Le plagiat atteint-il aussi l’espace public européen en ligne ?

Naturellement, l’exercice du blog est une activité qui n’est pas sans risque. Risques liés aux trolls dans les commentaires. Risques correspondant aux citations plus ou moins à propos. Ces risques sont normaux et font partie des règles du jeu. En revanche, le plagiat pur et simple – le copier-coller sans citation de l’auteur – doit être dénoncé, surtout lorsqu’il est réalisé par une personne qui se réclame de son professionnalisme et publie pour le compte d’un acteur influent.

Pauline Desmarest, responsable de la communication Internet à la Fondation Robert Schuman vient de se livrer au plagiat dans « Facebook, Twitter : des outils incontournables pour l’avenir de la démocratie européenne ? ». Une pratique également condamnée par Mathew Lowry, lui aussi victime.

Plagiat n°1 : l’exigence de transparence

Le 9 mars 2011, je publiai « La transparence peut-elle renforcer la légitimité démocratique de l’UE ? » dans lequel j’abordai l’enjeu de la « nouvelle » transparence : la responsabilisation d’un public inclus dans la décision :

« Bien plus que de simplement connaître les résultats du processus décisionnel européen, l’exigence de transparence porte davantage, aujourd’hui, sur l’ouverture pondérée des données publiques qui devraient êtres portés à l’attention du public pour l’inclure dans la prise de décision publique. »

Plagiat de Pauline Desmarest de la Fondation Robert Schuman :
« Bien plus que de simplement connaître les résultats du processus décisionnel européen (comme c’est le cas aujourd’hui), l’exigence de transparence porte désormais davantage sur l’ouverture pondérée des données publiques qui devraient être portées à l’attention du public pour peser dans la prise de décision publique. Autrement dit, l’enjeu de la  » nouvelle  » transparence réside dans la responsabilisation d’un public acteur de la décision. »

Plagiat n°2 : les avantages des réseaux sociaux pour la communication européenne

Le 1 février 2011, je publiai « Quels sont les coûts pour la communication européenne de ne pas investir les médias sociaux ? » dans lequel j’abordai 4 coûts de ne pas investir les médias sociaux, dont celui de détériorer la relation entre l’UE et les citoyens européens :

« Ne serait-il pas en effet plus conforme aux usages quotidiens d’assurer une présence en ligne sur le carrefour d’audiences que constitue Facebook pour répondre aux interrogations des Européens plutôt qu’au travers d’une plateforme téléphonique inconnue par une très large majorité ? »

Plagiat de Pauline Desmarest de la Fondation Robert Schuman :
« Ne serait-il pas plus conforme aux usages actuels de renforcer sa présence sur le carrefour d’audiences que constitue Facebook pour répondre aux interrogations des Européens plutôt qu’au travers du centre d’appel  » Europe Direct « , cette plateforme téléphonique inconnue par une très large majorité d’Européens ? »

Plagiat n°3 : mieux s’adapter à la révolution du Web social : recommandations pour une meilleure utilisation des réseaux sociaux

Le 5 janvier 2011, je publiai « Comment la communication de l’UE s’adapte-t-elle au web social ? » dans lequel je développai les adaptations de la communication européenne avec les médias sociaux :

« La communication actuelle de l’UE dans le web social s’inscrit dans une logique d’échange

Aujourd’hui, la communication de l’UE dans le web social consiste à sensibiliser un public relativement passif au travers d’échanges limités avec des cibles potentiellement nombreuses mais faiblement engagées.

La communication future de l’UE dans le web social s’inscrira dans une logique d’engagement

Demain, la communication de l’UE dans le web social consistera de plus en plus à activer l’engagement des internautes en leur proposant de jouer des « rôles » plus élaborés. »

Plagiat de Pauline Desmarest de la Fondation Robert Schuman : « La communication actuelle de l’UE sur le Web social s’inscrit dans une logique d’échange. Elle consiste à sensibiliser un public relativement passif au travers d’échanges limités avec des cibles potentiellement nombreuses mais faiblement engagées. (…)Il est essentiel d’impliquer les citoyens sur la Toile en leur proposant de jouer des  » rôles  » plus élaborés que les échanges de contenus ou une simple notification  » I like « . »

Plagiat n°4 : un code de conduite sur les réseaux sociaux

Le 31 janvier 2011, je publiai « Comment la Commission européenne s’est-elle dotée d’une charte de communication dans les médias sociaux ? » :

« En avril 2010, sous la responsabilité de Bert Van Maele, le responsable médias sociaux au sein de la DG Communication à la Commission européenne, un blog « Waltzing Matilda » dédié à la communication sur les médias sociaux est ouvert afin d’« apprendre comment la Commission peut utiliser les médias sociaux pour communiquer avec les citoyens ».

