Changement climatique : la campagne de communication « Le monde que j’aime », encore une mission impossible pour l’UE ?

En début de semaine, la Commission européenne a lancé une campagne sur le changement climatique : « Le monde que j’aime, le climat qui va avec ». Au vue du contexte de crise et de l’ambition des enjeux, s’agit-il encore d’une campagne de communication vouée à l’échec pour l’UE ?

Le changement climatique : une attention institutionnelle et médiatique réduite mais un problème grave dans l’opinion publique

Certes, après l’échec du sommet de Copenhague – le Flopenhague – cette conférence des Nations Unies sur le changement climatique du 7 au 18 décembre 2009 qui s’est soldée par une simple déclaration politique non contraignante sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’enjeu climatique n’est plus une priorité de l’agenda international.

Le climat n’est d’ailleurs plus une priorité de l’UE avec la gestion de la crise de l’euro et des dettes. C’est n’est plus également un sujet médiatique, comme l’indique la baisse tendancielle depuis 2010 du sujet « changement climatique » dans les news selon Google Trends.

Mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, l’opinion publique européenne estime que le changement climatique est le deuxième problème le plus grave auquel le monde est confronté, devant la situation économique (et après la pauvreté, la faim et le manque d’eau potable), selon l’Eurobaromètre spécial 372 publié en octobre 2011 sur le changement climatique.

Alors, le changement climatique est sans doute un enjeu passé sous le radar, mais si l’attention médiatique n’est plus, l’intérêt des Européens demeure.

La campagne « Le monde que j’aime, le climat qui va avec » : une communication responsable, partenariale et participative

Evidemment, communiquer sur le « monde que j’aime » à l’heure du chômage de masse en Europe, c’est un peu « décalé ». Mais, le raisonnement de la Commissaire chargée de l’action pour le climat, Connie Hedegaard, n’est pas totalement infondé :

Nous avons le choix: nous pouvons soit agir en nous servant de nos connaissances sur le changement climatique, soit rester les bras croisés et regarder la situation se dégrader. Dans les deux cas, il y aura un prix à payer. Alors pourquoi ne pas créer le monde que nous aimons et le climat qui va avec tant qu’il en est encore temps? Nous lançons cette campagne pour centrer le débat sur les solutions et trouver ce qui nous retient de les mettre en œuvre.

S’adresser aux Européens en tant qu’acteurs responsables de leur avenir, ce n’est pas la plus mauvaises des manières pour montrer combien les actions pour le climat peuvent générer des avantages économiques pour les citoyens européens.

De plus, l’approche de la Commission consiste à organiser une campagne paneuropéenne vraiment décentralisée, qui s’appuie sur la collaboration avec plus de 70 organisations, parmi lesquelles des associations professionnelles, des universités, des organisations non gouvernementales et des institutions publiques de toute l’Europe.

Là encore, la collaboration avec les parties prenantes ne peut que renforcer l’impact de la campagne européenne, ce qui fait trop souvent défaut aux actions de communication pilotée depuis Bruxelles.

D’ailleurs, le lancement de la campagne s’est ainsi réalisé à Londres, où, selon Dave Keating, le gouvernement conservateur se vante d’être le « gouvernement le plus vert » et regrette que les négociations climatiques ne soient pas abordées lors des réunions du Conseil, notamment à cause de la Pologne, pourtant très pro-européenne… Un renversement d’attitude assez rafraîchissant sur les affaires européennes.

D’autres événements se dérouleront d’ici la fin de l’année 2012-2013 dans plusieurs États membres, et notamment en Bulgarie, en Italie, au Portugal… et en Pologne.

Enfin, la dimension participative – incontournable pour placer des solutions concrètes au centre du débat sur le changement climatique – n’est pas oubliée sur world-you-like.europa.eu, où les citoyens, les entreprises et les groupes locaux peuvent « promouvoir et exposer leurs solutions à faible intensité de carbone et prendre part à un concours paneuropéen pour désigner la meilleure et la plus originale d’entre elles ».

Au total, la nouvelle campagne de l’UE sur le changement climatique est une communication grand public pédagogique plutôt bien conçue. Dans quelques mois, nous saurons si c’est une mission impossible…

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