Au détour d’une tribune du Secrétaire d’État aux Affaires européennes parue dans le Figaro le 7 février dernier : « Assumons l’Europe des clochers ! » ; Laurent Wauquiez à travers la question : « par quels outils revivifier le projet collectif à l’origine de la construction européenne ? » dessine des propositions en matière de communication sur l’Europe en France…
Réactiver la mémoire européenne : représenter sur les billets en euros des personnalités européennes marquantes
Première proposition afin de « ranimer la mémoire des peuples » : faire la promotion de symboles européens – des personnalités européennes marquantes – sur les billets en euros.
Dans ce registre symbolique – quoique l’idée de changer les ouvrages d’art fictifs actuellement visibles sur les billets soit plutôt séduisante – n’aurait-il pas plutôt fallu proposer de faire figurer le drapeau européen sur les cartes électorales que tous les électeurs français recevront prochainement pour les échéances de 2012 ?
Mobiliser l’histoire : réaliser un manuel d’histoire européenne
Deuxième proposition au-delà de l’urgence « de former les enseignants, les journalistes, les élus locaux à redonner du sens à l’actualité européenne en montrant comment elle participe d’une histoire en marche et de valeurs à défendre » : créer un manuel d’histoire européenne sur le modèle du manuel d’histoire franco-allemand.
Le succès du manuel franco-allemand – que ce manuel d’histoire européenne devrait respecter au risque d’échouer – repose selon Étienne François dans « Comment enseigner l’Europe ? L’expérience du Manuel d’histoire franco-allemand » sur les avantages suivants :
- avoir été réalisé avec le soutien des institutions éducatives des pays partenaires ;
- être conforme aux programmes en vigueur ;
- pouvoir être immédiatement utilisé comme un manuel classique.
En matière éducative n’aurait-il pas plutôt fallu reprendre le projet défendu même par son prédécesseur Pierre Lellouche visant à créer des cours d’éducation civique européenne en France ?
D’ailleurs, cette idée que Laurent Wauquiez aurait pu faire sienne faisait également partie de l’avis du CESE commandé en 2008 lors de la Présidence française du Conseil de l’UE par son autre prédécesseur Jean-Pierre Jouyet « Comment concilier dimension nationale et dimension européenne dans la communication sur l’Europe ».
Incarner l’Europe : apposer systématiquement une plaque visible sur les bâtiments et les projets financés par les fonds européens
Troisième proposition au-delà du renforcement « des jumelages entre les villes, des échanges scolaires et universitaires et de la mobilité professionnelle » : « apposer systématiquement une plaque visible sur les bâtiments et les projets financés par les fonds européens ».
Parmi les exigences minimales des bénéficiaires de fonds européens figurent, selon le règlement de la Commission n°1828/2006 sur les mesures d’information et de communication, l’obligation de « panneaux d’affichage ou de construction remplacé par une plaque explicative permanente au plus tard 6 mois après la fin des travaux ».
Autrement dit, la proposition de Laurent Wauquiez fait déjà – depuis plusieurs années – l’objet d’une obligation légale. N’aurait-il pas fallu plutôt se concentrer sur l’analyse des résultats décevants des dernières campagnes de communication sur les fonds européens ?
Ainsi, les propositions du Secrétaire d’État aux Affaires européennes pour la communication sur l’Europe en France se montrent pour le moins réduites. Souhaitons que la « série de forums pour débattre des valeurs qui fondent l’identité européenne » – ultime proposition dont l’intention politique semble trop évidente – lui permette de trouver une ambition plus forte.