Face au renforcement de l’intégration européenne et à la confiance en berne des citoyens, l’enjeu est à la fois d’imaginer l’Europe au-delà de la crise et d’assurer l’avenir du projet politique européen. Comment ? Le ministère fédéral des Affaires étrangères publie une stratégie de communication européenne qui s’appuie sur 2 idées : expliquer l’Europe et débattre de l’Europe…
Expliquer l’Europe pour instaurer une nouvelle confiance : la valeur de l’Europe, une communauté de valeurs et d’intérêts garante de la prospérité
Conscient que « le projet européen traverse actuellement la crise de confiance la plus grave de son histoire » et que « des doutes sont apparus au sujet de l’idée européenne », la première mission de la stratégie de communication européenne de l’Allemagne consiste à « réassurer sur ce qui fait la valeur de l’Europe (…) si elle y arrive, elle arrivera également à maîtriser la crise ».
Afin de faire « naître une nouvelle confiance en Europe », l’Allemagne estime qu’il faut prendre « conscience que l’Europe est un projet d’avenir » pour « préserver nos valeurs et nos intérêts ».
I. L’Europe, force créative dans la mondialisation
L’ordre mondial est en mutation, avec de nouveaux pôles de puissance économiques et politiques. Seuls, les États européens ne parviendront pas à dominer la mondialisation.
Il s’agit « d’élaborer un modèle présentant l’Europe comme une force créative à l’échelle mondiale (…) un moteur de progrès ».
L’Europe a la capacité de devenir un acteur mondial. L’Europe reflète la capacité des États et des sociétés à partager leur souveraineté dans leur propre intérêt et à parvenir à des solutions communes :
- l’UE encourage d’ores et déjà la démocratie et la croissance dans les pays voisins ;
- l’UE est le plus grand fournisseur d’aide humanitaire et d’aide au développement à l’échelle mondiale ;
- l’UE assume des responsabilités de politique étrangère et de sécurité au-delà du continent ;
- l’UE est à la pointe des grands dossiers de l’avenir (énergies renouvelables et hautes technologies).
II. L’Europe, une communauté de valeurs
Une Europe puissante n’est pas une fin en soi. C’est « un facteur essentiel de l’attractivité que l’UE exerce par-delà ses frontières. Cette attractivité est fonction de la crédibilité de la communauté de valeurs européenne ».
Il s’agit de « continuer à l’avenir à affirmer les valeurs de l’Europe, à l’intérieur comme à l’extérieur » :
- les valeurs en Europe : une cohabitation pacifique et tolérante, synonyme de chances équitables dans une économie sociale et durable de marché performante ;
- les valeurs européennes sont universelles : « l’Europe ne réussira pas à convaincre ses partenaires en leur donnant des leçons mais plutôt en montrant elle-même l’exemple ».
III. L’Europe, puissance économique
L’Europe permet de défendre efficacement nos intérêts dans le monde. L’UE est devenue l’espace économique le plus performant du monde. L’Europe comptera encore dans 20 ans parmi les 3 plus grandes puissances économiques du monde.
Il s’agit d’affirmer la puissance économique et la prospérité de l’UE :
- un rôle prépondérant dans l’agencement du commerce mondial de demain ;
- un marché unique, catalyseur indispensable pour la croissance et la compétitivité ;
- une monnaie commune , l’euro facilite le commerce en Europe en empêchant les fluctuations des cours de change.
IV. Dire non à l’Europe serait faire fausse route
Cette Europe a son prix. Mais elle a surtout une valeur indéniable : « il n’y a pas de solution convaincante susceptible de remplacer l’intégration ». Tourner le dos à l’Europe signifierait capituler face aux défis mondiaux. Sans l’Europe, les Européens se condamnent à l’insignifiance dans le monde de demain.
Débattre de l’Europe : écouter, convaincre et promouvoir
Conscient que « le langage pour parler aujourd’hui de l’Europe aura des répercussions considérables », la stratégie de communication ne doit pas consister uniquement à « faire en sorte que les citoyens reprennent conscience de la valeur de l’Europe ».
La priorité, de la stratégie de communication européenne, c’est de « rechercher le dialogue avec les citoyens et non pas faire de grandes déclarations ». La communication européenne doit également être un travail d’équipe avec « une mise en réseau étroite des partenaires » pour « rendre plus visible l’engagement de tous ceux qui se mobilisent en faveur de l’Europe ».
La communication européenne du ministère fédéral des Affaires étrangères s’articule autour de 3 priorités complémentaires :
I. Nous plaidons en faveur de la confiance entre voisins européens
Consolider la confiance : expliquer, écarter les malentendus, éliminer « la peur que l’Allemagne fasse cavalier seul et qu’elle nourrisse des visées hégémoniques » et lutter contre les clivages à l’intérieur de l’Europe.
« Il est absolument nécessaire que nous comprenions ce qui préoccupe nos voisins. Parler de l’Europe, cela signifie pour nous en premier lieu : écouter. »
Une série de recommandations sont présentées pour améliorer la communication des ambassadeurs, consuls généraux, responsables des questions européennes et rédacteurs de presse dans les missions diplomatiques « pour diffuser la politique européenne dans les médias à travers des entretiens de fond et des manifestations publiques consacrés à la politique européenne. »
II. Nous nous faisons les avocats de l’Europe dans le monde
Un volet essentiel consiste à promouvoir auprès des partenaires stratégiques dans le monde la confiance dans le projet européen : convaincre les partenaires que l’Europe s’est engagée dans la bonne voie pour surmonter la crise et montrer que l’Europe est un partenaire d’avenir.
Une série de recommandations sont abordées pour que la communication européenne soit présente « tout particulièrement dans les pôles de puissance politiques et économiques émergents qui jouent un rôle de plus en plus important dans le façonnement de la politique mondiale ».
III. Nous nous mobilisons pour l’Europe en Allemagne
Un rôle d’ambassadeur de l’Europe en Allemagne : défendre la valeur de l’Europe, la promouvoir comme un projet d’avenir, lutter contre les préjugés.
Une série de recommandations sont envisagées pour « encourager un débat constructif sur l’avenir de l’Europe » avec la société civile, des fondations et des partenaires européens. Le dialogue avec les jeunes, leurs attentes, leurs questions et leurs désirs à l’égard de l’Europe devient l’une des priorités de la communication européenne.