Quels seront les enjeux des élections européennes de 2024 ?

L’une des premières table ronde organisée par Euractiv dessine les lignes directrices d’une campagne qu’il faut bien dire peine encore à vraiment se lancer…

L’opinion publique et les élections européennes

Mathieu Gaillard, directeur d’études chez Ipsos invite à la prudence qui est de mise, parce qu’il rappelle que les élections européennes ne sont pas perçues ou vécues comme une remise en cause des pouvoirs en place au niveau national ; et que la prise de décision des électeurs est très tardive dans les derniers jours avant le scrutin.

Les principaux enjeux pour le Parlement européen résident dans les contours de la prochaine majorité parlementaire entre la droite conservatrice et la gauche sociale-démocrate, tandis qu’une majorité proeuropéenne semble quand encore acquise, une majorité alternative, entre les droites apparaît comme une possibilité numérique, mais pas encore politique.

Des batailles culturelles et des batailles politiques

Le grand projet de la mandature actuelle aura été le Green Deal, c’est une bataille culturelle remportée pour les forces écologiques et progressistes qui auront du longtemps plaider pour se faire entendre.

Mais, à l’échelle de toute la mandature, les batailles politiques n’auront pas été toutes remportées, loin de là ; de nouvelles majorités de substitution plus à droite ont d’ores et déjà votées contre des points emblématiques sur la réduction des pesticides, les zones naturelles de restauration ou la réduction de la pollution des véhicules sur la qualité de l’air, etc.

Tandis que les plus critiques viseront à tirer des conséquences directes de la succession de crises que les dogmes fondamentaux de l’UE ont failli vaciller comme l’équilibre budgétaire ou la libre concurrence ; d’autres ne manqueront pas de constater néanmoins des contradictions entre les ambitions climatiques du Green Deal et certaines politiques structurelles européenne comme l’agriculture, le libre échange ou la politique industrielle.

Des sujets du quotidien et des préoccupations électorales

Tout laisse à penser que des sujets comme l’immigration, le coût de la vie (pouvoir d’achat et inflation), l’environnement et l’action climatique ainsi que la situation internationale (Ukraine, Israël) seront les thèmes de campagne, sur lesquelles les électeurs se sentent beaucoup plus concernés. Les élections européennes seront l’occasion d’en débattre, une nécessité démocratique.

Pour Mathieu Gaillard, les électeurs se sentent concernés par les enjeux européens, lorsqu’ils votent aux élections européennes, et ils semblent être beaucoup plus enclins avec des partis proeuropéens ; dans les enquêtes d’opinion en déclaratif. Dans les enquêtes qualitatives, les décisions de vote se prennent davantage sur des enjeux. A partir de 2017, les préoccupations climatiques prennent en importance, ce qui a un impact sur le vote, même si le discours sur l’écologie punitive prend dans l’opinion et que le risque d’un backlash est toujours possible.

En raison de débats plus clivés sur les politiques de l’Europe, la dynamique de participation aux élections européennes pourrait se confirmer à la fin du printemps prochain, même s’il ne faut pas oublier, en France, qu’il s’agira des premières élections nationales, après la séquence présidentielle et législatives de 2022, une occasion d’un vote sanction mais aussi d’un vote pour lever les contradictions des différentes familles politiques autour de l’Europe.

Prospectives électorales européennes

Pour conclure, Théo Verdier, de la Fondation Jean-Jaurès se lance dans l’exercice difficile de dessiner des tendances :

  1. Face aux risques de dérapages faute de maîtrise des sujets sur le fond, le défi sera de faire campagne sur des idées tout en étant pédagogique
  2. Avec la posture des extrêmes autour d’un euroscepticisme plus constructif, le défi de mener des débats argumentés sur des sujets clés aux niveaux national et européen
  3. Tandis que l’UE s’est occupée des enjeux de vie et de mort ces dernières années avec le Covid ou l’Ukraine, les sujets européens sont beaucoup moins technocratiques, mais pas forcément plus consensuels
  4. Dans les programmes, le volet institutionnel autour de la réforme de l’UE entre élargissement et approfondissement sera un défi d’intelligibilité

Bonne année 2024 !

Campagne européenne sur l’égalité femmes-hommes : comment lutter contre les clichés sans succomber aux stéréotypes ?

La stratégie de l’UE pour l’égalité entre les hommes et les femmes vise à créer une Europe où les femmes et les hommes, quelle que soit leur diversité, ont les mêmes opportunités de mener une vie prospère, de choisir leur propre voie et de participer à la société en toute égalité.

Parmi les mesures spécifiques, des registres d’action publique très différents entre contraintes en matière de transparence salariale, lutte contre la violence à l’égard des femmes ou présence des femmes dans les conseils d’administration des grandes sociétés cotées de l’UE.

