Communication européenne : la pédagogie peut-elle être démagogique ?

Dans une note « Refonder le projet européen », publiée en mars 2012, l’Institut Montaigne – parmi un ensemble de propositions – formule l’idée de rendre l’Europe plus directement perceptible dans les médias en fournissant « un éclairage européen à un certain nombre de rubriques d’actualité, qu’il s’agisse de la météo, des résultats sportifs ou de l’actualité culturelle ».

Plus largement, l’intention de faire de la pédagogie sur l’Europe en dépassant les rubriques traditionnelles du traitement de l’actualité de l’UE dans les médias peut-elle se transformer en démagogie au sens où l’Europe sortirait du champ rationnel pour assurer une présence flatteuse là où la population porterait ses faveurs médiatiques : le sport, la météo, la culture voire le divertissement ou la fiction ?

La pédagogie sur l’Europe dans les médias d’information et les émissions d’information dans l’audiovisuel : une voie bloquée, selon les Européens eux-mêmes

Idéalement, assurer une meilleure information sur l’Europe serait envisageable dans les médias d’information (PQN…) et les émissions d’information (JT…) dans l’audiovisuel. Cela serait même souhaitable puisqu’une majorité des Européens s’estime mal informée sur l’Europe, selon l’Eurobaromètre 74 sur « l’information sur les questions politiques européennes ».

Pourtant, quoique conscients de leur faible niveau d’information sur l’UE, les Européens ne ressentent pas le besoin de combler leur déficit d’information sur l’UE. Toujours selon cette enquête Eurobaromètre, une majorité des Européens estime que la télévision et la radio parlent assez des affaires européennes.

La voie de la pédagogie « informative » sur l’Europe dans le cadre des médias et des émissions d’information n’est donc pas praticable pour mieux faire connaître l’actualité de l’Europe.

La pédagogie empathique sur l’Europe dans des médias d’affinité ou des actualités de divertissement dans l’audiovisuel : une opportunité ouverte sous conditions

Finalement, la pédagogie sur l’Europe ne peut se faire que dans le cadre de la consommation extra-informative des médias chez les Européens. C’est en inscrivant l’Europe dans le cadre des souhaits et des attentes du public et donc des supports ou lieux fort en audience ou audimat – sans rechercher d’emblée un discours sur l’intérêt général et la construction européenne – que des opportunités semblent ouvertes.

Néanmoins, cette recherche d’opportunités de faire de la pédagogie sur l’Europe ne doit pas sombrer dans la facilité voir la paresse intellectuelle en véhiculant des clichés, des préjugés ou en jouant avec les frustrations éventuelles dans la population. Par ailleurs, la pédagogie – même limitée – sur l’Europe doit se faire dans la transparence et avec une relative acceptabilité des publics.

Une fois ces règles de déontologie respectées, l’hypothèse d’assurer « un éclairage européen à un certain nombre de rubriques d’actualité, qu’il s’agisse de la météo, des résultats sportifs ou de l’actualité culturelle » semble une façon insatisfaisante mais relativement efficace d’assurer une présence plus sensible, plus empathique de l’Europe dans le quotidien des Européens.

Ainsi, inscrire une dose de pédagogie sur l’Europe dans le cadre des médias d’affinité et des actualités de divertissement peut renforcer l’attachement des Européens à la construction européenne.

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