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Décryptage de l’écosystème dans les médias sociaux du Parlement européen

L’institution représentant le plus directement les citoyens européens – le Parlement européen – se doit d’être exemplaire dans sa communication auprès du grand public, et en particulier dans les médias sociaux. Qu’en est-il vraiment ?

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Une gouvernance maîtrisée et orchestrée

Contrairement à la Commission européenne qui ne semble pas maîtriser intégralement sa présence dans les médias sociaux, le Parlement européen orchestre de manière visible sa présence, entre les comptes au nom de l’institution, les comptes des Bureaux d’information dans les Etats-membres et les comptes spécialisés, comme par exemple les commissions parlementaires.

Selon la base de données de l’Union européenne dans les médias sociaux, le Parlement européen, à ce jour, c’est :

  • 97 comptes Twitter pour une audience cumulée de 1,7 millions de followers
  • 42 pages Facebook, pour une audience totale de 3,9 millions de fans
  • 25 chaînes Youtube et 37,7 millions de vidéos vues
  • 14 comptes Instagram, 69k abonnés
  • 1 page LinkedIn avec 180k abonnés
  • 1 page Google+ avec 117k abonnés
  • 3 boards Pinterest et 5,1k abonnés

Une physionomie plutôt grand public et localisée

L’importance relative des audiences sur Facebook et Youtube par rapport aux autres médias sociaux laisse imaginer une typologie d’audience plutôt grand public. Avec 2,1 millions de fans, la page Facebook est la première présence de l’Union européenne dans les médias sociaux tandis que la visibilité cumulée de la chaîne Youtube capitalise sur les campagnes de communication antérieures à l’occasion des élections européennes.

Les audiences cumulées spécifiques aux Bureaux d’information du Parlement européen dans les Etats-membres sont relativement limitées avec 12% de l’audience totale sur Twitter et 15% sur Facebook. Mais, ces audiences spécifiquement locales doivent être cumulées avec une présence qui joue résolument la carte de l’adaptation aux publics locaux. En effet, le Parlement européen occupe une présence segmentée sur Twitter en fonction des 24 langues officielles de l’UE, du compte en anglais (300 000 followers) le plus suivi, au compte en maltais avec 1417 abonnés.

Les groupes politiques dans les médias sociaux

Associés aux comptes institutionnels dans le classement proposé en ligne sur europa.eu, les groupes politiques font également l’objet d’une hiérarchie dans leur présence en ligne, qui n’est pas très éloignée de leurs poids électoraux respectifs : le parti populaire européen (PPE) se place en tête sur Twitter et Facebook, suivi par les sociaux-démocrates européens (S&D) les libéraux de l’ALDE, les Verts européens, GUENGL, ECR et EFD.

Les commissions parlementaires sur Twitter

Autre particularité propre au Parlement européen, la présence des différentes commissions parlementaires sur Twitter – une innovation que la plupart des parlements ne proposent pas à ses publics, notamment ni l’Assemblée nationale, ni le Sénat en France. Le trio de tête se compose des commissions Environnement, Agriculture et Affaires économiques.

Au total, la présence du Parlement européen dans les médias sociaux est très distinctive d’une institution qui n’hésite pas à innover et qui prend le parti délibéré de s’adresser à une large audience, à l’échelle du continent européen, en réduisant au maximum les duplications éventuelles de communautés. 

Médias sociaux : la Commission européenne, combien de divisions ?

Attention la réponse est particulièrement longue : 190 comptes Twitter, 100 pages Facebook, 36 chaînes Youtube, 25 comptes Instagram, 18 comptes perso/pages/groupes sur LinkedIn, 7 pages Google+ et 4 comptes Pinterest. Ne serait-il pas temps d’envisager une rationalisation de cette présence référencée devenue protubérante ?

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Twitter : le média social le plus « digital native » pour la Commission européenne

Entre les Commissaires qui y sont tous présents depuis longtemps (et c’est bien le seul média social dans ce cas), les services et directions de la Commission européenne qui rassemblent une bonne centaine de comptes et quasiment toutes les Représentations dans les Etats-membres, Twitter est le plus investi.

