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Marketing d’influence : enquête sur la transparence des contenus des créateurs sur les réseaux sociaux

L’objectif de l’opération « coup de balai » réalisée par la Commission européenne vise à vérifier si les influenceurs signalent leurs activités publicitaires comme l’exige le droit de l’Union en matière de protection des consommateurs…

Principaux résultats

Sur les publications de 576 influenceurs sur les principales plateformes de médias sociaux :

  • Manque de transparence : 97 % publient des publications à contenu commercial, mais seulement 20 % le signalent systématiquement. => Cela peut induire en erreur les consommateurs qui pourraient ne pas être conscients qu’ils sont exposés à du contenu promotionnel.
  • Non-enregistrement systématique : 78 % des influenceurs exercent une activité commerciale, mais seuls 36 % sont enregistrés. => Cela pourrait avoir des implications juridiques et fiscales.
  • Utilisation inadéquate des mentions de plateforme : 38% des influenceurs n’ont pas utilisé les mentions de plateforme qui servent à signaler des contenus commerciaux, préférant des formulations différentes telles que « collaboration » ou « partenariat » trop vagues.
  • Promotion de produits propres : 40% des influenceurs ont recommandé leurs propres produits, services ou marques, sans toujours divulguer clairement qu’il s’agissait de publicité.

Sur le panel des créateurs de contenus audités,82 influenceurs comptaient plus de 1 million d’abonnés, 301 plus de 100 000 et 73 entre 5 000 et 100 000.

Plusieurs influenceurs étaient actifs sur différentes plateformes de médias sociaux: 572 publiaient sur Instagram, 334 sur TikTok, 224 sur YouTube, 202 sur Facebook, 82 sur X (anciennement Twitter), 52 sur Snapchat et 28 sur Twitch.

Les principaux secteurs d’activité concernés sont, par ordre décroissant, la mode, l’art de vivre, la beauté, l’alimentation, les voyages et le fitness/sport. 119 influenceurs ont été considérés comme promouvant des activités malsaines ou dangereuses, telles que la « mal-bouffe », la consommation de boissons alcoolisées, des traitements médicaux ou esthétiques, les jeux d’argent et de hasard ou des services financiers tels que le trading sur cryptomonnaies.

Entrée en vigueur du règlement sur les services numériques

Avec l’entrée en vigueur le 17 février du règlement sur les services numériques pour toutes les plateformes en ligne dans l’UE, les influenceurs ont de nouvelles obligations :

  • Les influenceurs qui téléchargent des contenus doivent déclarer si ces contenus contiennent des communications commerciales ;
  • Les influenceurs ayant qualité de professionnels doivent fournir des informations pour garantir leur traçabilité avant d’utiliser une plateforme en ligne pour promouvoir ou proposer leurs produits ou services.

Plateforme d’informations juridiques pour les influenceurs

En 2023, la Commission européenne a lancé, l’« Influencer Legal Hub », une plateforme d’informations juridiques pour les influenceurs afin de fournir des contenus essentiels sur le droit européen de la consommation et le marketing d’influence à travers des formations vidéo approfondies en trois parties pour acquérir une compréhension approfondie des enjeux juridiques liés au marketing d’influence, aux influenceurs en tant qu’annonceurs et en tant que vendeurs ainsi que des guides pratiques et des outils utiles.

La Commission européenne rappelle que « la législation de l’UE en matière de protection des consommateurs prévoit que les communications commerciales doivent être transparentes. Dans leurs publications, les influenceurs ne devraient pas induire les consommateurs en erreur par des informations fausses ou mensongères sur les produits ou services promus. Toute promotion des produits ou services d’une marque dans une publication qui génère des revenus ou d’autres types d’avantages pour l’influenceur concerné doit être signalée en tant qu’activité publicitaire. En outre, les influenceurs qui vendent des produits ou des services pour leur propre compte ont les mêmes obligations légales que les magasins en ligne, telles que celle d’accorder aux consommateurs une garantie légale ou un droit de rétractation ».

Une piste d’amélioration pourrait être de mieux développer des outils natifs aux plateformes de médias sociaux d’affichage des contenus promotionnels afin d’améliorer la transparence pour les consommateurs ainsi que de rendre plus facile pour les influenceurs de signaler correctement leurs contenus commerciaux.

