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Stratégie de l’UE sur la grippe A (H1N1) : quelle articulation de la communication entre les niveaux national, européen et international ?

Lors d’une conférence de presse à Strasbourg, le 15 septembre 2009, la commissaire européenne à la santé, Androulla Vassiliou présentant « un document de stratégie qui apporte un soutien aux États membres pour lutter avec efficacité contre la grippe pandémique H1N1 » déclare : « Il faut maintenant développer une coordination plus étroite entre les secteurs et entre les États membres, aux niveaux communautaire, national, régional et local, pour tenter de surmonter les répercussions sanitaires, économiques et sociales de la pandémie ». Qu’en est-il concrètement ?

Articulation de la communication sur la grippe A à l’échelle nationale : l’UE formule des préconisations sur l’information des États membres au public

Alors que l’UE dispose de compétences limitées en matière de santé, la Commission européenne fait valoir que :

  • « l’information du public sur les mesures préventives, et surtout sur la vaccination, doit être claire, cohérente et ciblée » ;
  • « une approche multi-sectorielle associée à une information efficace permettra de sensibiliser la population aux mesures de prévention telles que les règles élémentaires d’hygiène ».

Par conséquent, la DG santé et protection des consommateurs publie un document de travail qui traite de la mise au point « de l’information du public ». Selon le communiqué de la conférence de presse, « ce rapport présente une série d’actions qui pourraient servir à lutter contre la pandémie et à soutenir l’action des États membres ». Malheureusement, aucun accès sur Internet n’est disponible pour le moment.

Pour la Commission européenne, l’objectif prioritaire serait de finaliser des éléments de langage clés et des messages partagés en vue de préparer un plan de communication de crise européen en cas de pandémie grippale. Mais, parmi les questions qui ne manqueront pas se poser, on peut identifier celle de la désignation d’un porte parole légitime au niveau européen.

Articulation de la communication sur la grippe A à l’échelle européenne : l’UE supervise la coordination au niveau communautaire de la communication entre les États membres

La Commission supervise la coordination au niveau communautaire de la communication entre les États membres via :

  • le comité de sécurité sanitaire de l’Union européenne, de nature politique : d’ores et déjà des mesures coordonnées de santé publique à l’échelle européenne ont été adoptées ;
  • le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, de nature scientifique : un réseau de surveillance situé à Stockholm ;
  • le centre opérationnel de gestion de crises sanitaires, de nature administrative : divisé en deux parties. L’antenne luxembourgeoise constitue le contact essentiel pour les États membres ainsi que pour l’OMS et le centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC). L’antenne luxembourgeoise fonctionne 24 h/24. Le site bruxellois est quant à lui chargé de la communication interne à la DG Sanco.

Par conséquent, la Commission européenne a créé un site Internet dédiée à la grippe pandémique H1N1, où elle synthétise toutes les informations disponibles sur le sujet.

Pour la Commission européenne, l’objectif prioritaire serait de mettre en place un réseau de contacts permanents entre communicants des différents États membres, afin d’échanger sur les bonnes pratiques des uns et des autres. Mais, parmi les questions qui ne manqueront pas se poser, on peut identifier celle des éventuels décalages de niveau de préparation et des différences de cultures en matière de communication sanitaire entre États membres.

Articulation de la communication sur la grippe A à l’échelle internationale : l’UE coopère avec des organisations internationales et l’initiative pour la sécurité sanitaire mondiale

La Commission coopère avec des organisations internationales telles que l’OMS et l’initiative pour la sécurité sanitaire mondiale (Global Health Security Initiative – GHSI), créé en 2001, pour assurer la cohérence des mesures de santé publique au niveau mondial. Ce réseau GHSI s’est révélé un mécanisme efficace pour l’échange rapide d’informations. À l’initiative de la commissaire à la santé, la dernière réunion ministérielle du GHSI s’est tenue le 11 septembre dernier à Bruxelles.

