Relations porte-parole et journalistes : comment évoluent les règles du « off » ?

Alors que Jean Quatremer s’intéresse à la fin du off en politique – puisque la déontologie journalistique régresse et les liens consanguins qui unissent journalistes et politiques progressent – les règles du « off » à Bruxelles sont réécrites, pour le meilleur ou pour le pire ?

La codification actuelle du « off » officiel du service des porte-parole : un « off the record » au service de la « policy » européenne

Le statut applicable aux déclarations « off the record » faites en Salle de Presse, selon la « Codification des accords entre le Service du porte-parole de la Commission européenne (SPP) et l’Association de la presse internationale (API), sur le site de cette dernière est très précis.

« Off the record » : Les informations peuvent être attribuées aux « sources de la Commission ». Toutes les informations seront dans la mesure du possible données en salle de presse, cette obligation ne pouvant être considérée comme une tentative de réduire les contacts directs avec le Service du porte-parole. Une telle pratique devrait éviter que des informations importantes ne soient pas mentionnées en Salle de presse et restent confinées à de petits cercles de personnes très averties ou de journalistes spécialisés sur certaines questions. La transmission EBS sera interrompue manuellement pour les informations « off the record ».

Plusieurs caractéristiques distinguent le « off » pratiqué par les porte-parole de la Commission européenne :

  • Sur la forme, quoique les propos ne sont pas attribuables, ils sont néanmoins portés dans l’enceinte officielle même de la salle de presse ;
  • Sur le fond, l’obligation d’égalité de traitement entre les journalistes du service des porte-parole l’oblige à mener l’activité de off de manière collective.

Avec ces clés de lecture, le « off » ne consiste donc pas à distiller des confidences politiciennes mais à clarifier les positions des institutions sur un dossier, par des propos vifs et francs qui ne pourraient pas être tenus officiellement. Le « off » vient ici au service de la policy.

La nouvelle pratique du « off » du nouveau service des porte-parole : un « off the record » au service à la fois de la « policy » et de la « politics » européennes ?

Le nouveau service des porte-parole de la Commission européenne rebat les cartes du « off », selon le compte-rendu que le groupe interinstitutionnel de l’information propose de l’intervention du nouveau porte-parole en chef :

D’une part, il n’y aura plus autant de porte-parole que de Commissaire, mais un pool d’une douzaine de « communicateurs politiques » aux responsabilités thématiques transversales qui s’exprimeront « on the record ».

D’autre part, une trentaine d’attachés de presse, assignés dans les différentes Directions Générales de la Commission européenne, qui pourront également s’exprimer « on » mais fourniront essentiellement un soutien aux porte-parole « off the record »

Par ailleurs, chaque Commissaire sera assisté d’un(e) Conseiller(ère) en communication au sein de son cabinet, qui ne s’exprimera pas « on » et agira comme un lien fonctionnel pour les porte-parole. N’étant pas dit que ces conseillers ne s’exprimeront pas « off », le feront-ils, en distillant des informations au sujet de leur Commissaire ?

Au total, la nouvelle organisation de la parole au sein de la Commission européenne semble conforter le « off the record » au service des « policies » par un « off the record » plus proprement « politics »… au moment même où il disparaîtrait.

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