Au total, les résultats de l’opération « coup de balai » devraient alimenter les réflexions en vue d’une révision de la législation de l’UE en matière de protection des consommateurs pour garantir le niveau le plus élevé au monde dans la protection des consommateurs dans l’espace numérique.

Transformation des médias : tendances globales autour de l’information et de l’impact de l’intelligence artificielle en 2024

Comme chaque année, le festival « Médias en Seine » fournit une occasion toujours pertinente pour décrypter les dernières évolutions dans le domaine de l’information et des nouvelles technologies, alors que les actualités à la chronique des médias est très intense en innovations…

Tendances globales pour les médias numériques d’information

Nic Newman, du Reuters Institute, a partagé lors de la conférence Médias en Seine « Les grandes tendances mondiales qui vont marquer les médias en 2024 » plusieurs tendances marquantes dans le paysage des médias numériques d’information :

  • 1. Fatigue et évitement de l’actualité
  • Une baisse d’attention, avec une portée hebdomadaire en déclin à l’échelle mondiale.
  • Un désintérêt croissant pour l’actualité, particulièrement prononcé en Europe.
  • Une tendance à l’évitement sélectif de l’actualité en raison de son caractère dépressif et anxiogène.

Pour répondre à la demande du public en quête d’espoir, les médias doivent privilégier des récits inspirants, un contexte enrichi, une plus grande valeur, et des contenus constructifs.

  • 2. La fin de la référence sociale
  • Une diminution de l’influence de Facebook sur le trafic des sites d’actualités, marquée par un retrait des partenariats médias.
  • Les plateformes sociales algorithmiques opèrent de manière indépendante des médias d’information.
  • Un changement encore plus significatif chez les jeunes, avec un désintérêt croissant pour Facebook.

Les éditeurs se tournent désormais vers TikTok, réduisant leurs efforts sur les médias sociaux traditionnels, et mettant davantage l’accent sur la maîtrise des vidéos verticales ainsi que sur l’adoption des stories sociales, rapides, divertissantes et authentiques.

  • 3. Confiance en berne dans l’actualité
  • Une image de confiance en déclin et de polarisation croissante due à des débats divisifs.
  • La critique des médias alimentée par une confiance réduite, avec une corrélation entre la méfiance envers les médias et la critique de ces derniers.
  • Des préoccupations liées à l’impact de l’IA et des deep fakes, brouillant davantage la frontière entre faits et fiction.

Face à ces défis, les médias doivent renforcer l’impartialité, la fiabilité dans un monde incertain, accentuer la qualité du contenu, et persévérer dans la vérification des faits sur les médias sociaux.

  • 4. Pression sur le business du journalisme
  • Une stagnation du paiement pour toute actualité en ligne.
  • La persistance du modèle « le gagnant rafle tout », surtout avec le succès des abonnements de niche.
  • L’émergence d’autres contenus payants, tels que des plateformes pour journalistes individuels (Substack et podcasts).

Pour faire face à ces pressions, l’idée de forfaits d’abonnement tout inclus pour un accès global à l’actualité se profile.

  • 5. Nouvelles technologies émergentes et innovations
  • De nouvelles façons d’interagir avec l’actualité, notamment l’utilisation de Perplexity, un chatbot basé sur l’IA, réduisant la valeur de la marque médiatique.
  • Des évolutions dans la manière d’interagir avec Internet, incluant des épingles AI, indépendantes des smartphones et des recherches classiques.

Les médias doivent embrasser la dynamique des actualités numériques en adoptant une approche d’expérimentation et d’apprentissage constant.

II. Tendances liées à l’intelligence artificielle pour les médias d’information

Au rendez-vous annuel « Médias en Seine », lors de la table ronde « Comment l’IA va rebattre les cartes dans les médias ? », plusieurs experts débattent de l’enjeu majeur de l’impact de l’intelligence artificielle dans la conception, la production et la distribution de l’information dans nos démocraties.

1. L’IA, entre réalité de l’humain hybride et le fantasme du grand remplacement technologique

Le professeur en Digital Media Strategy à Chicago, Jeremy Gilbert cherche à comprendre l’impact de l’IA sur les médias d’information, dans la mesure où les prompts proactifs du public pour obtenir des contenus prédictifs sur la base de larges modèles de langage est l’exact inverse de l’information produite par les journalistes et livrées par les médias au public.

En termes d’usage, deux visions à ce stade s’opposent entre d’une part une nouvelle forme de « human hybrid » où l’humain utilise l’IA dans sa vie quotidienne et la théorie du grand remplacement technologique où l’IA prendra en charge toute la production de l’information.