I. La campagne #EndGenderStereotypes : discutons des stéréotypes

En 2023, la Commission européenne lance une campagne visant à remettre en question les stéréotypes sexistes à l’échelle de l’UE. Cette campagne aborde les stéréotypes liés aux choix de carrière, à la répartition des responsabilités familiales et à la prise de décisions, tant pour les hommes que pour les femmes.

Les stéréotypes sont profondément enracinés dans notre culture et sont la cause d’inégalités sans même en avoir conscience, mais affectant chacun d’entre nous, femme ou homme. Les stéréotypes limitent la liberté de chacun. C’est pourquoi il est important de les bousculer.

1. Choix de carrière : « Que te dis-tu lorsque tu vois une pompière? Tu ne t’y attends pas? »

Les stéréotypes et préjugés font leur chemin dans les esprits dès la petite enfance. Des compétences que nous acquérons dès le plus jeune âge aux matières que nous étudions à l’école et aux carrières dans lesquelles nous nous engageons, les clichés sur ce que l’on attend des femmes et des hommes, des filles et des garçons, peuvent limiter nos aspirations, nos choix et notre liberté. Nous devons donc nous interroger sur ce qui est dû à notre libre arbitre et ce qui est dû aux stéréotypes.

2. Équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle : « Que te dis-tu lorsque tu vois un père qui coiffe sa fille avant de partir au travail? Est-ce inhabituel? »

Les rôles et responsabilités des hommes et des femmes, dans leurs foyers et sur leur lieu de travail, ne sont pas déterminés seulement par leur libre choix mais aussi par les stéréotypes de genre. Parvenir à un équilibre des genres au travail, à la maison et dans la société exige que chacun élargisse ses perspectives sur ces questions en remettant en question les croyances et les normes.

3. Prise de décision : « Que te dis-tu lorsque tu vois une présidente en train de remettre une décoration à une militaire? Est-ce surprenant? »

Les femmes continuent d’être sous-représentées aux postes décisionnaires, quels que soient les domaines, et ceci est en partie dû aux stéréotypes de genre. Mais que ce soit en affaires, en politique ou dans la société, nous ne pouvons exploiter tout notre potentiel que si nous utilisons tout notre talent et notre diversité. Ne compter que sur la moitié de la population signifie ne profiter que de la moitié des idées et de l’énergie disponibles. Nous devons lutter contre les stéréotypes qui empêchent les femmes d’accéder à des postes haut placés.

II. Quelles modalités idéales de communication intégrée ?

1. Paid Media : La Commission européenne investit dans une campagne sans publicité pour diffuser ses messages. Cette approche réduit considérablement le public touché peu étendu et ne permet pas de sensibiliser de nouvelles personnes, celles les plus à convaincre, aux enjeux de l’égalité femmes-hommes et des stéréotypes.

2. Earned Media : Les médias traditionnels et en ligne jouent un rôle crucial en pouvant potentiellement relayer l’information de la campagne. Les articles, les interviews et les reportages générés par des tiers contribuent à la crédibilité de la campagne, ce potentiel des médias ne semblent pas mobilisés dans le cadre de cette campagne de fin de mandat.

3. Shared Media : Les médias sociaux jouent un rôle central dans la diffusion de la campagne pour créer des discussions, partager du contenu et encourager la participation du public. La siganture de la campagne s’appuie sur un hashtag mais la viralité semble limitée, sans toolkits pour mobiliser les citoyens et les sensibiliser à relayer des messages clés.

4. Owned Media : La Commission européenne gère le site web dédié à la campagne ainsi que les relais sur les comptes de médias sociaux officiels. Ces canaux permettent une communication garantissant une prise de parole cohérente.

III. Quel défis de la campagne sur l’égalité femmes-hommes ?

Plusieurs défis majeurs, notamment la résistance aux changements et la persistance des stéréotypes profondément enracinés, difficiles à éliminer complètement en un temps limité. De plus, il est essentiel d’éviter de succomber à de nouveaux stéréotypes inverses qui pourraient émerger en réaction. La campagne doit donc maintenir un équilibre délicat.

La mesure de l’impact de la campagne est essentielle pour évaluer son succès et déterminer si les objectifs ont été atteints. Il est possible d’évaluer l’efficacité de la campagne en surveillant l’évolution des attitudes et des comportements liés aux stéréotypes de genre. Des enquêtes, des données sur les médias sociaux, et des études de suivi peuvent fournir des informations précieuses pour mesurer les progrès.

Initiative ambitieuse visant à combattre les stéréotypes qui entravent l’égalité entre les sexes via une stratégie de communication intégrée, tout en évitant les clichés ; et indispensable pour parvenir à une Europe où l’égalité femmes-hommes est une réalité.

