Quel est l’état de la communication européenne ?

Avec le recul que permettent les congés estivaux, quel plan-séquence panoramique est-il possible de dérouler pour mieux comprendre de manière synthétique la trajectoire actuelle de la communication de l’Union européenne ?

Etat initial : la communication européenne bureaucratique

De l’origine de la construction européenne, jusqu’à encore récemment, la culture bureaucratique de communication des institutions européennes était symbolisée par le silence et le secret.

Lors de cet état antithétique à toute communication, quelques bribes d’une politique d’information et de communication devenues nécessaires se sont néanmoins au fur et à mesure développées :

  • d’une part, les relations presse ont été mises en place dès les années 1960 pour répondre aux demandes – les seules sollicitations externes – des journalistes-correspondants spécialisés dans les affaires européennes ;
  • d’autre part, les études d’opinion ont également été activées – à mesure que le consensus permissif s’étiole – à partir des années 1970 pour tenter de mieux connaître les ressorts de l’« opinion publique européenne ».

Dans l’état bureaucratique, la communication européenne n’est perçue et pratiquée que comme une tâche administrative subalterne, voire contre-nature et essentiellement réactive.

Etat actuel : la communication européenne technocratique

Dès la première présidence Delors, la « politique d’information » se mue officiellement en « communication européenne ». Les années 1980-1990 marquent un tournant vers une politique de communication plus technocratique dans la mesure ou des objectifs et des moyens sont assignés sur la base d’une démarche rationnelle.

Toujours sous l’impulsion de l’institution, un élément qui caractérise l’état technocratique de la communication européenne, des initiatives et projets sont déployés par la Commission européenne pour combler le fossé entre l’UE et les citoyens :

  • Sous la Commissaire Wallström, le plan D et le Livre blanc de la communication posent les jalons d’une politique de communication qui vise à changer les attitudes (contre la défiance) et les comportements (contre l’abstention) des Européens.
  • Avec la Commissaire Reding, nouvellement en charge de la communication, la démarche technocratique, venant d’en haut se poursuit, notamment à travers l’Année européenne des citoyens en ce moment.

L’état technocratique envisage la communication européenne comme une politique publique à part entière qui doit reposer sur la compétence et mesurer la performance.

Etat futur : la communication européenne démocratique

Le passage au 3e état de la communication européenne ne se décrète pas, même si une approche plus politique dans les messages et plus sociale en matière de numérique peut favoriser la prise en compte et l’intérêt des citoyens.

Le caractère démocratique réside dans la réciprocité de la communication européenne :

  • d’un côté, les institutions européennes démocratiques exercent leurs responsabilités, notamment de communiquer leurs intentions et leurs résultats sous le regard et dans le respect du mandat octroyé in fine par les Européens ;
  • d’un autre côté, les Européens sont pleinement conscients de leurs intérêts dans la construction européenne et s’informent régulièrement pour participer de plein exercice au débat public européen.

Quoiqu’encore partiellement théorique faute de maturité et de pratique de part et d’autre, la communication européenne à l’âge démocratique est un dialogue régulier entre les institutions européennes et les citoyens européens.

Au total, cette réflexion sur les trois états de la communication européenne : bureaucratique, technocratique et démocratique dessine une trajectoire pour mesurer les prochains progrès et les éventuels échecs à venir.

Une réflexion sur « Quel est l’état de la communication européenne ? »

  1. giraud jean guy

    Quel que soit l’adjectif dont on l’affuble, le fait est que la « communication européenne » est catastrophique et en grande partie responsable de la désaffection croissante de l’opinion vis à vis des Institutions et, plus largement, de l’UE. Cette question devrait – enfin – être prise au sérieux par le futur Président de la Commission après 2014.

    Les deux écueils à éviter seront:

    1. la poursuite d’une politique de « profil bas », de crainte de déplaire à certains gouvernements : la Commission doit, au nom de l’UE expliquer et DÉFENDRE avec constance, énergie et simplicité ses actions et ses propositions quelles que soient les objections éventuelles des bureaucraties nationales;

    2. une approche trop technique, trop peu « citizen-friendly » et trop centralisée de la communication : les Commissaires, les DG et les Bureaux extérieurs doivent avoir pour mission claire et prioritaire de prendre toute initiative susceptible de développer dans un large public une bonne compréhension du fonctionnement de l’UE et de ses principales actions sur le terrain.

    Le « déficit démocratique » européen, la difficulté de créer progressivement un « peuple européen », la désertion croissante des élections européennes, la perte de confiance progressive de l’opinion vis à vis des Institutions peuvent largement être attribués à cette grave carence de la « communication européenne ».

    Vu les infructueuses tentatives passées de « ré-orientation » de cette communication, le nouveau Président de la Commission serait bien inspiré de la revoir de fond en comble tant dans ses objectifs et son organisation que dans ses structures. administratives. Il devrait, pour ce faire, la placer directement sous sa propre responsabilité. JGG

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