Certes, certaines activités de vérification vont évoluer avec l’IA mais par essence, le métier du journalisme ne changera pas, l’IA peut apporter plus de créativité mais l’IA ne peut pas remplacer la créativité humaine.

De nombreuses questions restent sans réponse pour le moment qu’il s’agisse de la propriété intellectuelle, de la régulation, des copyrights avec IA, des bases de données pour entraîner les IA…

2. L’IA au cœur des innovations dans la publicité avec Média Transport et le journalisme chez TV5 Monde

Pour Norbert Maire de Média Transport, la régie publicitaire spécialisée dans l’affichage urbain, plusieurs proofs of concept sont actuellement expérimentées avec l’agence de publicité Publicis, en matière d’automation des données, entre les owned data de première main et les data venant des médias sociaux ainsi que des expérimentations en matière d’IA génératives et d’analyse des comportements du public.

Pour Hélène Zemmour de la chaîne TV5 Monde, l’IA challenge de nombreux sujets clés comme l’éthique des journalistes ou les revenus publicitaires, ce qui se traduit par plusieurs initiatives afin de ne pas perdre en découverabilité des contenus face au flot de contenus de moindre qualité référencés et de développer un label collectif pour authentifier les contenus originaux et définir un fair use des IA et un partage des revenus équitables.

3. L’IA, un enjeu de bien public ; pour une citoyenneté digitale

Représentant du régulateur français l’Arcom, Benoît Loutrel précise les missions face aux différents scénarios :

  1. Combattre les acteurs malveillants, qui détournent l’IA à des fins de manipulation de l’opinion
  2. Prévenir les acteurs négligents, qui utilisent l’IA afin de produire des contenus de faible qualité qui pose problème pour les moteurs de recherche
  3. Encourager les médias de qualité, qui devraient davantage maîtrisés l’IA au service du décryptage des réalités médiatiques

Le régulateur français cherche un meilleur équilibre, nécessaire à notre démocratie dans la responsabilisation des médias algorithmiques que sont la plupart des médias sociaux face aux médias traditionnels qui éditorialisent leurs contenus. Les citoyens ont besoin d’être plus conscient de ces enjeux et de développer leur esprit critique.

4. L’IA et les prochaines élections

Pour Jeremy Gilbert, l’impact de l’IA sur les prochaines élections présidentielles aux États-Unis est d’ores et déjà perceptibles dans les Primaires. L’IA permet aux citoyens de choisir de croire les messages négatifs contre les opposants ou les messages positifs pour son propre candidat. Cette divergence entre l’avancée technologique qui ne cesse d’accélérer et le scepticisme qui renforce les attitudes des citoyens aura un impact sur la mobilisation et la participation électorales.

Pour Benoît Loutrel, lors des élections présidentielles en 2022, 2 incidents – seulement – ont émaillées la campagne avec le blocage automatisée de plusieurs comptes de candidats temporairement sur Twitter ainsi que le blocage d’une chaîne Youtube d’un candidat qui avait essayé de diffuser une publicité à caractère politique proscrite par la loi. Les plateformes des médias sociaux apprécient le rôle du régulateur pour expliquer l’importance de respecter les règles et la transparence dans la résolution.

EUMedialPoll2023 : qu’est-ce qui influence les influenceurs de l’Union européenne ?

Depuis 2016, l’enquête #EUMediaPoll révèle quelles sources d’informations ont le plus d’influence sur les décideurs de l’Union européenne, y compris les membres du Parlement européen, le personnel des institutions de l’UE et les leaders d’opinion…

Sources médiatiques : Politico Europe, la source d’information la plus influente dans la prise de décision de l’UE devant The Economist et FT Brussels, à la fois reconnus pour leur expertise et la qualité de leur analyse

Tout a changé pour la source d’information la plus influente en 2023. Une nouvelle bataille entre Politico Europe et The Economist émerge en haut du classement sur un pied d’égalité, comme les médias les plus influents de cette année, nécessaires pour prendre des décisions éclairées dans la capitale de l’Europe.

Du côté des médias spécialisés dans les affaires européennes, plusieurs mouvements significatifs dans le top 10 comprenant Euractiv (en hausse de 6 %) et faisant son entrée dans le top 5, EU Observer (en hausse de 7 %), ce qui révèle que sa présence est plus significative dans la sphère médiatique européenne tandis qu’Euronews (en baisse de 10 %) perd en crédibilité, sans doute lié aux nouveaux actionnaires et aux déboires financiers entraînant des licenciements dans la rédaction.