Campagne « #MakeItWork » pour réussir ensemble le socle des droits sociaux européens

La campagne de communication #MakeItWork de la DG EMPL lancée en 2023, met en avant certains des droits sociaux offerts aux personnes dans l’UE, tels que l’apprentissage de nouvelles compétences, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ainsi que l’égalité des chances au travail…

Une campagne sectorielle déclinée de la communication corporate

Selon le Management Plan DG Communication 2023, « la DG COMM collaborera étroitement avec les autres services de la Commission afin de les aligner, le cas échéant, sur les principales actions de communication NextGenEU dans le cadre de la campagne parapluie, renforçant ainsi davantage la reconnaissance de notre communication sous une seule marque », en l’occurrence la signature #MakeIt déjà utilisée lors des différentes phases de la campagne de communication corporate de la Commission européenne ».

Une campagne #MakeItWork autour des droits sociaux européens

Du coup, en avril dernier, la campagne « #MakeItWork: EU Social Rights » est annoncée autour d’une vidéo publiée sur la plateforme audiovisuelle de la Commission européenne ainsi qu’un mini-site dédié : social-rights.campaign.europa.eu afin de présenter le Socle Européen des Droits Sociaux.

Sur le site, outre des témoignages, il est possible de mieux connaître ses droits, de les faire valoir et de savoir où s’adresser pour obtenir de l’aide et améliorer sa situation :

  • Boostez vos compétences pour progresser ou changer de carrière
  • Trouvez le poste qui vous correspond
  • Trouvez l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle pour pouvoir vous occuper de votre famille
  • Obtenez un salaire juste
  • Profitez de l’égalité de traitement, quoi qu’il arrive
  • Gérez votre propre entreprise et être soutenu tout au long du chemin

Les engagements des États-membres portent sur :

Au total, la campagne, sur les droits sociaux, décliné de la communication corporate de la Commission européenne, aborde, de manière directe pour les citoyens, une dimension souvent négligée dans les avancées politiques européennes.

EUMedialPoll2023 : qu’est-ce qui influence les influenceurs de l’Union européenne ?

Depuis 2016, l’enquête #EUMediaPoll révèle quelles sources d’informations ont le plus d’influence sur les décideurs de l’Union européenne, y compris les membres du Parlement européen, le personnel des institutions de l’UE et les leaders d’opinion…

Sources médiatiques : Politico Europe, la source d’information la plus influente dans la prise de décision de l’UE devant The Economist et FT Brussels, à la fois reconnus pour leur expertise et la qualité de leur analyse

Tout a changé pour la source d’information la plus influente en 2023. Une nouvelle bataille entre Politico Europe et The Economist émerge en haut du classement sur un pied d’égalité, comme les médias les plus influents de cette année, nécessaires pour prendre des décisions éclairées dans la capitale de l’Europe.

Du côté des médias spécialisés dans les affaires européennes, plusieurs mouvements significatifs dans le top 10 comprenant Euractiv (en hausse de 6 %) et faisant son entrée dans le top 5, EU Observer (en hausse de 7 %), ce qui révèle que sa présence est plus significative dans la sphère médiatique européenne tandis qu’Euronews (en baisse de 10 %) perd en crédibilité, sans doute lié aux nouveaux actionnaires et aux déboires financiers entraînant des licenciements dans la rédaction.

Médias sociaux les plus utilisées par les décideurs de l’UE : LinkedIn à la hausse et X-Twitter à la baisse

LinkedIn continue de gagner en impact en tant que premier média social le plus fréquemment utilisé par les décideurs de l’UE, derrière l’appli de messagerie WhatsApp mais surtout dorénavant devant X (anciennement Twitter) en baisse de fréquence d’utilisation, en particulier depuis le rachat par Elon Musk en octobre 2022.

YouTube et Facebook en milieu de tableau conservent leurs positions solides dans le paysage des médias sociaux de la sphère européenne, tandis qu’Instagram se démocratise et TikTok fait une timide apparition dans le classement pour la première fois.

Le cas des influenceurs

Les influenceurs des médias sociaux (militants, universitaires, militants, journalistes, etc.) ont vu une augmentation significative de leur influence, passant de 30 % en 2022 à 46 % cette année, même si leur influence directe ne devrait pas encore être surestimée.

Cette montée croissante des influenceurs des médias sociaux montre à quel point ils sont essentiels dans la façon dont ils introduisent de nouveaux sujets et façonnent les comportements. L’influence de ces individus commence à avoir un impact dans le domaine de l’élaboration des politiques publiques européennes.

