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Médias et réseaux sociaux les plus influents à Bruxelles

L’enquête 2017 « EU Media Survey » de ComRes/Burson-Marsteller a paru et les résultats, portant sur la lecture des médias et l’usage des réseaux sociaux auprès des élus européens, des fonctionnaires européens des « opinion formers » bruxellois sont éclairants…

Un paysage médiatique européen bousculé par Politico Europe

Dernier arrivé mais premier au classement des médias les plus consultés, dans les 3 catégories de publics, Politico Europe réalise une belle prouesse en coiffant au poteau à la fois les grands médias anglo-saxons (BBC, FT, The Economist, NYT) et les médias européens (Euractiv, Euronews, EU Observer).

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Un écosystème des réseaux sociaux dominé par Facebook

La fréquentation de Facebook domine les usages quotidiens, et progresse même, contrairement à Twitter et Youtube. Facebook est aujourd’hui utilisé par un eurodéputé européens sur trois contre seulement un eurocrate sur trois.

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Une influence média préemptée par Politico Europe et Twitter

Dans le « match » entre médias traditionnels et médias sociaux (qui peut largement se débattre), Politico Europe est là encore en tête du classement, mais à égalité avec Twitter pour la partie de ceux qui les considèrent « very influential ».

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A ce petit jeu, la presse anglo-saxonne culmine en termes d’influence tandis que Facebook disparaît en queue de peloton.

Dans le détail auprès des trois publics ciblés, ce qui frappe, c’est davantage l’influence très différente qu’octroie chaque public aux médias sociaux : pour les élus, les réseaux sociaux sont au top, mais pour les fonctionnaires, c’est l’inverse.

medias_europe_2017_influenceAu total, le paysage médiatique bruxellois est très largement impacté par l’arrivée récente de Politico Europe et par des usages de plus en plus différenciés des médias sociaux selon les audiences.

Spécificités et enjeux de la communication des partis politiques européens

Créés pour la plupart quelques années avant les premières élections européennes au suffrage universel en 1979, les partis politiques européens disposent, depuis 2007, de fondations ; et depuis 2015, de la personnalité juridique. Dans son mémoire « Communication de l’Union européenne et des partis politiques européens : spécificités et enjeux« , Matthias Manceaux analyse la communication des partis politiques européens…

Une communication hors-média orientée vers la scène interne à l’Europe

La communication des principaux partis politiques européens passe notamment par leurs fondations. Depuis 2007, les fondations participent aux débats sur la construction européenne via l’organisation de conférences ou la participation de conférenciers à travers l’Europe, de formations pour les élus ou encore via différentes organisations dépendantes de ces partis comme des organisations pour la jeunesse, pour les femmes ou pour les personnes âgées notamment.

Cependant, cette communication des partis politiques ne s’adresse pas directement aux citoyens européens mais à une minorité de personnes (responsables politiques, fonctionnaires européens…). Du fait même de la nature des partis politiques européens, de nombreux sujets sont absents des compétences données par les traités européens à ces partis (la fiscalité, l’éducation ou la politique sociale restent des compétences propres aux États membres).

Les sujets évoqués par cette communication hors média des partis européens ne concernent donc pas les citoyens européens mais uniquement des personnes proches ou faisant part du système politique de l’Union européenne.

Une communication média plus grand public

La communication média des partis politiques européens a, en revanche, la volonté de toucher directement les citoyens européens afin de les sensibiliser sur de nombreux sujets. Pour cela, le PPE, le PSE et l’ALDE (pour ne parler que des principaux) utilisent des services de presse, essentiellement depuis le Parlement européen.

Une communication hyper-active sur les réseaux sociaux

Les principaux partis politiques européens sont également très présents sur les réseaux sociaux.

La stratégie adoptée sur le web par les principaux partis politiques européens s’apparente fortement à celle adoptée par les institutions européennes, à la fois information et persuasion afin de prouver que les décisions prises vont dans le sens des attentes des citoyens européens.

De nombreux défauts et un véritable manque de coordination européenne

Le modèle de communication actuel des partis politiques européens est principalement dû à la structure institutionnelle de l’UE : le rôle des partis politiques européen étant assez moindre comparé aux prérogatives des partis nationaux.

La faiblesse des partis politiques européens dans la politique de communication de l’UE s’explique par plusieurs éléments :

  • La faiblesse des liens entre les électeurs européens et les partis politiques européens ;
  • L’absence de compétences chez les partis politiques européens dans des domaines touchant directement les citoyens européens ;
  • L’hétérogénéité des conceptions et des intérêts de leurs membres ;
  • La non personnification de l’offre politique pendant les élections européennes ;
  • Le caractère fonctionnel et la segmentation des compétences de l’UE.