En juin 2010, un plan d’actions présenté par Viviane Reding préconise la mise en place d’un réseau de « 10 à 15 experts en médias sociaux au sein de la Commission » pour assurer « une surveillance des blogs et les réseaux sociaux et une réfutation instantanée » (mesure 10).

Juste avant la fin de l’année, une stratégie et des lignes directrices ont été approuvées en interne entre la DG COMM et le cabinet de Reding.

Quoique l’approche envisagée des médias sociaux révèle une profonde méfiance, la formalisation d’une organisation marque une prise en compte indéniable du web social par la Commission européenne. »

Plagiat de Pauline Desmarest de la Fondation Robert Schuman :
« La Commission européenne a mis en œuvre une stratégie pour communiquer sur les médias sociaux approuvée fin 2010 par la DG COMM et le cabinet Reding.
Si la formalisation de cette stratégie marque une prise en compte indéniable du Web social par la Commission européenne, cette charte n’a cependant pas encore été publiée en externe.
En avril 2010, sous la responsabilité de Bert Van Maele, le responsable de l’information et de la communication – Internet au sein de la DG COMM, un blog  » Waltzing Matilda  » dédié à la communication sur les médias sociaux a été ouvert afin d’apprendre comment la Commission peut utiliser les médias sociaux pour communiquer avec les citoyens « .
(…)
La Commission européenne, dans un plan d’action présenté en juin 2010 par Viviane Reding, préconise la mise en place d’un réseau de  » 10 à 15 experts en médias sociaux au sein de la Commission  » pour assurer  » une surveillance des blogs et des réseaux sociaux et une réfutation instantanée  » (mesure 10). »

Plagiat n°5 : pour la création d’un ‘EU Community manager’

Le 27 avril 2009, je publiai « Union européenne et Internet : pour la création de « EU community managers » pour une communication européenne « de la demande » ? » dans lequel je présentai les contours de ce futur métier :

Métier aujourd’hui inexistant, les « EU community managers » serait des médiateurs, des créateurs de liens entre l’UE et les internautes, plus particulièrement responsable :

  • du monitoring et du feed-back : veille sur le web, état des lieux de l’e-réputation de l’UE + rétroaction ;
  • de la mise en place de contenus : gestion des User Generated Content (UGC) et Social Media Optimisation (SMO) ;
  • de la création et l’animation de communautés : fédérer et fidéliser les internautes autour de la marque UE en créant une communauté conviviale ;
  • de la visibilité de l’UE auprès des réseaux sociaux ;
  • du webmarketing : référencement du site, netlinking, partenariats entre sites web, affiliation…

Plagiat de Pauline Desmarest de la Fondation Robert Schuman :
Ces EU community managers seraient des médiateurs, des créateurs de liens entre l’UE et les internautes, plus particulièrement responsables de veille sur le Web, de la mise en place de contenus, de la création et de l’animation de communautés.

Edit : plagiat n°6 : la communication européenne face à l’ambivalence des réseaux sociau

Le 11 février 2011, je publiai « La révolution démocratique de l’UE se fera-t-elle par les médias sociaux ? » dans lequel j’étudiai les médias sociaux face à la crise de la démocratie représentative :

  • « Ni vision angélique de médias sociaux qui sauveraient la représentation politique par la participation citoyenne, même si ceux-ci incontestablement bousculent les attentes et les pratiques des élus et des citoyens ;
  • Ni vision diabolique de médias sociaux qui détruiraient le pouvoir des élus par la mobilisation civique, même si ceux-ci indubitablement renversent les habitudes des élus et des citoyens (quoique cette vision soit effectivement angélique lorsqu’il s’agit de renverser le pouvoir de régimes anti-démocratiques…) ;

Mais un constat : la révolution numérique transforme le système démocratique.

