Archives annuelles : 2009

Esquisse d’une stratégie de communication responsable : « sustainable » et « accountable » pour le nouveau président du Conseil européen

Lors du Conseil européen du 19 novembre dernier, la nomination des chefs d’Etat et de gouvernement pour la présidence stable du Conseil européen s’est tournée vers une personnalité politique peu connue du grand public. Ce « choix consensuel de la modestie plutôt que celui courageux de la puissance et de son incarnation », selon Jean-Dominique Giuliani implique pour Thierry Chopin qu’Herman Van Rompuy Van Rompuy sera « un facilitateur de décision ». Qu’en sera-t-il de sa communication ?

Une stratégie de communication institutionnelle trop visible serait contre-productive

Afin de s’imposer dans le système institutionnel de l’Union, la priorité semble d’expliquer exactement ce qu’il fera, avant même peut-être de présenter qui il sera. Pour cela, le Président du Conseil européen doit suivre le traité de Lisbonne qui dispose qu’il :

  • assure la préparation et la continuité des travaux du Conseil européen;
  • œuvre pour faciliter la cohésion et le consensus au sein du Conseil européen.

Cette mission institutionnelle d’organisateur pour mieux faire fonctionner le Conseil européen implique que le Président du Conseil européen cultiver une relative discrétion en se limitant à délivrer aux moment opportuns un message européen clair au nom des Vingt-Sept.

Une stratégie de communication personnelle trop peopilisée serait contre-indiquée

Même s’il faut se garder de tout jugement hâtif sur la personnalité et considérer comme Catherine Trautmann, qu’« il ne faut pas faire « de procès aux personnes »: « pour une présomption de compétence » » pour reprendre un Twit de Jean Quatremer, il est évident qu’une stratégie de communication trop agressive serait contre indiquée.

En revanche, les conseils d’Etienne Augé dans Slate pour moderniser la communication d’Herman Van Rompuy prodigués « dans le seul souci de faire progresser la démocratie » puisque « même s’il n’est pas été élu directement par les Européens, il doit néanmoins leur rendre des comptes » peuvent être judicieux :

  • « Twitter est à déconseiller fortement, personne ne s’intéresse à un compte-rendu en langage texto » ;
  • « un profil Facebook élégamment agencé, avec quelques informations pertinentes et parfois personnelles peut contribuer à rendre plus proche. Facebook permet également de sentir le pouls de la population en recueillant l’avis des internautes. »

Une stratégie de communication « responsable » : « sustainable » pour porter une vision sur le long terme et « accountable » pour rendre des comptes

Entre s’absteindre à un régime d’abstinence médiatique ou verser dans le règne des « petites phrases », la stratégie de communication Président du Conseil européen pourrait être « responsable ».

Responsable au sens de « sustainable » afin de porter une vision de long terme sur les orientations et les projets de la construction européenne.

Responsable au sens d’« accountable » pour rendre des comptes :

  • au Parlement européen comme le dispose le traité de Lisbonne (le président du Conseil européen « présente au Parlement européen un rapport à la suite de chacune des réunions du Conseil européen ») ;
  • aux journalistes et citoyens afin d’assurer le respect des principes démocratiques.

EURES, le réseau européen des services publics de l’emploi : 15 ans, plus de 700 000 offres d’emploi et près de 3 millions de visiteurs mensuels

Créé par la Commission européenne en 1993, EURES est un réseau de coopération entre les services publics de l’emploi de 31 pays européens, dont les 27 États membres de l’UE.

Son but est d’encourager la mobilité géographique de l’emploi en Europe en offrant chaque jour un accès en ligne à plus de 700 000 offres d’emploi.

Le réseau compte 838 conseillers qui fournissent informations, conseils et services de placement aux :

  • citoyens européens qui souhaitent exercer leur droit à la libre circulation ;
  • employeurs qui désirent embaucher des travailleurs d’autres États européens.

Pour le commissaire européen à l’emploi, Vladimír Špidla : « Il est le seul service de l’emploi d’envergure européenne qui mette en relation des demandeurs d’emploi et des employeurs ».

Depuis la survenue de la crise, le nombre de visiteurs du site est passé de 1,5 million en mars 2009 à 2,8 millions en juillet 2009.

Van Rompuy à la tête de l’UE : quels sont les enseignements de cette désignation ?

Alors que le premier ministre belge a été désigné président du Conseil européen (et la Britannique, actuelle commissaire au Commerce, Catherine Ashton, Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité) par les 27 chefs d’État et de gouvernement, quels sont les principaux enseignements de cette désignations d’un « inconnu nommé à la tête de l’Europe », selon Le Monde ?