Des solutions pour améliorer la communication des partis politiques européens

Leur capacité actuelle se limite à organiser réunions et congrès, ou encore échanger des informations. Au cours des dernières années, ils ont dû gérer l’intégration des partis des nouveaux États membres. Ils sont ainsi dans une logique plus institutionnelle que militante.

Leurs moyens humains et financiers sont encore extrêmement faibles. Les centres d’expertises se situent au niveau des groupes parlementaires apparentés, qui disposent de cinq à six fois plus de ressources.
En l’absence d’intégration militante avec les partis nationaux, leur représentativité citoyenne est contestable. Le statut de membre individuel, qui leur permettrait de développer un espace de délibération au niveau européen, est encore embryonnaire.

Il s’agit pour les partis européens d’être plus visibles, plus transparents, et plus démocratiques :

  • en organisant des primaires pour la désignation de leur candidat à la Présidence de la Commission ;
  • en développant le statut de membre individuel, y compris l’institution d’un droit de vote lors des congrès ;
  • en renforçant leurs moyens pour traiter des questions thématiques ;
  • en définissant les orientations politiques de leurs groupes respectifs au Parlement européen, et non l’inverse comme présentement ;
  • en capitalisant sur les capacités de leurs fondations politiques respectives ;
  • en développant une capacité opérationnelle pour des campagnes électorales pan-européennes afin de peser dans le débat politique européen.

Au total, la communication politique européenne est encore émergente et dispose encore d’une belle marge de progression.

Comment améliorer le rôle de la sphère politique dans la communication sur l’Europe ?

Les élus et les partis politiques nationaux et européens devraient agir plus étroitement afin d’accroître la transparence sur le rôle de l’UE, de son mandat et de la manière dont elle fonctionne, selon la recommandation de l’étude « Communiquer l’Europe à ses citoyens » publiée par la commission culture et éducation du Parlement européen…

Améliorer le rôle des élus nationaux et les débats publics sur l’UE au niveau national

Afin que l’UE ne soit pas plus considérée comme isolée de la politique nationale ni présentée comme un bouc émissaire pour des décisions politiques impopulaires, les élus nationaux devraient être mieux informés de ce qui concerne les institutions et les politiques de l’UE et devraient mieux cadrer l’UE dans les débats nationaux ; compte tenu de leur rôle de « multiplicateur » et d’influence, tant dans les médias nationaux qu’en direct auprès des citoyens

Les politiciens nationaux devraient intégrer davantage la politique de l’UE dans l’élaboration des politiques nationales, par exemple en discutant activement la politique de l’UE dans les parlements nationaux et délibérant sur des questions liées aux actuelles législations de l’UE pour être dans le bon tempo afin de faire passer leurs messages. Corollaire, les députés européens et les Commissaires devraient être plus activement présents au niveau national / régional, afin d’expliquer la valeur ajoutée des politiques et décisions européennes et les liens avec le contexte national.

S’appuyer sur de nouveaux itinéraires et relais pour regagner la confiance des citoyens

Bruxelles est devenue la capitale du lobbying, là où toutes les organisations représentatives agissent « en amont » à destination de l’UE. Ces acteurs devraient également jouer un rôle dans l’information « en aval » auprès de leur public sur les décisions européennes. L’histoire de l’Europe sera ainsi racontée par d’autres acteurs et non par les suspects habituels, ayant donc un impact plus important.

Par ailleurs, des acteurs de confiance à l’échelle nationale pourrait être le seul moyen de contourner la méfiance ressentie par de nombreux citoyens qui rejettent le raisonnement des institutions de l’UE pour transmettre les messages de l’UE. Ceux-ci pourraient être des personnes ou des organisations bien respectées en politique, dans le monde des affaires, en culture ou en sport. Il est indispensable de trouver des lieux, des acteurs et des messages renouvelés et appropriés pour communiquer les faits et les points de vue sur les enjeux politiques européens au niveau national.

En outre, il est plus que jamais nécessaire de mobiliser les bénéficiaires des politiques et des programmes de financement de l’UE et de les impliquer dans les efforts de communication, en contribuant à expliquer de « pair à pair » les programmes et les impacts politiques de l’UE à un large public.

Amplifier la communication européenne des partis politiques européens

En complément des recommandations de ce rapport, plusieurs axes d’amélioration s’offrent aux partis politiques européens pour poursuivre leur œuvre d’évangélisation de la politique pratiquée à l’échelle européenne.

Dans le prolongement de la démarche réussie des « Spitzenkanditaten » lors des dernières élections européennes qui a permis à chaque parti politique européen de présenter un candidat pour le poste de président de la Commission européenne, une démarche de co-construction à l’échelle paneuropéenne des programmes pour la prochaine législature européenne constituerait une nouvelle innovation.

