L’euroscepticisme est-il une construction médiatique ?

À rebours de la thèse sur la neutralité des médias dans l’expression et la formation des opinions, certains chercheurs explorent le rôle que joueraient les médias, et la télévision en particulier, dans la montée de l’euroscepticisme en Europe. Leurs arguments dans « Shaping the vote? Populism and politics in the media » méritent d’être entendus…

Populisme sur l’Europe et médiatisation : un mariage de convenance ?

Aujourd’hui, l’alliance traditionnelle de raison entre les médias et la politique qui ne peuvent pas se passer l’un de l’autre est profondément recomposé.

Pourquoi ? À la fois en raison de l’explosion du paysage médiatique et des nouvelles contraintes qui s’imposent aux journalistes ; et d’autre part, des transformations de l’expression des mouvements politiques, au-delà des partis politiques classiques, en particulier ceux issus de la société civile.

La course effrénée à l’audience et au clic dans les médias et l’exacerbation corrélative des discours populistes sur l’Europe semblent corrélative, ou plus précisément se nourrit l’une de l’autre dans une sorte de « mariage de convenance ».

Quelles sont les lois de l’attraction entre populisme sur l’Europe et médiatisation ?

L’implacable réalité d’une présence accrue des populismes sur l’Europe dans les médias, en particulier très grand public et/ou de l’audiovisuel repose sur un rejet commun aux journalistes, aux populistes et à une grande partie des citoyens de la complexité de l’Europe.

La première force d’attraction entre l’euroscepticisme et la médiatisation s’appuie sur la facilité de la simplification, de l’approximation, de l’absence d’effort pour comprendre et se forger une opinion éclairée sur l’Europe.

Mais, le mouvement ne s’arrête pas là. Bien au contraire, la recherche de l’émotion, de l’appel aux instincts, aux préjugés – partagées par une partie des médias et de la classe politique – se traduit par une instrumentalisation des émotions, des peurs en vue de rejetter, de dénoncer ce qui n’est pas compris.

Surtout, les médias de l’info en continue et de l’analyse superficielle conduisent à une surexposition des discours simplificateurs et dénonciateurs, répétés en boucle en raison de leur succès auprès d’un public qui renacle au moindre effort en matière d’Europe.

Au total, l’euroscepticisme apparaît comme une construction médiatique qui répond à la fois aux nouvelles contraintes de l’information (instantanéité, superficialité, exclusivité) et à un soi-disant désintérêt des citoyens pour l’Europe, forcément lointaine et compliquée.

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