En quoi, le fait que « la société civile a pris le pouvoir sur Internet » constitue-t-elle éventuellement une opportunité pour réaliser la « révolution démocratique » de l’UE ?

D’abord, les médias sociaux modifient l’espace du débat public. L’ère du débat public vécu par procuration avec la TV n’existe plus à l’heure de Facebook, Twitter et Youtube.

Cette nouvelle configuration du débat public peut représenter une opportunité pour l’UE à condition de savoir organiser les espaces européens de dialogue/échange/partage. »

Plagiat de Pauline Desmarest de la Fondation Robert Schuman :
Certains politiques se désintéressent des réseaux sociaux leur attribuant une vision négative pouvant amoindrir leur pouvoir. Il est vrai qu’ils renversent indubitablement les habitudes des élus et des citoyens et qu’ils modifient l’espace du débat public. L’Union européenne doit saisir cette nouvelle configuration pour organiser son espace de dialogue et de partage.

Edit : plagiat n°7 : engager les internautes

Le 8 octobre 2009, je publiai « Comment la communication européenne peut-elle répondre à la révolution du web social ? » :

« Sur le web, plus qu’ailleurs, un rééquilibrage des pouvoirs s’établit, avec une relation plus égale entre l’émetteur et le récepteur.

Le plein usage du web social rend obsolète le modèle de communication asymétrique reposant sur la distinction ordinaire entre émetteur et récepteur.

La nouvelle culture née du web social implique une révolution copernicienne du métier de communicant avec un renversement des pouvoirs, une rupture radicale marquée par le transfert d’autorité à l’internaute « de base », puisque les internautes – qu’ils soient experts ou simples utilisateurs – peuvent eux-mêmes, sur un pied d’égalité, devenir la source et reprendre le contrôle du flux des communications. »

Plagiat de Pauline Desmarest de la Fondation Robert Schuman : Une relation plus égale entre l’émetteur (les politiques) et le récepteur (les citoyens) s’établit grâce au Web social. Ainsi, la véritable révolution à réaliser grâce aux réseaux sociaux serait que l’Union européenne donne une place centrale aux citoyens et les mette sur un pied d’égalité avec les politiques.

Finalement, le plus regrettable – au-delà du plagiat, qu’il n’est jamais trop tard d’amender en citant les sources réelles – c’est l’attitude de l’auteur de cette note, symptomatique d’une difficulté à citer la moindre source d’informations non officielle, ce qui ne pouvait pas ne pas poser problème en traitant de la communication européenne dans les médias sociaux.

Nota bene 1 : La Fondation Robert Schuman a dans un premier temps modifié l’article mis en ligne en y ajoutant les liens vers les sources mobilisées.

Nota bene 2 : Par un e-mail, que le blog 27etc reproduit, la Fondation Robert Schuman a signifié que l’article était définitivement retiré de leur site. Dont acte.

4 réflexions sur « Le plagiat atteint-il aussi l’espace public européen en ligne ? »

  1. mathew

    What an extraordinarily blatant case. Far worse than mine. Totally agree with your conclusion – there’s clearly a focus on (or interest in?) only citing official papers. This doesn’t exactly place the Fondation in the vangaurd of developing the EU online public space …;-)

    Have you heard from them? They appear to be ignoring it on Twitter.

    Répondre
    1. Michael Malherbe Auteur de l’article

      Actually, I received a phone call from the author of the plagiarised document.
      Even if she reckoned her errors, she demanded that I withdraw my paper, which I refuse.
      On Twitter, I was ignored.

      Répondre
  2. mathew

    Classic case of OOS – Offensive Ostrich Syndrome. She appears to be entering Phase 2.

    Offensive Ostrich Syndrome
    — to be used in event of social media scandal —

    Phase 0: Screw up somehow
    Note: it is assumed for the sake of these guidelines that you’ve screwed up already

    Phase 1:
    – bury head in sand
    – hope it goes away before somebody notices

    When it doesn’t, and they do, Phase 2:
    – keep head in sand
    – kick out blindly
    – look even more ridiculous
    – make a bad situation worse
    – repeat until situation untenable, move to Phase 3

    Phase 3:
    Note: it is assumed that by now you’ve made not only an ass out of yourself, but also of your superior, your employe … — comment limit reached! — next installment to follow! —

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