Médias sociaux les plus utilisées par les décideurs de l’UE : LinkedIn à la hausse et X-Twitter à la baisse

LinkedIn continue de gagner en impact en tant que premier média social le plus fréquemment utilisé par les décideurs de l’UE, derrière l’appli de messagerie WhatsApp mais surtout dorénavant devant X (anciennement Twitter) en baisse de fréquence d’utilisation, en particulier depuis le rachat par Elon Musk en octobre 2022.

YouTube et Facebook en milieu de tableau conservent leurs positions solides dans le paysage des médias sociaux de la sphère européenne, tandis qu’Instagram se démocratise et TikTok fait une timide apparition dans le classement pour la première fois.

Le cas des influenceurs

Les influenceurs des médias sociaux (militants, universitaires, militants, journalistes, etc.) ont vu une augmentation significative de leur influence, passant de 30 % en 2022 à 46 % cette année, même si leur influence directe ne devrait pas encore être surestimée.

Cette montée croissante des influenceurs des médias sociaux montre à quel point ils sont essentiels dans la façon dont ils introduisent de nouveaux sujets et façonnent les comportements. L’influence de ces individus commence à avoir un impact dans le domaine de l’élaboration des politiques publiques européennes.

Les personnels des institutions de l’UE et les formateurs d’opinion à Bruxelles

Les personnels des institutions de l’UE trouvent The Economist le plus influent, tandis que parmi les formateurs d’opinion à Bruxelles, FT Brussels est considéré comme plus influent. Politico Europe est considéré comme le meilleur en raison de son accès privilégié aux sources, tant The Economist que FT Brussels sont respectés en raison de leur expertise et de la qualité de leur analyse.

Comment les décideurs de l’UE accèdent-ils aux nouvelles et aux informations de l’UE ? Les sites de nouvelles en ligne et les lettres d’information par e-mail sont les moyens les plus courants d’accéder aux nouvelles et aux informations. D’autres sources qui font leur entrée dans le sondage sont les think tanks et les organisations de la société civile.

Autant d’insights intéressants à suivre dans la perspective des prochaines élections européennes en 2024.

Campagne #TheGreenTrack : comment amplifier la voix des jeunes Européens sur l’environnement ?

La communication auprès des publics jeunes, quel que soit le sujet, est toujours un défi, encore plus marquée lorsqu’il s’agit de sensibiliser les jeunes à des problématiques européennes. La campagne #TheGreenTrack vise à donner la possibilité aux jeunes de toute l’Europe d’exprimer leurs espoirs et leurs préoccupations concernant la nature, la biodiversité et l’avenir durable de l’Europe…

La Campagne #TheGreenTrack, dans le cadre de l’Année européenne de la Jeunesse

La campagne #TheGreenTrack, lancée par la Commission européenne en collaboration avec le Réseau mondial des jeunes pour la biodiversité et Biodiversity Action Europe mobilise des jeunes Européens en prévision de la Conférence sur la biodiversité des Nations Unies, encourage le dialogue entre les jeunes et les décideurs politiques, ainsi qu’entre la société, les gouvernements, les entreprises et les scientifiques et implique les activistes et les ONG dans la prise de décisions environnementales.

En tant que contribution majeure de l’UE à l’Année européenne de la Jeunesse, #TheGreenTrack écoute les préoccupations et les recommandations des jeunes Européens sur des sujets clés tels que la biodiversité et la nature, l’économie circulaire, le changement climatique, la pollution zéro et le mode de vie durable.

La campagne Green Track fournit une plateforme aux jeunes de toute l’Europe pour contribuer au débat et mettre en lumière leurs actions concrètes pour protéger la nature et pour concrétiser le Pacte vert européen :

  • 32 événements dans 21 pays à travers l’Europe : débats publics, activités de plein air, expositions ou soirées d’échange,
  • Plus de 1 500 participants présents sur place,
  • Plus de 21 millions de personnes touchées par la campagne en ligne.

Recommandations pour une éventuelle poursuite et amplification de la campagne

Tout d’abord, la visibilité de la campagne #TheGreenTrack aurait pu être amplifiée en intégrant dès le départ la visibilité sur les réseaux sociaux afin de rendre plus visible et accessible à un plus large public en vue de renforcer la sensibilisation aux problématiques environnementales européennes des jeunesses européennes.