L’article 9 du traité de Lisbonne dispose que « le Conseil européen élit son président à la majorité qualifiée pour une durée de deux ans et demi, renouvelable une fois. »

« Le président du Conseil européen :

  • a) préside et anime les travaux du Conseil européen ;
  • b) assure la préparation et la continuité des travaux du Conseil européen en coopération avec le président de la Commission, et sur la base des travaux du Conseil des affaires générales ;
  • c) œuvre pour faciliter la cohésion et le consensus au sein du Conseil européen ;
  • d) présente au Parlement européen un rapport à la suite de chacune des réunions du Conseil européen. »

A défaut d’une planification des modalités de nomination, une séquence dominée par l’improvisation

Alors que l’innovation la plus importante du traité de Lisbonne réside dans la création d’une présidence stable au Conseil européen, « la désignation du premier président du Conseil européen va se faire dans l’improvisation ! », selon Valéry Giscard d’Estaing « Quand l’Union européenne improvise » dans Le Point.

Aucune réponse n’a été apportée aux questions suivantes :

  • Doit-on faire acte de candidature ?
  • Les candidats ont-ils des conditions à remplir : avoir siégé dans les institutions européennes, appartenir à un État membre qui applique toutes les politiques de l’Union ?
  • Ces candidatures doivent-elles être accompagnées d’un élément de programme ?
  • Le Conseil auditionnera-t-il les candidats avant de faire son choix ? Fera-t-il appel aux sondages de l’Eurobaromètre pour tester les réactions des citoyens sur les noms cités ?

A défaut d’une présentation de l’utilité du poste, une réflexion limitée au portrait robot

Alors que le débat sur la nouvelle architecture institutionnelle de l’Union soulève des enjeux considérables, selon Jacques Delors « Oui à un chairman, non à un executive président » dans Challenges :

  • faut-il que le président permanent se conduise comme un chairman, c’est-à-dire s’efforce d’améliorer le processus de décision de l’Union en proposant des priorités au Conseil européen et des options claires à trancher, au besoin par vote, puis en s’assurant de leur correcte et loyale mise en œuvre ?
  • s’agit-il d’une sorte d‘executive président concurrent du Président de la Commission, institution qui reste une pièce centrale de la méthode « communautaire » ?

La réponse sur le rôle du futur président du Conseil européen – un « facilitateur » ou le véritable n°1 de l’UE – dépend en grande partie de la personnalité de celle ou celui qui exercera pour la première fois la fonction : « la personne qui obtiendra le poste façonnera son rôle, plus que la description du poste ne le fait », selon Luuk van Middelaar, dans NRC.

A défaut d’une compétition entre programmes, un traitement médiatique concentré sur les négociations entre capitales

Alors que l’ambition de l’Europe pouvait être de « donner une voix et un visage à l’Union européenne », de « choisir un « George Washington pour l’Europe », i.e. l’homme le plus célèbre du continent.

Aucun candidat n’a vraiment fait campagne dans les médias. Pire les journalistes se sont attachés à décrypter l’alchimie de la décision reposant sur des critères géographique (Nord/Sud), de taille (grand pays/petit pays), d’ancienneté (les nouveaux États membres/les États fondateurs), de couleur politique (centre-droit)…

A défaut d’une mobilisation populaire des citoyens autour des personnalités candidates, une offensive des leaders d’opinion pour la parité

Seule réussite de la campagne, l’engouement pour l’ »outsider » Vaira Vike-Freiberga, promouvant un mouvement de féminisation des institutions communautaires et soutenu par :

  • la fondation Robert Schuman avec un plaidoyer de Jean-Dominique Giuliani le 7 novembre et un site de soutien : unepresidentepourleurope.eu mis en ligne le 4 novembre ;
  • Simone Veil dans Le Figaro du 12 novembre « Conseil européen : pourquoi je soutiens Vaira Vike-Freiberga » ;
  • Jean Quatremer dans un billet du 16 novembre « Vaira Vike-Freiberga for président! Yes, they can! » ;
  • Margot Wallström Vice Présidente de la Commission européenne lors d’une conférence le 19 novembre « Atteindre la parité: un moment de vérité pour la démocratie européenne ».

Ainsi, la désignation du président du Conseil européen soulève de nombreuses réserves, que seule la pratique du nominé pourra lever.

Quelle communication autour de la « Journée européenne d’information sur les antibiotiques » ?

Organisée depuis plusieurs années dans les États membres par le centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies, la Journée européenne d’information sur les antibiotiques a eu lieu le 18 novembre 2009…

Quels objectifs pour les Journées européennes d’information sur les antibiotiques ?

Les objectifs généraux de l’opération visent à :

  • sensibiliser sur le bon usage des antibiotiques afin de promouvoir l’utilisation responsable des antibiotiques ;
  • faire prendre conscience de la menace que constitue la résistance aux antibiotiques en termes de santé publique.

En 2009, les objectifs spécifiques se concentrent sur le rôle des prescripteurs de soins primaires (cf. les médecins généralistes comptent pour 80-90% de toutes les prescriptions d’antibiotiques) dans la promotion du bon usage des antibiotiques, avec une attention particulière sur les infections des voies respiratoires comme le rhume et la grippe.