Côté chiffres, l’audience cumulée globale – qui n’a pas beaucoup de sens compte tenu d’un fort recoupement des audiences – représente 4,194 millions de « followers », dont 1,6 pour les Commissaires dominés par Juncker, près de 700 000 pour le compte corporate et 400 000 pour les comptes décentralisés.

Le principal chantier à ce stade du déploiement des directions, agences et services de la Commission européenne devrait être de réduire le nombre de comptes actifs. Suggérons d’emblée la suppression d’une bonne douzaine de comptes dont les codes ont dû être égarés dans un fond de tiroir : @cnectflashD2, @EdenEurope, @RIM_eu, @Ideas4Europe, @IUConvention, @innovationunion, @ICTinnovEU, @ict2015eu, @FuturiumEU, @Eufilmheritage, @EYD2015.

Une réflexion plus « corporate » devrait être engagée pour fixer des critères objectivant les suppressions ultérieures en fonction des audiences et des messages. La DG Digitale s’est particulièrement illustrée par une exemplarité qui frôle avec l’hyper-activité.

Facebook : le média social le plus « grand public » pour la Commission européenne

Avec pratiquement moitié moins de pages (100 vs 190), l’audience cumulée est quasiment identique avec 4,165 millions de fans, ce qui peut démontrer à la fois que la rationalisation ne fait pas au détriment de l’acquisition d’audience et/ou que cette plateforme demeure par excellence le média social du grand public.

Du côté des Commissaires, c’est le Vice-Président Timmermans qui mène avec une page chaleureuse et humaine très bien animée. Il en manque encore une dizaine qui ne semble pas convaincu d’une présence active sur Facebook.

Là encore, la rationalisation devrait être engagée et au moins une bonne demi-douzaine de pages pourraient être fermées du jour au lendemain : China IPR SME Helpdesk, CCS network, eSkills4jobs (9 likes), EU Expo 2015 et Passenger Rights.

Youtube : le média social le plus créatif pour la Commission européenne

Avec 36 chaînes, dont seulement 1 Commissaire et 5 Représentations, la présence de la Commission européenne sur Youtube est, en comparaison beaucoup plus timide en apparence.

Alors qu’avec 40,452 millions de vues cumulées – dont 5 chaînes à plus du million et la chaîne EU Tube à 26 millions de vues – la Commission européenne s’est taillée la part du lion en termes d’audience, notamment grâce aux nombreuses vidéos créatives.

Instagram : le média social le plus en croissance pour la Commission européenne

Arrivé parmi les derniers de la classe, Instagram est en voie rapide d’adoption, significativement plus d’ailleurs par les Représentations dans les Etats-membres (déjà 18) que par les directions et services (seulement 5) ou les Commissaires (seulement 4).

L’animation sur le compte corporate @europeancommission est particulièrement riche et variée avec un storytelling très construit autour de l’actualité de l’institution, même si, comme souvent, le compte @europeanparliament est davantage suivi.

LinkedIn : le média social le plus brouillon et sous exploité pour la Commission européenne

Seulement 18 liens qui marchent dans la base de données en ligne, et la confusion est totale entre les comptes personnels (parfois même utilisés par des services), les groupes et les pages – format encore beaucoup trop rare.

Étonnement, LinkedIn est le média social le plus boudé et c’est dommage qu’il soit aussi sous exploité alors qu’il est majoritairement peuplé de diplômés qui ne seraient pas effrayés par une présence européenne plus forte.

Google+ : le média social le plus problématique pour la Commission européenne

Que peut-on dire des 7 comptes existants sur Google+, un réseau social dont la mort est régulièrement annoncée tous les 6 mois ? A vrai dire, une seule chose, il faudrait sans doute quasiment tous les fermer aux vues de leurs chiffres – hormis le compte corporate qui rassemble plus de 1,689 millions d’abonnés.

