Archives mensuelles : septembre 2013

L’auberge européenne : le web-documentaire pour communiquer l’Europe auprès des jeunes

Dès qu’il s’agit d’Europe auprès des jeunes, deux idées reviennent immanquablement : l’auberge espagnole, le film culte de Cédric Klapisch et Erasmus, le programme de mobilité. Alors, pourquoi ne pas fusionner les deux ? C’est le défi de « l’auberge européenne », le web-documentaire européen de la rentrée 2013…

Concept de l’auberge européenne : 10 étudiants, 10 villes européennes, 10 visions de la vie Erasmus

Au travers d’un web-documentaire composé de portraits de 10 étudiants français expérimentant la vie Erasmus en Europe, « l’auberge européenne » offre une plongée au cœur d’une génération d’Européens de terrain.

auberge_europeenne

Les portraits de chaque étudiant (Cléo, Léon) se décomposent d’une vidéo, d’une question posée à Cédric Klapisch qui y répond, d’une présentation d’un groupe de musique, de bonnes adresses dans la ville et d’un lien vers un réseau social pour entrer en contact avec l’étudiant.

portait_leon

L’auberge européenne : les bons registres de communication pour toucher les jeunes

Avec le dispositif mis en place, les bons registres de communication sont activés pour toucher les jeunes :

  • L’auberge européenne se fonde sur ce qui préoccupe vraiment les publics jeunes, leur avenir personnel ;
  • L’auberge européenne crée de la proximité avec les jeunes, sans tomber dans la démagogie du langage « jeune » en incluant des témoignages « terrain » ;
  • L’auberge européenne joue sur le sentiment d’appartenance des jeunes en intégrant une dimension musicale et sociale.

En bref, les contenus sont au rendez-vous pour séduire les jeunes et faire passer des messages sur l’Europe.

L’auberge européenne : la faible activation participative pour engager les jeunes

L’auberge européenne ne prévoit pas suffisamment de mécanique d’engagement en ligne – ce qui risque de limiter la viralité et la visibilité du web-documentaire.

L’auberge européenne ne répond pas au désir d’engagement des jeunes, à leur souhait d’être impliqués et de contribuer. Les jeunes ne peuvent pas s’approprier le web-documentaire dans lequel ils pourraient se reconnaître. Aucun mécanisme ne permet aux jeunes de partager le web-documentaire sur les réseaux sociaux. De même, ils ne peuvent pas interagir avec les jeunes témoins et ne peuvent pas eux-mêmes témoignés.

Autrement dit, la forme du web-documentaire n’est pas suffisamment optimisée pour favoriser une pleine appropriation par les jeunes en reprenant les codes et les mécaniques qu’ils pratiquent en ligne.

Au total, l’auberge européenne est une action de communication sur l’Europe auprès des jeunes particulièrement séduisante quoiqu’incomplète.

Journalisme et apprentissage innovants : vers une alliance open data et UE ?

Internet et en particulier les données redéfinissent les relations entre publics et contenus, tant en matière d’informations avec une nouvelle forme de journalisme des données qu’en matière d’éducation avec les MOOC (massive open online course). L’UE devrait avoir un rôle à jouer auprès des nouveaux intermédiaires pour littéralement reconnecter les Européens avec la construction européenne. Quelle pourrait être l’alliance entre open data et UE pour un journalisme et un apprentissage innovants européens ?

Apprentissage innovant : lancement de la plateforme « Open Education Europa »

Avec un portail conçu comme « la porte d’entrée à l’apprentissage innovant européen », l’Union européenne se donne les moyens de collaborer avec les nouveaux intermédiaires en ligne entre les contenus pédagogiques/éducatifs et le grand public et se positionne aux yeux du grand public comme un facilitateur – une position qui peut se révéler être au bénéfice à terme de la construction européenne.

L’apprentissage des affaires européennes auprès du grand public se trouve aujourd’hui bloqué car les enseignants ne sont pas eux-mêmes formés et « connectés » avec l’UE – une fracture que les systèmes éducatifs nationaux ne parviennent pas à combler.

Une intervention de l’UE visant principalement à faciliter le développement de l’apprentissage en ligne devrait permettre incidemment d’assurer une place sans doute plus importante aux enjeux européens dans ces nouveaux contenus et à tout le moins, devrait permettre à l’UE d’être dans le sens de l’histoire et des évolutions technologiques.

Journalisme innovant : à quand une plateforme openjournalismeuropa.eu ?

D’ores et déjà l’UE est engagée dans le mouvement d’ouverture des données avec le portail « Open data Europa » qui facilite l’accès aux données publiques de l’UE.

Mais, la transparence n’est qu’une partie du mouvement (6098 jeux de données sont disponibles en ligne) s’il n’y a pas d’interfaces de consultation, il n’y a ni empowerment du côté du public européen, ni accountability du côté des responsables administratifs et politiques européens (seules 7 applications, toutes issues d’un site institutionnel européen, sont actuellement disponibles).

