Terme hérité du marketing, le « prescripteur » désigne la « personne qui eu égard à sa notoriété, son image, sa profession, ses activités et/ou son style de vie, est à même de recommander (…) et d’être reconnue pour la valeur de sa recommandation ».
Concept à ne pas confondre avec le « leader d’opinion » qui se résume à la « personne ayant une audience et un statut lui donnant le pouvoir d’influencer l’opinion publique » ; la notion de prescripteur – à l’opposé de l’expert – est une figure du quotidien qui exerce une recommandation forte, justement parce qu’elle n’est ni forcément verbalisée ni fortement argumentée.
Des « people » pas prescripteurs symboliques en matière d’Europe
Au-delà des prises de parole « citoyennes », sociales ou politiques que peuvent prendre les « people » – assez peu en mesure d’influencer directement les citoyens – il est indéniable que leurs attitudes ou leurs réflexes peuvent quant à eux favoriser des projections inconscientes et des désirs mimétiques.
Dans ce cadre, le people-prescripteur n’a pas forcément conscience de son influence – quasi subliminale – et ne peut donc pas être accusé de vouloir instrumentaliser ou manipuler l’opinion comme le feraient toutes les figures d’autorité aujourd’hui décrédibilisées.
Le problème en matière d’Europe réside dans le fait qu’aucun people ne peut vraiment porter ou incarner la construction européenne puisque celle-ci achoppe à s’appuyer sur des symboles ou des valeurs propres.
Contrairement aux people américains qui parviennent à véhiculer une image de l’« american way of life », les people européens ne peuvent s’appuyer sur aucun modèle de société ou de culture européennes.
Les « pairs » peu prescripteurs cognitifs ou conatifs en matière d’Europe
Autre visage du prescripteur, le pair (amis, collègues, voisins, relations familiales ou sociales, etc.) exerce également une influence d’autant plus importante que son profil socio-démographique est proche des individus à qui il destine son message.
Dans ce cadre, le pair-prescripteur n’a pas forcément besoin de revendiquer son influence – quasi naturelle – et ses avis et jugements spontanément sollicités par son entourage immédiat pèsent donc lourds dans leurs comportements.
Le problème en matière d’Europe, c’est que la complexité tant de la construction institutionnelle que des sujets abordés par l’UE limite fortement l’intérêt et la capacité des pairs à diffuser des opinions et des intentions d’action sur les projets européens.
Alors que la prescription des pairs s’exerce dans le cadre de schémas d’interprétation et de conformation acquis largement par la société sur de nombreux sujets d’intérêt général, les enjeux européens ne s’inscrivent pas dans cette mécanique.
Ainsi, l’absence de prescripteurs susceptibles de recommander l’Europe empêche la communication européenne d’emprunter un modèle d’influence pourtant efficace.