Pinterest : le média social le moins… pour la Commission européenne

Peu de chose à dire pour les 4 comptes Pinterest, hormis que les moins de 5000 abonnés ne permettent pas de briller, si l’on se contente de regarder l’audience. En termes de contenus, les tableaux de visuels, d’infographies et de messages clés sont intéressants, notamment pour la page UE en France.

Que faut-il conclure ? Que le mouvement qui a conduit la présence digitale (sites web) de la Commission européenne à connaître un phénomène de croissance exponentielle au point de justifier une rationalisation actuellement en cours est probablement une indication de la prochaine étape qui attend les médias sociaux. La période de chasse du « petit oiseau » (cf. Twitter) ne fait sans doute que commencer… 

Comment les eurodéputés s’informent et communiquent dans les médias sociaux ?

Pour la 3e fois, Fleichman-Hillard publie son « European Parliament Digital Trends Survey », une enquête auprès de 100 eurodéputés pour mieux comprendre leurs pratiques en matière d’information et de communication dans les médias sociaux…

Les médias sociaux font dorénavant partie du travail des euro-parlementaires

La lecture des premiers résultats de l’enquête confirme que les médias sociaux sont dorénavant incontournables au Parlement européen :

  • 61% des eurodéputés écoutent quotidiennement les conversations dans les médias sociaux, même s’ils n’y participent pas activement ;
  • 88% soit 663 sont présents sur Facebook ;
  • 76% sont actifs sur Twitter soit 572 ;
  • 28% maintiennent une présence sur LinkedIn, le réseau social qui progresse le plus ;
  • 80% des eurodéputés (seulement) disposent d’un site web personnel.

Les médias sociaux sont clairement devenus des médias de choix dans la communication des eurodéputés en ligne à destination des parties prenantes : ONG, entreprises et think tanks.

En matière d’usage, des pratiques se dessinent également selon les médias sociaux :

  • Twitter est apprécié pour sa dimension « breaking news », pour s’engager dans des échanges avec les parties prenantes et apprendre les positions des différents acteurs ;
  • LinkedIn, le plus récent, est utilisé pour construire et s’informer sur son réseau.

Les moteurs de recherche, les médias en ligne et les médias sociaux sont des ressources quotidiennes

Toute la palette des outils web est mobilisées plus ou moins massivement par les eurodéputés et leurs collaborateurs :

  • Google est utilisé quotidiennement par 82% des élus et de leur staff ;
  • Les médias en ligne, et les médias spécialisés sur l’UE sont également largement consultés tous les jours ;
  • Wikipedia est très régulièrement visités.

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La communication intégrée (off et online) avec les parties prenantes est pratiquée par les eurodéputés

Dans leur communication avec les parties prenantes, les eurodéputés adoptent un mix entre moyens off-line « traditionnels » encore très appréciés (réunions, événements et position papers) et canaux online (infographies, vidéos, Wikipedia et les sites et comptes dans les réseaux sociaux).

MEP_digital_trends_2015_stakeholders_channelsLa hiérarchie des canaux de communication, lorsque les eurodéputés doivent se forger une opinion en matière de politique publique est dominée par les moyens traditionnels (réunions et positions papers) mais talonnée par les nouveaux formats (infographies et médiaux sociaux) tandis que les événements et les médias sponsorisés sont peu pertinents.

Au total, en quelques années, l’information et la communication des eurodéputés ont été largement bouleversées par les médias sociaux et les nouveaux formats sans pour autant faire disparaître les moyens traditionnels qui cohabitent plus ou moins harmonieusement.

Bruxelles, lieu de pouvoir ? La preuve par le paysage médiatique bruxellois

La capitale européenne est-elle en train de devenir véritablement un carrefour d’influence, un centre décisionnel ? Ce ne sont pas les armées pléthoriques de lobbyistes ou le corps de presse efflanqués auprès de l’UE qui en apportent la preuve, mais de nouveaux acteurs dans le paysage médiatique bruxellois…

Enfin, avec Politico Europe un média d’investigation global sur la vie politique et les politiques publiques européennes

L’arrivée cette année de Politico Europe créé l’événement et représente tout un symbole.

