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Priorité à la vie quotidienne des citoyens européens pour la communication de l’UE

Lors de la réunion du groupe préparatoire dénommé « Groupe Information » vendredi dernier (que nous avions évoqué), la Commissaire européenne à la justice, aux droits fondamentaux, à la citoyenneté (et à la communication) Viviane Reding a confirmé, selon Euractiv que « la Commission européenne continuera à être le moteur de la communication sur l’Europe, mais pas sans ses citoyens »…

Premier discours en interne de Viviane Reding pour rassurer le personnel dédié à la communication

Alors que la décision de Barroso de regrouper la communication et la citoyenneté avait soulevé une inquiétude au sein du personnel de la DG Communication, renforcée d’ailleurs, comme nous le signalions, par les propos tenus à New Europe en janvier affirmant que « la communication de l’UE n’est pas une politique mais un outil », Viviane Reding a dissipé les doutes et rassuré les esprits. Elle aurait affirmé selon l’article d’Euractiv : « Communiquer sur l’Europe commence à la maison, selon Mme Reding » :

La Commission restera dans le fauteuil du conducteur … la direction générale communication et l’unité des porte-parole resteront les fournisseurs principaux de l’expertise et des services de communication pour l’ensemble du collège des Commissaires.

Premier acte interne de Viviane Reding pour améliorer la sensibilisation des citoyens à leurs droits de manière tangible

Alors que le premier acte de Margot Wallström en 2005 avait consisté à définir un « plan d’action » contenant 50 mesures concrètes, visant à changer la façon dont la Commission aborde la communication, Viviane Reding a demandé, selon Euractiv, dans « une lettre envoyée aux directeurs généraux responsables de l’emploi et des affaires sociales, de la justice et de la communication de réfléchir à 10 nouvelles mesures législatives ou politiques concrètes » pour que les citoyens se sentent plus européens.

Inspirée, selon certaines sources, par le rapport « Le citoyen et l’application du droit communautaire » de l’eurodéputé français Alain Lamassoure remis au président de la République française en juin 2008, à quelques jours du lancement de la Présidence française de l’UE, qui se voulait « citoyenne », Viviane Reding veut communiquer sur une « Europe à l’échelle humaine du citoyen », comme nous résumions le rapport Lamassoure pour « rendre la vie des citoyens européens plus facile ».

Ainsi, avec ces premières prises de parole, attendues, la Commissaire Viviane Reding rassure avec sa priorité sur la vie quotidienne des citoyens européens, confirmée d’ailleurs par son intention de mieux utiliser les Eurobaromètres sur la sentiments et les inquiétudes des citoyens pour que les politiques européennes puissent être menées sur mesure en fonction de besoins authentiques.

Ce qu’il faut retenir de l’année 2009 en communication européenne

Voici une petite rétrospective – à partir des billets publiés en 2009 – de ce qui aura marqué la communication européenne pendant l’année écoulée…

Les tops

1. 2 prix en 2 ans pour la communication européenne anti-tabac :

  • Grand Prix Empreintes 2009 pour la campagne Helpers : une démarche prescriptrice de comportements par la connivence
  • Grand Prix Empreintes 2008 pour la campagne Nicomarket : une démarche prescriptrice de comportements par l’humour

2. « Europe XXL » à Lille où comment une communication sur l’Europe via la culture (organisation de manifestations festives et culturelles) permet d’agir sur les représentations que les Européens se font de la construction européenne

3. Communication politique lors des élections européennes : : le succès de la campagne des listes Europe-Ecologie en France a reposé à la fois sur une communication lisible et efficace et sur une instrumentalisation heureuse des circonstances.

4. Euronews, lauréate du Prix Européen de la Communication 2009, un contre-modèle d’info continue.

5. Création d’un prix de la capitale verte de l’Europe : sur le modèle de la compétition pour le titre de capitale européenne de la culture lancé par le Conseil européen en 1985, la Commission européenne crée – à partir de 2010 – un prix annuel de capitale verte de l’Europe.

Les flops

1. « Flopenhague » : préconisation pour une communication publique sur le climat en Europe

  • une communication grand public plus pédagogique portée par les acteurs publics/institutionnels s’appuyant sur les scientifiques et moins contrôlée par les lobbyistes/ONG ;
  • une communication diplomatique de l’UE plus incarnée, notamment par la future Commissaire au climat, Connie Hedegaard et moins contrôlée par les chefs d’Etat ou de gouvernement européens.