Les personnels des institutions de l’UE et les formateurs d’opinion à Bruxelles

Les personnels des institutions de l’UE trouvent The Economist le plus influent, tandis que parmi les formateurs d’opinion à Bruxelles, FT Brussels est considéré comme plus influent. Politico Europe est considéré comme le meilleur en raison de son accès privilégié aux sources, tant The Economist que FT Brussels sont respectés en raison de leur expertise et de la qualité de leur analyse.

Comment les décideurs de l’UE accèdent-ils aux nouvelles et aux informations de l’UE ? Les sites de nouvelles en ligne et les lettres d’information par e-mail sont les moyens les plus courants d’accéder aux nouvelles et aux informations. D’autres sources qui font leur entrée dans le sondage sont les think tanks et les organisations de la société civile.

Autant d’insights intéressants à suivre dans la perspective des prochaines élections européennes en 2024.

Campagne #TheGreenTrack : comment amplifier la voix des jeunes Européens sur l’environnement ?

La communication auprès des publics jeunes, quel que soit le sujet, est toujours un défi, encore plus marquée lorsqu’il s’agit de sensibiliser les jeunes à des problématiques européennes. La campagne #TheGreenTrack vise à donner la possibilité aux jeunes de toute l’Europe d’exprimer leurs espoirs et leurs préoccupations concernant la nature, la biodiversité et l’avenir durable de l’Europe…

La Campagne #TheGreenTrack, dans le cadre de l’Année européenne de la Jeunesse

La campagne #TheGreenTrack, lancée par la Commission européenne en collaboration avec le Réseau mondial des jeunes pour la biodiversité et Biodiversity Action Europe mobilise des jeunes Européens en prévision de la Conférence sur la biodiversité des Nations Unies, encourage le dialogue entre les jeunes et les décideurs politiques, ainsi qu’entre la société, les gouvernements, les entreprises et les scientifiques et implique les activistes et les ONG dans la prise de décisions environnementales.

En tant que contribution majeure de l’UE à l’Année européenne de la Jeunesse, #TheGreenTrack écoute les préoccupations et les recommandations des jeunes Européens sur des sujets clés tels que la biodiversité et la nature, l’économie circulaire, le changement climatique, la pollution zéro et le mode de vie durable.

La campagne Green Track fournit une plateforme aux jeunes de toute l’Europe pour contribuer au débat et mettre en lumière leurs actions concrètes pour protéger la nature et pour concrétiser le Pacte vert européen :

  • 32 événements dans 21 pays à travers l’Europe : débats publics, activités de plein air, expositions ou soirées d’échange,
  • Plus de 1 500 participants présents sur place,
  • Plus de 21 millions de personnes touchées par la campagne en ligne.

Recommandations pour une éventuelle poursuite et amplification de la campagne

Tout d’abord, la visibilité de la campagne #TheGreenTrack aurait pu être amplifiée en intégrant dès le départ la visibilité sur les réseaux sociaux afin de rendre plus visible et accessible à un plus large public en vue de renforcer la sensibilisation aux problématiques environnementales européennes des jeunesses européennes.

Ensuite, l’interactivité de la campagne pourrait être renforcée en créant des dispositifs interactifs sur les médias sociaux qui incitent les jeunes à participer activement :

  • Programmer des défis liés à la durabilité, des concours de créativité environnementale, ou des hashtags spécifiques pour encourager le partage de leurs actions en faveur de la nature.
  • Encourager les jeunes à partager leurs propres histoires, vidéos, photos et idées sur la nature et la biodiversité en Europe.
  • Organiser des concours pour le meilleur contenu généré par l’utilisateur et les mettre en avant sur les plateformes officielles de la campagne.
  • Utiliser la réalité virtuelle et de la réalité augmentée avec des expériences permettant aux jeunes de découvrir virtuellement des écosystèmes européens menacés, d’interagir avec des espèces en voie de disparition, ou de simuler les effets du changement climatique. Ces expériences peuvent être partagées en ligne pour toucher un public plus large.
  • Discuter en temps réel, via des chats vidéo avec des experts en environnement, des responsables politiques ou des scientifiques, pour répondre aux questions des jeunes en direct. Utiliser des plateformes de streaming en direct et des médias sociaux pour faciliter ces échanges.
  • Développer des jeux en ligne éducatifs qui abordent des sujets environnementaux européens de manière ludique et informative. Ces jeux peuvent être conçus pour être à la fois amusants et instructifs, ce qui permettrait aux jeunes de s’immerger dans les défis environnementaux et de mieux les comprendre.

Au total, la campagne #TheGreenTrack incarne la communication largement interpersonnelle et potentiellement interactive de l’Union européenne autour des problématiques environnementales auprès des jeunes.