De même, l’organisation de primaires ouvertes à des campagnes paneuropéennes auprès des citoyens européens au sein de chaque famille politique pour choisir les Spitzenkandidaten contribuerait à la mobilisation du corps électoral.

Chaque scrutin national, dont la discussion et l’impact auprès des autres Etats-membres et au sein même des institutions européennes ne cesse de progresser, devrait servir de laboratoire et de vivier pour améliorer la communication politique européenne, et en particulier celle des partis politiques européens.

Classement des nouveaux eurodéputés français sur Twitter

A peine élus, les 74 nouveaux eurodéputés français sont à 77% présents sur Twitter pour une audience cumulée d’un petit million d’abonnés. Quel est le portrait robot d’un eurodéputé français ?

Le succès du FN, une régression pour la présence des eurodéputés sur Twitter

Avec 12 absents sur 24 élus, les eurodéputés FN font baisser la présence des eurodéputés français sur Twitter, qui s’établissait à 86% lors de la mandature précédente, selon une récente étude.

Les stars, des étoiles européennes filantes sur Twitter

Seuls 12 eurodéputés dépassent les 10K followers. Mais, les plus suivis sur Twitter ne le sont pas principalement en raison de leur mandat européen, mais bien davantage pour leur statut de « présidentiables » (Le Pen, Mélenchon, Joly, ou Bové), d’ex ministres (Dati, Morano, Alliot-Marie ou Peillon) ou de « personnes vues à la TV » (Bové, Filippot, Aliot, Artuis).

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40% d’absents et d’inconnus

Entre 17 absents et 13 rassemblant moins de 1K followers, 40% des eurodéputés sont pas ou peu visibles sur Twitter.

Au total, les inégalités d’activité et de visibilité entre les nouveaux eurodéputés français sont très importantes – même si une certaine dynamique propre aux petites formations politiques (100% des élus de l’écologie et du centre sont sur Twitter) se dégage.

Politique et numérique : quelles sont les innovations de la campagne des élections européennes ?

Au-delà des discours alarmistes autour des élections européennes sur une vraisemblable abstention record ou une progression irrésistible des extrêmes, « la disruption numérique monte à l’assaut de la politique » selon Benoît Thieulin. Quelles sont les innovations numériques qui transforment la politique européenne ?

Le pouvoir d’émancipation et de synchronisation des citoyens européens : les débats entre candidats en ligne

Le numérique constitue d’abord une technologie d’émancipation de toutes les opinions libres de pouvoir s’exprimer en ligne :

  • pour le meilleur, cette émancipation offre à travers l’usage des médias sociaux une caisse de résonnance à de nombreuses sensibilités politiques bien au-delà de leurs cercles militants restreints ;
  • pour le pire, les « haters » et les « trolls », les forces obscures de la politique que représentent les extrêmes sont également outillés pour participer au débat public.

Le fait le plus innovant, c’est la capacité des citoyens européens à synchroniser leurs agendas ou leurs actions/réactions en quasi temps réel et en l’absence de médias traditionnels de masse.

Ce pouvoir, les citoyens européens s’en saisissent notamment à l’occasion des débats entre les candidats à la présidence de la Commission européenne, qui faute d’être diffusés dans des médias de masse sont retransmis et suivis en ligne et en live-tweets.

La réorganisation des institutions : les primaires des partis politiques européens en ligne

A défaut de transformer l’UE, le numérique – dès à présent – bouleverse la communication politique des partis européens et des candidats.

Du côté des candidats, le numérique et les médias sociaux en particulier redéfinissent la relation entre les élus et les citoyens en introduisant des interactions sans filtre et des revendications individuelles/catégorielles.

Du côté des partis politiques européens, l’innovation est plus manifeste car la pression permise par le numérique a conduit la plupart à orchestrer – sous l’œil des citoyens connectés – la sélection des « têtes de liste », voire à organiser la participation des citoyens au processus avec des primaires ouvertes en ligne chez les Verts européens.

La construction d’un espace public européen et d’un intérêt général : les simulateurs de vote et de sièges

Dernière innovation numérique disruptive pour la politique européenne, la construction d’un espace public européen et d’un intérêt général autour de la transparence des données et de l’exploitation d’outils de démocratie participative.

Les simulateurs de vote sont parmi les innovations les plus utiles et importantes pour permettre aux citoyens de se positionner sur l’échiquier politique européen :

  • Myvote2014  
  • EUProfiler 
  • VoteMatch 

D’autres plateformes innovantes en matière de politique européenne telle que le crowd-checking avec FactCheckEU ou la projection de la répartition des sièges avec Electio2014 sont autant de scènes d’un espace public européen en construction.

Au total, l’importance des innovations numériques dans la transformation de la politique européenne doit être appréciée à sa juste place, considérable – d’autant plus que la révolution numérique porte également sur les valeurs : accès, interactivité, participation.