2. Diffusion de spots sur MTV : des campagnes de la Commission européenne relativement inefficaces :

3. Interrogations sur le plan média de la campagne gouvernementale française d’information et d’incitation au vote pour les élections européennes, confirmées par l’abstention record aux élections européennes.

Les propositions

1. Vers la création de cours d’éducation civique européenne dans toutes les écoles de l’UE :

2. Vers la création de « Maisons de l’Europe » dans toutes les capitales européennes : association regroupant les Bureaux d’information du Parlement européen et les Représentations de la Commission européenne

3. Vers la création d’une « marque UE » labellisant les actions de communication de la Commission européenne

4. Pour la création de « EU community managers » chargés de répondre aux demandes des internautes-citoyens

Les controverses

1. Communiquer l’Europe: Mission impossible ? : conférence organisée le 6 juillet à la Représentation de la Commission européenne en Belgique

2. Débat sur la stratégie de communication de l’UE : « propagande pour l’intégration communautaire ou service public d’information sur l’Europe ? » lancé par le think tank Timbro dans « The European Union’s Burden : Information dans communication to a reluctant people » qui dénonce une stratégie de communication de l’UE s’orientant vers la création d’une identité européenne au moyen d’un « vaste outil de communication qui se comporte d’une manière qui serait à peine acceptée de la communication publique nationale dans les États membres ».

3. L’UE et le Web 2.0 : quelles stratégies pour l’UE dans le web social ?

  • une stratégie de présence en ligne : le cas de la campagne pour les élections européennes du PE
  • une stratégie de partenariat(s) : le cas de la chaîne EU-Tube de la Commission
  • une stratégie d’intégration : le cas des plateformes « Les Euronautes » et « Placedeurope » en France
  • une stratégie « fédérative et servicielle »

4. Dossier spécial dans Stratégies n°1546 du 21 mai 2009 : « L’Europe, une image de marque à revitaliser ? »

5. Lors de la campagne des élections européennes en France : la diffusion du documentaire « Home » sur France 2 a-t-elle influencée le vote ?

6. Lors du renouvellement de la Commission européenne, aucun candidat ne s’est déclaré pour le poste de Commissaire à la communication ; la composition de la nouvelle Commission européenne a révélé une position en demi-teinte pour la communication.

7. Quel bilan pour Margot Wallström, la Commissaire européenne chargée de la stratégie de communication ? : la communication de la Commission européenne semble avoir relativement réussi avec Margot Wallström à placer les citoyens au cœur des politiques européennes. Mais, en revanche, elle ne semble pas avoir réussi à placer l’Europe au cœur de la vie quotidienne des citoyens.

Souhaitons que l’année qui commence – Année européenne 2010 de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale – soit aussi riche en projets et campagnes et encore meilleure en propositions et innovations. Bonne année 2010 à tous!

Composition de la nouvelle Commission européenne : position en demi-teinte pour la communication ?

Vendredi 27 novembre, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso dévoile dans un communiqué sa nouvelle équipe. Quelles sont les premières indications sur la communication dans le nouveau collège des Commissaires ?

Une perte de visibilité préjudiciable pour la communication de la Commission

Premier constat inquiétant, en prenant les attributions de l’ensemble des Commissaires, la « communication » n’en fait plus formellement partie. Il n’y a plus de Commissaire chargé de la communication stricto sensu, alors que pour la première fois, la Commission Barroso 1 avait introduit cette fonction avec un rang de vice- présidence.

Quid de l’engagement politique de la Commission à mieux écouter les préoccupations des citoyens à les prendre en compte et à mieux les expliquer et du changement culturel au cœur de la Commission consistant à améliorer sa communication ?

Un nouveau rattachement politique auprès de la justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté au détriment des relations inter-institutionnelles

Deuxième constat surprenant, la communication n’est plus rattachée aux relations interinstitutionnelles mais à la justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté. Alors que le principal héritage de la stratégie de Margot Wallström réside dans la déclaration politique signée en octobre 2008 lorsque les États membres se sont formellement engagés, pour la première fois, de travailler avec le Parlement et la Commission à améliorer la communication publique sur les affaires européennes.

Quid de la stratégie partenariale et de la responsabilité collective pour mieux communiquer sur l’Europe ?

Une Commissaire expérimentée tant par son expérience bruxelloise que par son métier de journaliste

Troisième constat encourageant, la titulaire proposée par José Manuel Barroso pour s’occuper du portefeuille intégrant la mission communication est une Luxembourgeoise, Viviane Reding, actuellement Commissaire responsable de la société de l’information et des médias.

