Que reste-t-il aujourd’hui de la déclaration du 9 mai 1950 prononcée par Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères français, dans le Salon de l’Horloge du Quai d’Orsay, à Paris ?
« L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord des solidarités de fait. » (voir la vidéo de l’INA)
Tant pis, l’occasion de célébrer la « construction d’ensemble » après 60 ans est manquée
N’importe quelle action de communication autour de la commémoration de la déclaration Schuman – quoique fort utile pour faire la pédagogie de la construction européenne : son histoire, ses valeurs, ses politiques… – semble avoir été menée dans la discrétion, sinon l’indifférence :
- Exposition photographique commémorant le 60e anniversaire de la Déclaration Schuman au Quai d’Orsay
- Journée portes ouvertes des institutions européennes à Bruxelles
Ainsi, la fête de l’Europe et de son idéal semble avoir été éclipsé au détriment de toutes les actions empathiques et sympathiques qui avaient été programmées.
Tant mieux, l’occasion d’illustrer les « solidarités de fait » avec la crise de l’euro est inespérée
La réunion du Conseil des ministres de l’Économie et des Finances autour des engagements à garantir la stabilité, l’unité et l’intégrité de la zone euro que Jean Quatremer qualifie de « la « nuit du 4 août » de la zone euro » fait la une de tous les médias et l’intérêt de tous les marchés.
L’obscure déclaration des Chefs d’État ou de gouvernement de la zone euro, publiée très tardivement, marque la volonté et le pragmatisme des autorités européennes pour sauver l’une des principales « réalisations concrètes », l’euro, à travers un mécanisme de prêts et de garanties de plus de 500 milliards d’euros, renouvelant les « solidarités de fait » entre États membres de l’Union.
Ainsi, la déclaration Schuman n’apparaît pas comme un monument de l’histoire mais bien comme une méthode d’action d’actualité.
60 ans après, du rêve des pères fondateurs de l’Europe demeure l’espoir des Européens.