Ensuite, l’interactivité de la campagne pourrait être renforcée en créant des dispositifs interactifs sur les médias sociaux qui incitent les jeunes à participer activement :

  • Programmer des défis liés à la durabilité, des concours de créativité environnementale, ou des hashtags spécifiques pour encourager le partage de leurs actions en faveur de la nature.
  • Encourager les jeunes à partager leurs propres histoires, vidéos, photos et idées sur la nature et la biodiversité en Europe.
  • Organiser des concours pour le meilleur contenu généré par l’utilisateur et les mettre en avant sur les plateformes officielles de la campagne.
  • Utiliser la réalité virtuelle et de la réalité augmentée avec des expériences permettant aux jeunes de découvrir virtuellement des écosystèmes européens menacés, d’interagir avec des espèces en voie de disparition, ou de simuler les effets du changement climatique. Ces expériences peuvent être partagées en ligne pour toucher un public plus large.
  • Discuter en temps réel, via des chats vidéo avec des experts en environnement, des responsables politiques ou des scientifiques, pour répondre aux questions des jeunes en direct. Utiliser des plateformes de streaming en direct et des médias sociaux pour faciliter ces échanges.
  • Développer des jeux en ligne éducatifs qui abordent des sujets environnementaux européens de manière ludique et informative. Ces jeux peuvent être conçus pour être à la fois amusants et instructifs, ce qui permettrait aux jeunes de s’immerger dans les défis environnementaux et de mieux les comprendre.

Au total, la campagne #TheGreenTrack incarne la communication largement interpersonnelle et potentiellement interactive de l’Union européenne autour des problématiques environnementales auprès des jeunes.

Youtube, comment la communication de la Commission européenne pourrait passer d’une logique d’offre à une logique à la demande ?

Quels enseignements peut-on tirer de l’analyse comparative des chaînes YouTube de la Commission européenne entre l’institution dans son ensemble et ses 16 chaînes thématiques selon les différentes politiques publiques européennes ?

Une typologie moyenne d’une chaîne Youtube

La moyenne calculée au sein des 16 chaînes Youtube des différentes directions générales de la Commission européenne correspond à une présence rassemblant 28000 abonnés, 553 vidéos, 3,9 millions de vues cumulées et 1,3 millions de vues pour la meilleure vidéo.

Des abonnés très variables

Les chaînes Youtube varient considérablement en termes d’abonnés, allant de quelques milliers à plus de 180 000 abonnés.

Évidemment, la chaîne de la Commission européenne est la plus populaire avec 180k abonnés, ce qui est logique puisqu’elle représente l’organe exécutif de l’Union européenne. Des chaînes comme EUScienceInnovation avec 21,7k, EUInterpreters à 15,2k et Eucrisisresponse à 13,7k sont les seules à dépasser la barre symbolique des 10,000 abonnés.

La fidélisation des audiences est l’un des principaux défis pour les chaînes Youtube.

Un nombre de vidéos relativement élevés

Les chaînes présentent une gamme de contenus, allant de quelques centaines de vidéos à plus de 4 700 vidéos, pour la Commission européenne.

Certaines chaînes, telles que EUScienceInnovation (1886), EUinmyRegion (1191) et Eucrisisresponse (1142) ont partagé un volume de plus de 1,000 vidéos depuis leur création.

La corrélation est tendanciellement favorable entre le volume croissant des vidéos et le nombre d’abonnés.

Des totaux des vues très inégaux

Les chaînes varient également beaucoup en termes de vues totales, allant de quelques centaines de milliers à plus de 90 millions de vues, pour la chaîne principale de la Commission européenne, est en tête en termes de vues.

Tandis que seules deux chaînes ne dépassent pas un cumul d’un million de vues, avec TranslatingforEurope à 303k et EUSecurityandDefence à 829k ; la chaîne Eucrisisresponse culmine à 18 millions de vues cumulées.

La corrélation est tendanciellement non significative entre le volume croissant des vidéos et le nombre cumulé de vues.

Des vidéos les plus vues

La vidéo la plus vue de la chaîne EuropeanCommission est « NextGenEU – Make It Real © » avec 31 millions de vues, un résultat très significatif puisqu’il s’agit du spot principal de la première campagne corporate de la Commission von der Leyen.