Tant par sa carrière professionnelle de journaliste que par son expérience à la Commission européenne : éducation, culture, jeunesse, médias, sport – 1999-2004 et société de l’information et médias – 2004-2009, Viviane Reding dispose d’une double qualité pour devenir Vice Présidente de la Commissaire en charge de la stratégie de communication de l’institution.

De nouvelles responsabilités, notamment la « citoyenneté » pour la direction générale Communication

Quatrième constat satisfaisant, la DG COMM récupère les unités « citoyenneté » (comme Margot Wallström le préconisait dans une interview testamentaire à Euractiv : « la seule manière d’avancer est de donner au nouveau commissaire le contrôle de la législation sur la citoyenneté, avec les programmes et le budget qui vont avec. ») et « visites ».

Quid d’une réorganisation de l’organigramme de la DG COMM qui casserait la logique métier (média, hors médias, multimédia) pour entrer dans une logique cibles (les citoyens, les relais, les Etats-membres) ?

Ainsi, une première approche du futur collège des Commissaires révèle une position en demi-teinte pour la communication.

Siim Kallas : un point de vue « hérétique » sur la communication de l’UE

Commissaire chargé de l’administration, de l’audit et de la lutte anti-fraude depuis 2004, Siim Kallas, ancien Premier ministre, ministre des Finances et ministre des Affaires étrangères de l’Estonie affirme, dans une interview à Euractiv, quelques opinions qu’ils jugent lui-même « hérétiques » sur la communication de l’UE. A vous de juger…

« Je ne pense certainement pas que le poste de Commissaire à la communication est un travail particulièrement facile. »

Contrairement à la tentation courante visant à accuser facilement la communication de tous les maux, Siim Kallas déplore la tendance des Commissaires à présumer que leurs programmes sont bons mais que la communication est mauvaise. Selon lui, il est toujours plus facile de blâmer le manque de communication que l’échec des initiatives ou des politiques.

« Les gouvernements et les parlements nationaux doivent coopérer avec les institutions européennes dans la communication des politiques de l’UE auprès des citoyens »

Interrogé sur ce qui pourrait être fait pour renforcer la confiance des citoyens dans le projet européen, l’ancien Premier ministre estonien estime qu’il faut communiquer sur l’Europe par les États membres :

  • « Si les gouvernements nationaux profèrent, dans leur pays, des critiques faciles sur l’Union européenne, alors personne ne peut surmonter cette difficulté »
  • « Pour les parlements nationaux, c’est la même chose. Si les élites nationales exercent une attitude anti-européenne, alors les citoyens auront aussi cette attitude.

Ainsi, si les parlements nationaux et les gouvernements sont pro-européens, les citoyens seront également pro-européens ». Quoique cette vision soit sans doute un peu trop mécanique, il est exact de reconnaître qu’« il est impossible d’établir des liens directs entre Bruxelles et les États membres, en contournant les gouvernements nationaux ».

En somme, Siim Kallas s’inscrit dans le sillage de la stratégie de Margot Wallström, symbolisée par la déclaration « Communiquer sur l’Europe en partenariat ».

De surcroit, Siim Kallas souscrit au dialogue politique entre la Commission européenne et les parlements nationaux porté également par Margot Wallström. Quoique lui n’ait lui-même réalisé que 4 interventions auprès de parlements nationaux, « le dialogue de la Commission avec les parlements nationaux atteint de nouveaux sommets » puisque « les membres de la Commission ont participé à 550 réunions avec les parlements nationaux entre 2005 et 2009 », selon un communiqué du 28 septembre dernier.

« La communication est logiquement aligné sur la transparence »

Responsable de la politique de transparence des activités de lobbying et des bénéficiaires des fonds européens, Siim Kallas estime que ces activités à devraient « aller main dans la main » avec la politique de communication de l’UE.

Ainsi, pour Siim Kallas, la stratégie de communication de la Commission européenne doit conserver les Etats membres comme relais effectifs et efficaces et y ajouter comme cible les lobbies, autre relais d’influence. Alors vous avez dit « hérétique » ?

Interview testamentaire de Margot Wallström : quel avenir pour la stratégie de communication de la Commission européenne ?

