Comment les médias vont traiter les élections européennes ?

L’européanisation des discours des médias nationaux est un phénomène difficile à appréhender. A quelques semaines des élections européennes, à quelle européanisation des discours des médias nationaux faut-il s’attendre ?

Une européanisation vectorisée « de bas en haut » des discours des médias nationaux

Selon Stephan Hlawatsch dans « Europeanization of National Media Discourses », l’européanisation des discours des médias nationaux correspond plutôt à davantage d’Europe dans la bouche des acteurs nationaux que davantage d’acteurs de l’UE ou d’Européens dans les médias nationaux.

Dans les médias nationaux, l’européanisation signifiant une plus grande présence des questions de niveau de l’UE se traduit par :

  • D’une part, la saillance de l’UE dans la sphère domestique par un mouvement de « bas en haut » – mouvement le plus important – dans lequel les acteurs nationaux font des déclarations sur les questions européennes ;
  • D’autre part, la variante de « haut en bas » – la moins importante – dans laquelle les acteurs européens interviennent dans les débats publics nationaux au nom des intérêts européens communs.

Autrement dit, dans le traitement de la campagne des élections européennes, les médias nationaux devraient privilégier les prises de parole des candidats nationaux aux postes de députés européens par rapport aux grandes personnalités européennes que seraient les candidats sélectionnés par les partis politiques européens pour le futur poste de président de la Commission européenne.

Une européanisation sectorisée « éco-fi » des discours des médias nationaux

Deuxième enseignement de Stephan Hlawatsch dans « Europeanization of National Media Discourses », les discours des médias nationaux sur l’Europe sont conditionnés par les pouvoirs exercés par l’UE.

Ainsi, l’européanisation est d’autant plus importante que la prise de décision se situe à l’échelle supranationale :

  • Les domaines de la politique agricole ou de la pêche sont les plus européanisés car les décisions y ont un caractère éminemment supranational ;
  • En revanche, les domaines où les transferts de compétences sont très réduits comme l’éducation où l’UE n’a qu’un rôle de coordination sont les moins européanisés.

Dans le détail, les niveaux d’européanisation des discours médiatiques sont plus élevés dans les domaines où la prise de décision est intergouvernementale (comme la politique d’immigration et le déploiement de troupes) que dans les champs où la prise de décision est supranationale (la politique monétaire).

Autrement dit, les médias auraient plutôt tendance à parler d’Europe lorsque l’UE est compétente, voire contraignante sur le sujet abordé, ce qui semble à vrai dire tout à fait « normal ». Mais, les médias auraient également plus de facilité à parler d’Europe lorsqu’ils peuvent opposer des Etats-membres (décision intergouvernementale) contrairement aux décisions prises par les organes européens (comme la BCE ou la Commission européenne) qui semblent les mettre plus à la peine.

Au total, cette européanisation vectorisée en partant des acteurs nationaux et sectorisée en parlant des sujets intergouvernementaux tend à offrir une visibilité – et donc une lisibilité – moindre aux enjeux pourtant les plus intégrés/européanisés.

Les débats publics dans les médias nationaux ne reflètent que très partiellement l’influence et les pouvoirs de l’UE. La sphère domestique demeure le point de référence dominant des discours des médias sur l’Europe, malgré les changements significatifs de pouvoirs au niveau européen.

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