Pour la Commission européenne, l’objectif prioritaire serait à l’occasion de la réunion extraordinaire des ministres de la santé de l’UE qui se tiendra le 12 octobre prochain – soit 15 jours avant la mise à disposition des premiers vaccins contre la grippe sur le marché européen – de s’accorder en matière de communication sur une véritable articulation des actions de communication entre le niveau national, européen et international…

Grippe A : mesures coordonnées de santé publique à l’échelle européenne

Le comité de sécurité sanitaire de l’Union européenne et les autorités du système d’alerte précoce et de réaction ont adopté, pour la première fois et à l’unanimité, des mesures de santé publique en réponse à une infection pandémique par le virus de la grippe A. Ces mesures développent une approche européenne coordonnée.

Fermetures d’écoles les plus appropriées pour protéger la santé humaine :

  • pour le moment, aucune fermeture massive d’écoles à titre préventif ;
  • mais préconisation de fermeture locale en cas de diagnostic d’infections.

Manière de concilier la liberté de circulation et la protection de la santé publique pour les voyageurs présentant des symptômes grippaux :

  • pas de restriction des déplacements et des voyages à l’intérieur et au-delà des frontières de l’Union pour les citoyens bien portant ;
  • recommandations pour les individus symptomatiques de reporter les voyages et de rester chez eux.

Selon le communiqué, la commissaire européenne à la santé, Androulla Vassiliou déclare que ces premières mesures coordonnées à l’échelle européenne « illustrent clairement comment l’Europe doit, dans la situation de pandémie actuelle, parvenir à concilier la protection de la santé publique et d’autres intérêts publics fondamentaux ».

Communication européenne de crise sur la grippe A (suite)

A la suite de la réunion extraordinaire des ministres de la santé de l’Union européenne du 30 avril relative à la grippe A (voir les conclusions du Conseil sur l’épidémie de grippe A), la direction générale de la santé et de la protection des consommateurs (DG Sanco) organise la communication européenne de crise…

Communication de crise coordonnée via le système communautaire d’alerte précoce et de réaction

La direction générale de la santé et de la protection des consommateurs organise la coordination des communications au sein de l’Union européenne via le système communautaire d’alerte précoce et de réaction (SAPR)

En vertu du SAPR, les États membres sont tenus de communiquer :

  • les mesures qu’ils se proposent d’adopter ;
  • les mesures qu’ils ont déjà mises en œuvre ;
  • les conseils qu’ils ont fournis,
  • ainsi que tout cas confirmé de la maladie.

Communication de crise coordonnée avec le centre opérationnel de gestion de crises sanitaires

La direction générale de la santé et de la protection des consommateurs surveille et coordonne la réaction à l’épidémie de grippe via le centre opérationnel de gestion de crises sanitaires de la DG Sanco, situé à Luxembourg.

Ce service constitue la pièce maitresse de l’Union européenne – la « cellule de coordination de crise » – dans la gestion de la communication de crise de cette pandémie de grippe.

Communication européenne de crise sur la pandémie de grippe porcine

Récemment, le risque d’une nouvelle pandémie mondiale de grippe a dû être réévalué suite à l’apparition de la grippe porcine au Mexique. Une planification méthodique, notamment en matière de communication de crise, des interventions au niveau de l’UE et des États membres peut aider à en atténuer l’ampleur et les répercussions…

La lutte contre les grandes épidémies, une intervention de l’UE pour renforcer la coordination entre les États membres

Depuis le traité de Maastricht de 1992, l’UE « veille ainsi à assurer un niveau élevé de protection de la santé humaine dans la définition et la mise en œuvre de toutes les politiques et actions de la Communauté » (article 152 TCE).

La Commission européenne a adopté deux plans d’action visant à se préparer à faire face à des menaces pour la santé publique au niveau européen :

  • sur le renforcement de la coordination de la planification générale de la préparation aux urgences sanitaires à l’échelon de l’Union européenne, 28 novembre 2005
  • sur la planification de la préparation et de l’intervention de la communauté européenne en cas de grippe pandémique, 28 novembre 2005

La gestion de la communication européenne de crise en matière de pandémie de grippe

Suivant le plan d’action en cas de grippe pandémique, les autorités publiques nationales doivent :

  • anticiper les événements suivant les six phases d’une pandémie de grippe telles que définies par l’OMS ;
  • se positionner auprès des médias comme une source d’information principale, sinon unique sur les événements ;
  • mener une politique de communication efficace à l’égard de l’opinion publique et des médias, notamment en coordonnant au mieux leur communication de crise et la transmission de messages précis et cohérents au public.