Alors que la conférence des présidents de groupe politique du Parlement européen décide le 10 septembre d’inscrire à l’ordre du jour de la session plénière du 16 septembre le vote d’investiture du président sortant de la Commission européenne, José Manuel Barroso, dont le résultat du scrutin à bulletin secret « ne fait guère de doute » selon Jean Quatremer, « Jeu, set et match pour Barroso » ; la vice-présidente sortante chargée des relations interinstitutionnelles et de la stratégie de communication, Margot Wallström, donne une interview testamentaire à Euractiv. Quels sont les principaux succès, échecs et perspectives de la stratégie de communication passée et future de la Commission européenne ?

Principal succès de la stratégie de communication de la Commission européenne : changer la culture et les pratiques permettant de passer auprès des médias et des parlements du statut de bouc émissaire à celui de partenaire

Changer la culture et les pratiques en interne a consisté à « ranger la maison »

Nommée à un poste inédit en 2004, Margot Wallström a réalisé une profonde modernisation et professionnalisation de l’approche des activités d’information et de communication de l’institution :

  • réorganisation stratégique du travail de communication au sein de l’exécutif européen (plan d’action en 2005 / création de la Direction Générale Communication en 2006 / mise en place d’un service du porte-parole, d’un concours…) ;
  • réorganisation des représentations de la Commission dans les États membres : 43 fonctionnaires ont ainsi été envoyés dans 24 États membres (tous les pays de l’UE sauf les pays du Benelux), 50 d’ici 2010.

Changer la culture et les pratiques en externe a consisté à « finaliser des partenariats »

Fort de la déclaration politique signée entre les trois institutions en 2008 – l’avancée la plus importante du mandat de Margot Wallström : il s’agit d’un accord interinstitutionnel qui permettra lors de l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne au Parlement européen, au Conseil et à la Commission de se consulter mutuellement et par accord mutuel de convenir de leur coopération – une logique de partenariat se construit :

  • partenariat entre les institutions communautaires pour définir des priorités interinstitutionnelles et annuelles de communication ;
  • partenariat avec les parlements nationaux via l’« Initiative Barroso » lancée en 2006 consistant à instaurer un dialogue sur les propositions de la Commission : « une bonne part du travail de la Commission est ennuyeuse pour les citoyens, mais est de grande valeur pour les parlements nationaux puisque l’œuvre législative européenne a un impact sur leur travail ».

Principal échec de la stratégie de communication de la Commission européenne : ne pas changer le regard et le jugement des citoyens

Peu de changement auprès des citoyens à cause d’un manque en interne de centralisation des budgets communication

Les dépenses de l’UE en matière de communication sont souvent englobées dans des programmes politiques dispersés entre les directions générales de la Commission, explique la secrétaire générale de la Commission, Catherine Day. Ainsi, un bilan des dépenses de communication, sur la base des principales activités menées en 2007, montre que le budget total est de 300 millions d’euros. Mais cela comprend :

  • 88 millions de dépenses administratives liées au bureau européen des publications,
  • 22 millions pour la publication des offres de marchés publics,
  • 18 millions pour le Journal officiel.

Bref, il reste peu au final pour les activités proprement de communication auprès des citoyens.

Peu de changement auprès des citoyens à cause d’un déficit en externe de démocratisation des méthodes de communication

Marquée au cours de son mandat par les résultats négatifs des référendums en France et aux Pays-Bas en 2005, Margot Wallström a exploré plusieurs moyens de renforcer la vie démocratique transnationale : « quelque 40 000 personnes ont participé aux six projets transnationaux du Plan D et on estime que des centaines de milliers ont participé virtuellement via Internet. Néanmoins, ces « consultations citoyennes » sont loin d’être un moyen de travail suffisant.

Principale proposition pour la future stratégie de communication de la Commission européenne : regrouper communication et citoyenneté

Margot Wallström formule une proposition testamentaire particulièrement importante au moment même où les portefeuilles des futurs Commissaires sont en négociation. Elle estime qu’« il faut donner à son portefeuille un travail législatif autonome et des moyens financiers propres » et que « la seule manière d’avancer est de donner au nouveau commissaire le contrôle de la législation sur la citoyenneté, avec les programmes et le budget qui vont avec ».

Corroborant les propositions du rapport de l’eurodéputé français Alain Lamassoure sur la citoyenneté européenne publié en juin 2008, la communication associée à la citoyenneté permettrait de donner au prochain commissaire la plateforme et les possibilités d’engager la société civile et d’impliquer les citoyens, en particulier les jeunes.