Tout comme la fracture pédagogique sur l’Europe peut être en partie comblée avec une contribution européenne à l’apprentissage innovant, il est tout à fait possible d’envisager qu’une plateforme de journalisme innovant européen valorisant les initiatives de journaliste/développeur contribuerait à améliorer indirectement l’information européenne.

Au total, l’UE dans sa volonté de « reconnecter » les Européens au projet européen aurait tout intérêt à contribuer au développement de l’open data en matière de journalisme ou d’apprentissage.

En ligne, les enseignants/développeurs ou journalistes/développeurs sont de nouveaux intermédiaires entre les contenus et les publics que l’UE devrait traiter comme un nouveau public cible prioritaire.

Contexte, Touteleurope : professionnalisation des médias européens en ligne

Calendrier de rentrée chargé du côté des médias européens en ligne avec le nouveau média Contexte et la 3e refonte de Touteleurope – deux projets qui se rejoignent par leur professionnalisation renforcée du traitement médiatique des affaires européennes en France…

Contexte, un nouveau pure player payant et spécialisé pour les professionnels des politiques françaises et européennes

Le pure player Contexte – piloté par l’ancienne équipe d’Euractiv France – se positionne comme un média destiné aux professionnels des politiques françaises et européennes.

Conscient de l’impact des législations européennes (et nationales) sur des secteurs tels que l’Énergie, le Numérique et les Territoires, la rédaction se spécialise sur ces enjeux, avec notamment un correspondant à Bruxelles.

Cette démarche inédite d’un média pure player payant et spécialisé vise à répondre aux exigences des milieux professionnels gravitant dans les affaires publiques de mieux être informés du « contexte », c’est-à-dire des initiatives et des positions des différents acteurs, tant à l’échelle nationale qu’européenne.

Touteleurope, une refonte vers une agence de presse européenne en ligne ?

Le portail pédagogique Touteleurope fait l’objet d’une refonte qui affirme son positionnement d’agence de presse européenne en ligne :

  • une position charnière qui vise à la fois à combler le déficit de couverture et de compréhension des affaires européennes dans les médias généralistes tout en évitant la concurrence frontale avec les médias européens en ligne ;
  • une source d’information à la fois pour les citoyens ou pour les journalistes non spécialistes de l’Europe qui souffrent d’une même carence dans la méconnaissance de l’Europe mais également d’une même soif de comparaison européenne.

Au total, Contexte et Touteleurope sont deux projets différents mais qui se rejoignent dans leur professionnalisation de la prise en compte des attentes et besoins de leurs publics :

  • la pédagogie et la comparaison auprès des journalistes et du grand public pour Touteleurope ;
  • l’analyse et le contexte auprès des pros des affaires publiques pour Contexte.

Triple inquiétude sur la future campagne des élections européennes de 2014

Les élections européennes n’ont pas encore commencé qu’elles semblent déjà condamnées. A cause d’une série de raisons plus inquiétantes les unes que les autres, la campagne s’annonce au rabais, comme jamais. Jugez plutôt…

1e inquiétude : suppression envisagée de l’envoi par courrier des professions de foi et des bulletins de vote

Selon le Bulletin Quotidien du mardi 10 septembre, confirmé par Laurent Marchand de Ouest-France, « le Ministère de l’Intérieur aurait l’intention de supprimer, à l’occasion des prochaines élections européennes du 25 mai 2014, les envois de courrier par la poste contenant les professions de foi des candidats ainsi que les bulletins de vote pour les remplacer par des envois numériques ».

Une économie estimée à environ 27 millions d’euros dans le projet de loi de finances pour 2014 qui ne peut pas être sérieusement confirmée par les députés et les sénateurs, sinon au mépris de la fracture numérique et de la démocratie, d’autant que l’abstention était déjà à des niveaux record en 2009.

2e inquiétude : dépôt des candidatures très tardif laissant la place à un calendrier électoral exsangue

Lors du Conseil des ministres du mercredi 11 septembre, le Ministre de l’Intérieur a présenté un projet de loi qui ajuste – au rabais – le calendrier officiel des élections européennes. Les candidatures devront être déposées le 2 mai 2014, une date qui tombe 6 semaines après les résultats des élections municipales.

L’échéance du dépôt des candidatures – quoique apparemment technique et superficiel – pose néanmoins deux problèmes fondamentaux pour le bon déroulement démocratique des prochaines élections européennes, selon la pétition pour avancer le dépôt des candidatures pour les élections européennes 2014 avant les élections municipales :

  • Un dépôt de candidatures trois semaines avant les élections européennes n’incite pas les partis politiques à conduire une campagne électorale ambitieuse ;
  • Un dépôt de candidatures cinq semaines après les résultats du deuxième tour des élections municipales offre la possibilité aux candidats perdants de se représenter.

