Comment les Français perçoivent-ils l’Europe à travers les mots qui sont employés dans les médias pour en parler ? Réponses avec l’enquête de l’institut Médiascopie réalisée pour Notre Europe et Libération…
Méthodologie de l’enquête : notation et mapping des mots en fonction du jugement menace/protection et de l’importance pour l’avenir
Chaque mot est noté de 0 à 10 selon 2 critères puis présenté suivant 2 échelles :
- pour les ordonnées : « ce mot menace (en bas) / ce mot protège (en haut) »,
- pour les abscisses : « ce mot est moins déterminant pour l’avenir de l’UE (à gauche) / ce mot est plus déterminant pour l’avenir de l’UE (à droite) ».
Voir le mapping.
Le croisement entre les aspects négatifs de l’UE et les enjeux secondaires de l’Europe permettent de dégager les menaces :
- les « démons » : la guerre et les conflits de l’Histoire (fascisme, intégrismes) mais aussi leur version moderne (terrorisme) ;
- les « dangers » : alimentaire (OGM), ouverture des frontières et circulation des personnes (immigration clandestine), économie et finance (crise, délocalisations, paradis fiscaux), ou encore montée des inégalités (inégalités, discriminations) ;
- les « inquiétudes » : doutes ou interrogations qui renvoient à la question de l’identité (nationalisme, communautarisme, immigration, euroscepticisme).
Le croisement entre les aspects positifs de l’UE et les enjeux principaux de l’Europe permettent de dégager les attentes formant une « épine dorsale de la construction de l’Europe » :
- protection écologique et sociale : prise en compte des impératifs écologiques (protection de l’environnement, développement durable, croissance verte) et sociaux (Europe sociale dialogue social européen, ou encore projet de salaire minimum européen) ;
- une Europe de la paix et de la démocratie : attachement aux principes et valeurs (paix, laïcité, citoyenneté européenne, opinion publique européenne) et aux modalités (fonctionnement démocratique de l’UE, référendum européen et élection au suffrage direct d’un Président de l’Union) ;
- l’identité et la culture : préservation d’un ancrage identitaire et culturel dans le local (produits AOC est le 3ème mot le plus protecteur de tous, terroirs), tout en permettant à l’individu de développer d’autres identités et échelles d’appartenance : Europe de la culture (diversité culturelle), mais aussi celui de l’éducation (Erasmus), tout comme la chaîne culturelle, Arte, véritable référent identitaire européen.
- l’ordre et la sécurité : en matière de Justice et de Police (Mandat d’arrêt européen, coopération judiciaire, Office européen de police : EUROPOL) de Défense (armée européenne), de Politique étrangère (diplomatie européenne et Politique Etrangère et de Sécurité Commune : PESC), comme au plan de la vie quotidienne et de la santé publique, en protégeant les consommateurs (Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire).
- une relance de l’économie : encadrer, réguler et stimuler son économie et sa monnaie (plan de relance européen, Pacte de stabilité et de croissance, Union Économique et Monétaire, Euro) et politique européenne de recherche et d’innovation, item de la famille économique le mieux noté. En revanche, la préférence communautaire et le protectionnisme sont estimés faiblement protecteurs et moyennement déterminants.
- lien, échange et mobilité : faciliter les échanges afin de rapprocher les peuples et de renforcer le lien social, grâce à des modes de transports (réseau ferroviaire européen) respectueux de l’environnement.
Le croisement entre les menaces qui pèsent sur l’UE et les attentes qui se dessinent permettent de juger des « moyens » :
- institutions et Europe politique : traditionnellement méconnues, voire malaimées, les institutions européennes sont valorisées (Cour Européenne des Droits de l’Homme : CEDH et Cour de Justice des Communautés européennes : CJCE sont jugées les plus protectrices) Parlement européen et Commission européenne sont au coude à coude et au regard de la crise que nous traversons : l’Europe politique est peut-être plus attendue qu’on ne le croit, au nom de la protection qu’on en escompte (protège à 6/10) et de son importance pour l’avenir (6,8/10).
- les acteurs : si Barack Obama est jugé plus protecteur et plus déterminant pour l’avenir de l’Union que l’ensemble des dirigeants européens, et si, à l’inverse, Vladimir Poutine est jugé le plus menaçant, la palme des acteurs de l’Europe revient à deux entités collectives, jugées les mieux à même de protéger nos concitoyens, en même temps que les plus déterminantes pour l’avenir : les députés européens et la Confédération Européenne des Syndicats.
Conclusion : les Français formule une double attente : attente d’une Europe démocratique, d’une part, attente d’une Europe sociale, capable de protéger, d’autre part.