Quels sont les travers de la communication européenne ?

Dans la construction européenne estime Amălăncei Brînduşa-Mariana, Manole Victor et Epuran Gheorghe dans « Communication et relations publiques dans l’Union européenne », la communication joue un rôle essentiel : l’espace communautaire se construit par les voies et les réseaux de communication, la prospérité des Etats-membres est assurée par les nouvelles technologies de communication et les Européens peuvent surmonter leurs préjugés culturels à l’aide des échanges. Pourtant, des dangers demeurent…

Les travers d’une société de communication technologique et publicitaire

Faire de la communication une marchandise culturelle dans une société de consommation hyper-technologique en l’abandonnant aux seuls mains des industriels risque de réduire l’UE à un marché dépourvu d’âme et de passion et d’empêcher même l’unification européenne.

Il ne faudrait pas que la vision « technologique » de la communication se traduise par la mort de la communication interpersonnelle due à la communication médiatisée ; par le rapprochement des distances, mais l’éloignement des personnes ; par l’ouverture sur le monde associée à l’isolement devant les écrans ; par l’accès à plus d’informations qui s’avère être en réalité une « désinformation par surinformation » ; par la participation à des événements à grande distance au détriment d’une véritable interaction.

La convergence entre communication technologique et communication publicitaire visible dans les médias ainsi que la globalisation et l’utilisation systématique des nouvelles techniques d’information et de communication ont imposé un certain nivellement des différentes techniques de la communication persuasive, tant pour les acteurs privés que publics, UE comprise.

Les travers d’une communication persuasive plutôt qu’informative

Faire entendre sa voix dans l’espace public se traduit par une présence accrue dans les médias (communication publicitaire, parrainage d’émission, sponsoring), mais aussi par des actions plus « feutrées » notamment auprès des journalistes (relations publiques). Une communication plus discrète, moins directement perçue par le grand public mais qui vise à être tout autant efficace.

Dans l’Union européenne, la communication « informative », plus feutrée, moins tapageuse, pour expliquer le fonctionnement de l’UE tend à marquer le pas face aux attraits tant vantés de la communication « persuasive », entièrement calquée sur la communication lucrative, destinée à « vendre » le projet européen aux citoyens européens.

Les travers d’une communication d’« image »

L’UE emploie de multiples moyens symboliques qui essaient de faire émerger une identité commune, en cherchant à développer une communication imitant le « modèle marchand » de la communication destinée à provoquer une adhésion passive à une image mythique.

Dans cette politique d’image, la Commission s’est mis à recourir, tardivement, certes, mais massivement à la communication publicitaire. Ce choix d’une telle technique persuasive s’explique essentiellement par l’échec de la politique informative, échec qui oblige à confier l’information européenne aux médias et à délaisser le « produit » Europe au profit de « l’image » Europe à travers une communication audiovisuelle à la télévision.

Pourtant, l’appropriation du concept d’« image de marque » par l’UE s’avère, à cause de la rigidité du terme, une communication persuasive contraire à l’esprit ouvert d’une société pluriculturelle. Tenter de créer une « culture européenne » par une technique constitue une erreur de jugement.

Au total, la communication européenne peut sombrer, si l’on n’y prête pas attention, dans les travers de la technologie, de la persuasion et de l’image.

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