Quelques insights sur les sujets les plus tendances

A partir des titres des vidéos les plus vues, ce dégage quelques tendances sur les centres d’intérêt du public, sachant que presque la moitié des chaînes thématiques Youtube dépassent le cap du million de vues pour leurs meilleures vidéos, tandis que la chaîne de la Commission européenne cumule le double de vidéos dans cette même catégorie :

  1. Single-use plastics: are you #ReadyToChange? – DG Environnement, 5,4M
  2. #EUEducationEmpowers – Eucrisisresponse, 4,6M
  3. More than Food: Great Stories to Share – Short EN. – DG Agriculture, 2,7M
  4. Road Trip Project Season 2 | New Documentary – Euinmyregion, 1,5M
  5. A day in the life of a customs sniffer dog – Eutaxud, 1,2M
  6. GDPR: WHO DOES WHAT WITH YOUR PERSONAL DATA? – Eujustice, 1,1M
  7. We are on a mission for 2030! – Explore the new European Research and Innovation Exhibition – Euscienceinnovation, 1M

A partir du nombre de vues de la vidéo la plus vue par rapport au nombre d’abonnés, ce dégage également quelques observations. Par exemple, la vidéo la plus vue de EUClimateAction a un nombre de vues relativement faible par rapport au nombre d’abonnés, ce qui peut indiquer un engagement limité pour une vidéo consacrée à « The EU Emissions Trading System explained » très technique. En revanche, avec plus deux fois moins de vidéos produites, la meilleure vidéo « Fighting piracy on the high seas » de la chaîne EUSecurityandDefence indique que le sujet est très performant auprès du public.

Dernière illustration avec la chaîne Youtube EUfinance qui parvient à cumulé plus de la moitié de son total de vues cumulées sur 2 vidéos dernièrement publiées « Grow your future, invest in you! » 844k et « Destination: your future. Invest in you! » 671k, dont le partis pris créatif est très original.

Représentativité par rapport aux politiques publiques de la Commission européenne

Au regard de l’ensemble des directions générales de la Commission européenne et de leur importance en termes de politiques publiques de l’UE, il semblerait possible de dégager quelques hypothèses de recherche :

Les directions générales ayant des compétences exclusives ou des rôles clés dans des politiques majeures, tels que le marché intérieur, la politique commerciale, la politique de concurrence ou la politique monétaire devraient théoriquement avoir une présence solide sur la plateforme Youtube. Or, sans être particulièrement sous-représentées sur YouTube, les vidéos partagées autour de ces sujets ne semblent pas correspondre aux plus gros succès en termes d’audience et d’impact.

En revanche, les vidéos traitant de questions importantes et plus récente à l’agenda institutionnel européen, telles que le changement climatique, la politique énergétique, la sécurité, l’immigration, la protection des consommateurs ou la santé publique, autant de domaines relevant de compétences partagées de l’UE, semblent davantage conquérir les cœurs des Européens en termes de performance et de résultats visibles.

Recommandations pour la stratégie de communication sur Youtube

Sans doute, la production de vidéos pourrait davantage tenter de chercher à répondre à des sujets tendanciellement transversaux auprès des audiences en ligne, comme l’on peut songer à la durabilité, la cybersécurité ou l’intelligence artificielle, qui concernent quasiment toutes les actions de l’UE et qui pourraient de la sorte constituer, à titre d’exemples, des opportunités futures de prises de parole plus transversales et potentiellement plus performantes.

Surtout, la production de vidéos par la Commission européenne et ses directions générales pourrait profiter d’une approche qui consisterait davantage à benchmarker les sujets populaires et les formats créatifs correspondant dans leurs différents univers afin de passer d’une logique d’offre, autour des actions de l’UE, à une logique de vidéos, à la demande, sans aller jusqu’au modèle Netflix qui catégorise ses audiences et conditionne la production de nouvelles séries au potentiel de succès auprès de personae très spécifiques.

Au total, l’analyse de la présence de la Commission européenne sur Youtube met en évidence l’importance de créer du contenu qui correspond aux préoccupations du public et s’adapte aux tendances en matière de communication, tant les requêtes populaires que les concepts créatifs véhiculés par les Youtubeurs. La Commission européenne pourrait capitaliser sur ces insights pour orienter sa stratégie de communication et s’assurer que ses messages et ses politiques sont diffusés de manière efficace et pertinente sur YouTube.