Quels messages clés destinés au grand public pour la Journée européenne d’information sur les antibiotiques en 2009 ?

Les antibiotiques ne sont pas la solution pour les infections dues à des virus, comme c’est les rhumes ou la grippe. Les antibiotiques sont efficaces uniquement contre les infections bactériennes.

Les antibiotiques doivent être pris de manière responsable, en respectant la posologie. La prise d’antibiotiques à tort ou de manière inappropriée peut permettre aux bactéries de développer des résistances.

La préservation de l’efficacité des antibiotiques est l’affaire de tous. Si nous continuons à consommer des antibiotiques au rythme actuel, l’Europe pourrait connaître un retour à l’ère pré-antibiotique, où la moindre infection bactérienne, pouvait être fatale.

Quels outils de communication auprès du grand public pour la Journée européenne d’information sur les antibiotiques en 2009 ?

Les actions de l’UE réalisées par le centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC) :

  • Un site dédié à l’opération : www.antibiotic.ecdc.europa.eu ;
  • Une fiche d’information pour le grand public ;
  • Un film institutionnel : 5 minutes sur la menace de la résistance aux antibiotiques et les stratégies de préservation de l’efficacité des antibiotiques pour les générations futures.

Les actions en France réalisées par l’Association française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) :

Pour en savoir plus sur « Comment protéger ses enfants des dangers en ligne en 2023« .

Au-delà, tous les pays européens participent par leur communication au succès de cette journée européenne sur le bon usage des antibiotiques.

Eurobaromètre : quelles leçons après le second référendum irlandais ?

La Commission européenne publie une enquête Eurobaromètre Flash EB Spécial 284 réalisée après le second référendum irlandais sur le traité de Lisbonne en octobre 2009 sur la « façon dont les gens ont voté et pourquoi ».

Principaux objectifs de l’Eurobaromètre sur le second référendum irlandais :

  • comprendre les espoirs et les préoccupations des irlandais ;
  • comprendre les motivations des électeurs dans les deux camps ;
  • évaluer les campagnes rivales du « oui » et du « non » ;
  • explorer les raisons des changements dans les votes par rapport au précédent référendum sur le même sujet tenu en juin 2008.

Principaux résultats de la campagne sur le second référendum irlandais :

  1. Les performances de l’économie irlandaise ont été très importantes pour tous les « électeurs du oui », et notamment pour ceux qui sont passés du « non » au « oui » ou « ne sait pas» à « oui ».
  2. Le changement de soutien des femmes parmi les électeurs a été très significatif : 66% des femmes ont voté « oui » en 2009, comparativement à 44% en 2008. Les campagnes de sensibilisation à l’électorat féminin semblent avoir réussi.
  3. Le niveau accru d’information sur le Traité est remarquable : seulement 4% des électeurs en 2009 ont dit qu’ils manquaient d’information, alors qu’en 2008, le pourcentage était de 22%.
  4. Hormis les femmes, l’augmentation du soutien à la campagne du « oui » a été la plus marquée dans les catégories de personnes qui ont étudié dans l’enseignement supérieur (jusqu’à 24%) et parmi les travailleurs manuels (27%), ces derniers étant les plus sensibles à la crise économique.
  5. La crédibilité de la campagne du « oui » a été améliorée de façon spectaculaire, comme en témoignent les résultats du référendum : 67% des électeurs sont d’avis que la campagne du « oui » avait été la plus efficace en 2009 alors que le même pourcentage pense que la campagne du « non » l’avait été en 2008.

Focus sur l’information des électeurs sur le traité de Lisbonne

Canaux d’information

Les répondants ont utilisé des canaux similaires pour rechercher des informations concernant le Traité en 2008 et 2009 :

La TV était le canal le plus fréquent (61% en 2008 et 65% en 2009) suivie par les journaux (33%, 48%), la radio (25% 39%) et Internet (16%; 13%).

Sources d’information

Dans les deux campagnes, les électeurs dépendaient de sources d’information similaires.

Le gouvernement irlandais fourni l’essentiel des informations pour les deux référendums (54% en 2008 et 37% en 2009). La proportion de répondants qui ont mentionné des partis politiques est resté stable (28% vs 29%). En 2009, des sources informelles telles que la famille et des amis sont devenues plus importantes (34% vs 22%).

Principaux enseignements pour Margot Wallström, vice-président de la Commission européenne, chargée de la communication

Dans un discours à l’Institut irlandais des Affaires européennes, le 17 novembre 2009, la vice-présidente chargée des relations interinstitutionnelles et de la stratégie de communication estime qu’avec les deux référendums irlandais : « il y a un besoin clair pour nous tous de mieux communiquer sur l’Union européenne sur une base constante et pas seulement au moment des élections ou de référendum. Il est essentiel d’impliquer la société civile dans le débat et que les gens comprennent ce que l’UE est et ce qu’elle fait ». Une leçon pour son/sa successeur(e).