Comment réduire l’incommunication entre les Européens ?

En guise de conclusion de la Revue Hermès consacrée aux incommunications européennes, Dominique Wolton dresse une liste des chantiers pour aider à penser l’incommunication en Europe…

Réduire l’ignorance : populariser l’histoire de l’Europe

L’incommunication et la méfiance résultent d’abord de l’ignorance. Le 1er chantier est d’apprendre à se connaître, à se respecter, à désarmer les incompréhensions mutuelles afin de respecter les altérités, de découvrir la diversité, d’assumer les différences et de s’approprier notre histoire et notre destin.

Le corolaire est d’enseigner la vie politique européenne dans toutes les écoles, de valoriser la diversité linguistique, d’intéresser les Européens à leur histoire et d’ainsi favoriser une fierté pour la construction européenne.

Apprivoiser la diversité : retrouver la confiance entre Européens

Ce sont le silence et la langue de bois qui sont les principaux adversaires de l’Europe, pas les conflits. La connaissance de nos différences et de nos contradictions est la première condition d’une compréhension et d’un dialogue.

Le premier chantier porte sur le respect de la diversité en faisant prévaloir les éléments communs de la culture européenne (la croyance en la science et la rationalité, les droits de l’homme et la démocratie) dans un esprit d’ouverture aux industries culturelles, créatives et de la connaissance.

Relancer les utopies et les grands projets

Le plus grand investissement dans l’avenir, c’est d’apprendre ensemble. Dominique Wolton invite à investir massivement dans des lieux d’échanges et de rencontres, afin de multiplier les expériences de rencontres entre Européens et que chacun puisse « perdre son temps » à discuter et faire des projets communs – essentiels.

Les différences européennes nourrissent les utopies européennes… à condition d’en parler. Discuter régulièrement des accords et des désaccords, c’est déjà construire l’union. Faire enfin confiance aux peuples, dont l’UE est encore trop souvent indifférente, c’est le « principal antidote à l’europessimisme actuel ». Prendre les citoyens – les plus éduqués, formés et cultivés dans le monde – enfin au sérieux.

Redéfinir l’Europe comme avant-garde

C’est sur l’incommunication que paradoxalement l’Europe s’est construite dans un consensus permissif mais aujourd’hui l’UE butte justement contre cette incommunication qui relire autant qu’elle sépare les Européens. L’Europe ne se fera que si l’on est capable de parler de tout, progressivement.

Relever le défi de la gestion pacifique de la diversité et de la cohabitation, c’est le cœur du projet européen et dit autrement, c’est apprendre à gérer l’incommunication.

Faire de l’Europe l’avant-garde de la réglementation politique de la globalisation en mettant la politique au premier plan devant l’économie et la finance, c’est l’autre moteur de la construction européenne, qui la replace comme une force, une ambition et une originalité capable de déployer ces utopies et de nouvelles solidarités.

Avec un tel programme pour la communication de l’Europe, il ne devrait pas être trop difficile de tordre le cou aux discours pessimistes sur la « fatigue » ou la « décadence »…

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