Qui doit-on croire entre les rédactions qui affirment que le public n’est pas intéressé par l’Europe ou les Français interrogés dans les enquêtes d’opinion qui réclament plus d’Europe dans les médias ? Des éléments d’analyse par Eddy Fougier, dans : « Les Français et la télévision face à l’Europe : le grand malentendu? »
La soif d’information des Français sur l’Europe
Dans l’Eurobaromètre 178 « Quelle Europe ? La construction européenne vue par les Français « , réalisé en janvier 2006 par la Commission européenne, « 80% des Français souhaitent une plus ample couverture de l’Union européenne par les médias. »
Dans l’Eurobaromètre 189a « La communication de l’Union européenne et les citoyens », réalisé en septembre 2006 : « 85% des Français interrogés considèrent qu’il est important d’être informé sur la politique et les affaires européennes, contre 14% qui pensent le contraire. Ce résultat est l’un des plus élevés de l’Union et supérieur à la moyenne européenne (81%). »
La » mal-information » des Français sur l’Europe : une information insuffisante et peu compréhensible
Les Français ne s’estiment pas pour bien informés sur les enjeux européens :
- En 2006, ils étaient les plus nombreux à estimer que la quantité d’informations fournies par les médias de leur pays sur l’Union était insuffisante : 72% contre 62% en moyenne.
- En 2006, ils étaient les moins nombreux à considérer que les informations qu’ils obtiennent sur l’Europe sont compréhensibles : 43,1%, contre 51,1% en moyenne.
Le rôle central de l’information télévisée sur l’Europe
La télévision est pour les Français la première source d’information médiatique sur l’UE :
- D’une part, la télévision représente la première source d’information des Français.
- D’autre part, les Français utilisent d’abord la télévision pour être informés en matière politique.
Selon l’Eurobaromètre Standard 67, publié en 2007, lorsque les Français interrogés veulent obtenir des informations sur l’Union européenne, ses politiques et ses institutions, ils privilégient comme première source la télévision (55%).
Le faible intérêt des journaux télévisés français pour l’Europe
Le désintérêt manifeste de la télévision française pour l’Europe est particulièrement visible dans les journaux télévisés, qui représentent pourtant pour une majorité écrasante de citoyens :
- « le » rendez-vous télévisuel par excellence, immanquable ;
- « la » source principale d’information sur l’actualité nationale et internationale « .
Ainsi, voir l’étude de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) « L’Europe loin des projecteurs », juin 2008 qui montre un très faible intérêt de la télévision française pour les questions européennes.
Alors, comment comprendre la schizophrénie de l’information européenne en France ?
Du côté des médias, on peut supposer que « les journalistes ont parfois tendance à prêter leurs propres catégories de perception à ceux qui les écoutent, les regardent ou les lisent » et comme ils ne semblent pas manifester eux-mêmes un grand intérêt pour l’actualité européenne…
Du côté des Français, on peut supposer qu’ils sont d’autant plus tentés de reprocher aux médias de ne pas suffisamment parler d’Europe, qu’ils tendent à ne pas leur accorder leur confiance.
Alors comment sortir de ce dilemme ?
Selon Eddy Fougier , « cela passe, entre autres, très certainement par une amélioration de la connaissance des Français, mais aussi des journalistes, sur l’Europe et par une autre façon d’aborder les questions européennes, qui soit davantage en lien avec les préoccupations de l’opinion, donc moins institutionnelle, et en rupture avec le réflexe traditionnel consistant à » nationaliser les réussites et européaniser les échecs » de l’Union ».