Aujourd’hui, 30 avril, les 27 ministres de la Santé de l’UE se réunissent, à Luxembourg, à l’initiative de la Commissaire européenne Androulla Vassiliou (Chypre) chargée depuis 2004 de la politique européenne en matière de santé publique et sous la présidence de Daniela Filipiová, ministre de la Santé de la République tchèque pour « coordonner la réaction de l’UE face à l’éclatement de l’épidémie de grippe porcine ».

Le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC) au cœur de la stratégie européenne de coordination

Au niveau épidémiologique, un réseau de surveillance – géré depuis 2005 par le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC) situé à Stockholm – permet de promouvoir une coopération et une coordination entre États membres afin de « renforcer les défenses de l’Europe contre les maladies infectieuses ».

Les propositions de la France pour une meilleure coordination européenne

Le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Bruno Le Maire a plaidé :

  • pour que l’UE rédige un « guide européen sur la prise en charge et le soin des éventuels cas avérés  » afin de définir un « protocole commun à tous les États membres ».
  • pour « une coordination accrue des messages passés aux citoyens en matière de déplacement, de prévention, de voyage ».

Interviewée, la ministre française de la Santé affirme, lundi 27 avril, qu’il existe « une première coordination à l’échelle européenne exercée par l’ECDC ». En septembre 2008, Roselyne Bachelot et ses homologues ont eu l’occasion de mesurer leurs divergences sur la gestion d’une telle crise.

Cette nouvelle crise sanitaire sera l’occasion de mesurer la communication européenne de crise en matière de pandémie grippale.

Communication européenne de crise : les règles d’une issue « par le haut »

Avec l’échec du référendum de ratification du traité de Lisbonne en Irlande, l’Europe est entrée – à la veuille de la PFUE – en crise. A cette occasion, les principaux responsables politiques – pro-Européens pour la plupart – montrent une relative maîtrise des règles de la communication de crise…

Transparence

Ne pas nier l’existence de la crise constitue la 1ère règle de la communication de crise. A cet égard, la 1ère réaction de Nicolas Sarkozy – publiée par Le Post – ne semble pas prendre la mesure de la situation : « Il faut que les autres continuent à ratifier (…) de façon à ce que cet incident irlandais ne devienne pas une crise ».

Aujourd’hui, les politiques semblent s’accorder pour juger avec gravité et lucidité « L’Europe après le non irlandais » comme le résume Hubert Védrine dans Le Monde : « Il faudra distinguer clairement intégration (les peuples se fondent et s’en remettent à l’Europe) et construction (les peuples mettent en commun leur volonté d’agir ensemble). L’intégration a été longtemps présentée comme la seule voie légitime, mais ce n’est plus une voie d’avenir : dès que les peuples en ont l’occasion, ils votent contre. En revanche, il n’y a pas d’opposition aux politiques communes et aux projets. ».

Empathie

Faire « un effort objectif et rationnel de compréhension intellectuelle » des raisons de la crise constitue la 2nde règle de la communication de crise. Sous cet angle, les argumentations des autorités françaises visant à ce que l’Europe se rapproche des citoyens par des propositions concrètes et/ou se démocratise semblent largement inspirées de cette attitude. (Voir un résumé des 7 pistes)

Mobilisation

Agir concrètement avec rapidité et efficacité constitue la 3ème règle de la communication de crise. Là encore, l’infléchissement de l’agenda des priorités de la Présidence française de l’UE – afin d’y inscrire timidement l’Europe sociale – illustre une telle prise en compte. De même la volonté du président de la République de lutter à l’échelle européenne contre l’inflation du prix des matières premières est un autre exemple de mobilisation.