L’événement : comment décrire autrement « the new kid in the block » avec ses 30 journalistes recrutés et ses 10 millions de dollars investis.

Le symbole : c’est la confirmation qu’il y a de la place pour un média d’investigation paneuropéen dédié à l’UE (à condition de racheter European Voice l’un des seuls médias aujourd’hui rentables…). C’est surtout la confirmation que la couverture des affaires européennes ne passe que par un modèle pour « happy few », puisque Politico aux USA est un média 100% politique de qualité, mais de niche.

Enfin, des médias décalés ou satiriques sur les coulisses et les arrières couloirs des allées du pouvoir bruxellois

La consécration de la scène bruxelloise comme véritable lieu de pouvoir se traduit, semble-t-il par l’émergence de médias en ligne satirique, portés par l’importance de Twitter dans la « brussels bubble » (cf. Le Monde « À Bruxelles, tu tweets ou tu meurs »).

Pour les médias satiriques, le modèle, c’est le blog Berlaymonster qui a imposé depuis longtemps son style et son humour ravageur, notamment sur Twitter @Berlaymonster. La prochaine étape ne saurait être autre chose que la sortie d’un média de type « Canard Ênchainé » pour faire circuler les bruits qui courent et dénoncer les abus et dérives.

Les compte parodiques des personnalités politiques européennes font également parties de la rançon d’un certain succès, par exemple :

Pour les médias décalés, la liste ne cesse de s’allonger entre le magazine en ligne sur les affaires européennes « the EU Bubble » qui n’hésite pas à proposer une rubrique d’un goût incertain « Sexiest MEP » ou le futur « Eurohand » qui réalise sur Twitter @eurohand_org un teasing remarquable.

Au total, Bruxelles ne sera pleinement un centre de pouvoir qu’à la condition d’accueillir également un paysage médiatique pluriel (couvrant différents types de presse) et pluraliste (représentant différentes opinions).

Quel est le bilan de l’année européenne 2014 sur Twitter ?

Année électorale, 2014 aura également été l’année de Twitter pour l’UE : tous les Commissaires y sont dorénavant, plus de la moitié des eurodéputés, de très nombreux journalistes européens, et surtout de plus en plus de citoyens européens. Quels ont été les sujets les plus abordés ?

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Les hashtags institutionnels les plus populaires correspondent :

  • #EP2014 : les élections européennes avec près de 1,5 millions mentions ;
  • #EPhearings2014 : les auditions des Commissaires désignés devant le Parlement européen avec 140,000 mentions ;
  • #EUCO : les Conseils européens avec 103,000 mentions ;
  • #TeamJunckerEU avec 45,000 mentions.

Plus de 400,000 tweets le jour des élections européennes le 25 mai 2014 avec #EP2014

Lors de la seule journée du 25 mai – date des élections européennes – ce sont plus de 400,000 tweets publiés avec le hashtag officiel. Les tweets les plus retweetés portent sur les résultats, et en particulier le succès des droites extrêmes.

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7 Commissaires désignés les plus cités lors des auditions parlementaires avec #EPhearings2014

Avec un total de plus de 140,000 tweets, les auditions des Commissaires désignés ont été inégalement suivies selon les Commissaires : le plus cité est l’espagnol Canete, puis le britannique Hill, suivi par Bratusek, Mogherini, Timmermans (le Premier vice-président), Moscovici et Katainen.

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7 Conseils européens sur Twitter, dont 15,000 tweets le 30 août 2014 avec #EUCO

L’utilisation du hastag #EUCO utilisé lors des Conseils européens retrace fidèlement les réunions des chefs d’Etat et de gouvernement au cours de l’année écoulée, notamment les 3 plus importantes :

EUCO

Au total, l’actualité européenne sur Twitter, à travers les quelques hashtags les plus populaires a été particulièrement riche en 2014.