3e inquiétude : absence éventuelle d’une campagne officielle d’incitation au vote après la disparition des partenariats de communication

Quoiqu’à ce stade encore prématuré la question ne soit pas définitivement tranchée, il demeure que la récente annonce de la Commission européenne de faire disparaître dès 2014 les partenariats de gestion entre les institutions européennes et les Etats-membres pour communiquer ensemble sur l’Europe obère fortement les chances de voir se monter une campagne de communication ambitieuse.

Au total, les inquiétudes autour de la future campagne des élections européennes de 2014 sont nombreuses. Y a-t-il une ferme volonté de lutter contre l’abstention ?

Elections européennes : benchmark des vidéos en ligne d’incitation au vote

Alors que le Parlement européen vient de lancer sa campagne en ligne d’appel au vote avec une vidéo plutôt triste et très « publicitaire » dans toutes les langues de l’UE, les vidéos d’appel au vote sont normalement beaucoup plus décalées et usent principalement de l’humour pour dédramatiser ou de la culpabilisation pour responsabiliser…

L’humour, la clé du succès d’une vidéo virale d’incitation au vote

Plusieurs exemples, plus ou moins récents, confirment que l’humour est sans doute le meilleur moyen de sensibiliser les citoyens à l’importance des élections :

Pour la campagne des prochaines élections législatives, le très sérieux syndicat IG Metall incite les électeurs allemands à se rendre aux urnes avec un clip très geeky « « Geh Wählen » Metallmix » détournant les extraits les plus connus de vidéos virales drôles. Les résultats sont impressionnants avec près de 1,5 millions de vues (version sous-titrée en anglais).

ig_metall

Pour les élections présidentielles de 2002, le spot TV officiel « Le choix du prénom » joue également sur la corde sensible de la dérision, du ridicule. On y voit un couple dans une salle d’opération après un accouchement. Le personnel de l’hôpital ainsi que les autres patients décident du prénom du bébé sans se soucier des parents. La vidéo se termine par la phrase «Ne laissez personne décider pour vous, votez ».

choix_prenom« Jean, c’est pas si mal…Paul…Jean-Paul ! Va pour Jean-Paul ! »

Dans la même veine, le clip TV réalisé pour les élections provinciales de 2003 en Ontario « Le restaurant » où l’on y voit un couple dans un restaurant qui s’apprête à commander lorsqu’un voisin de table commence à commander à leur place. La vidéo finit sur la phrase « When you don’t vote, you let others speak for you ».

restaurant_choix« A cheeseburger for this young lady…on a pita »

Autre exemple « à l’américaine » de l’usage de l’humour avec les spots de « Rock The vote », l’organisation dont l’objectif est d’inciter les jeunes à aller vote, dont le plus célèbre diffusé en 1991 où l’on y voit Madonna en tenue provocante tentant de chanter pour convaincre d’aller voter, dans un style très « MTV ».

rock_the_vote« And If you don’t vote, you’re gonna get a spanky ! »

Rappelons enfin dans cette catégorie, les vidéos parodiques réalisées par le Parlement européen lors de la précédente campagne des élections européennes de 2009 : « There’s always time to vote ».

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La culpabilisation, l’autre registre pour responsabiliser les abstentionnistes

Plus rarement, les vidéos d’incitation au vote visent à s’adresser au citoyen responsable qui sommeille dans le cœur de tout abstentionniste pour le réveiller, voire le culpabiliser :

Premier exemple de responsabilisation « light » avec le clip américain « Dunk the vote » où l’incitation destinée aux jeunes est transmise par la mobilisation des basketteurs professionnels.

dunk_the_vote

Plus dramatique, lors des élections tunisiennes de 2011, la vidéo « Retour de Ben Ali à La Goulette » n’hésite pas à faire planer le risque d’un retour de la dictature avec une immense affiche de l’ancien président Ben Ali déployées dans les rues de la Goulette (Tunis). Des passants outrés décident d’arracher l’affiche. Se dévoile alors une autre affiche où est inscrit le message principal.

retour_ben_ali« Attention, la dictature peut revenir, le 23 octobre votez »

Enfin, l’ultime exemple consiste à instrumentaliser Hitler, comme avec ce spot « Voice over » réalisé pour les élections allemandes de 2005 où se superposent aux images du Führer les voix de citoyens prononçant des arguments classiques pour ne pas aller voter.

abstention_hilter« Si tu ne votes vas, tu donnes ta voix aux mauvaises personnes »

Ainsi, l’humour et la culpabilisation présentent deux réalités de l’incitation au vote : pour le premier il s’agit de dédramatiser la démarche civique afin d’atténuer le sentiment d’éloignement entre le monde politique et le monde du simple citoyen ; pour le second il s’agit au contraire de dramatiser l’importance du vote et de responsabiliser l’électeur en suscitant une prise de conscience du devoir civique.