Archives mensuelles : décembre 2011

Opinion publique européenne : crise sur l’image et la confiance de l’UE

Les premiers résultats de l’Eurobaromètre 76 mené entre le 5 et le 20 novembre 2011 viennent d’être publié. Ils ne font que confirmer la crise de l’UE…

Dégradation historique de l’image de l’UE

La perception de l’image de l’UE est fortement dégradée :

  • image positive à 31% – la plus faible depuis 5 ans : baisse de 9 points par rapport à l’été dernier et de 21 points depuis l’été 2007 ;
  • image négative à 26% – la plus forte depuis 5 ans : hausse de 6 points par rapport à l’été dernier et de 11 points depuis l’été 2007.

Confiance en berne pour toutes les institutions européennes

La confiance dans les institutions politiques européennes est également en chute avec aucune institution recueillant une confiance majoritaire et une baisse identique de 4 points par rapport à l’été dernier et de 15/16 points depuis l’été 2007 :

  • 1e institution, le Parlement européen (41%) ;
  • 2e ex-aequo : la Commission et la Banque Centrale Européenne (36%) ;
  • 3e : le Conseil de l’UE (32%).

Ainsi, les résultats de l’Eurobaromètre 76 mesure l’impact dans l’opinion publique européenne de la crise de l’UE.

Palmarès de la communication européenne en 2011

Pour sa 5e édition, lacomeuropéenne revient sur les principaux événements à retenir de l’année écoulée, après les bilans en 2007, 2008, 2009 et 2010

Événement n°1 de l’année 2011 en communication européenne : le départ du Directeur général de la DG Communication au sein de la Commission européenne, Claus Sørensen

Claus Sørensen est venu à Paris le 4 avril 2011 pour une discussion sur l’UE et sa communication : « L’Europe, bof ? » à laquelle j’ai participé à la Représentation en France de la Commission européenne. Ses principales interrogations :

  • Faut-il répondre aux attentes des Européen(ne)s et donc faire une communication en fonction de la demande ou plutôt diffuser des informations en fonction de l’actualité des institutions européennes et faire alors une communication de l’offre ?
  • Faut-il communiquer sur les bénéfices concrets de l’Europe au quotidien ou plutôt sur les valeurs et symboles liés à la construction européenne ?
  • Faut-il toucher les citoyens à travers une collaboration avec les journalistes pour assurer une présence de l’UE dans les médias ou plutôt s’appuyer sur les multiplicateurs – relais d’opinion pour traduire à une échelle locale ou sectorielle les enjeux européens ?

Lors de son départ, le 30 juin 2011, Claus Sørensen a répondu à mes questions sur son bilan, ses réussites, ses déceptions et ses enseignements à la tête de la DG COMM de la Commission européenne.

Quelles sont les priorités du futur DG COMM à la tête de la communication de l’UE ?

  • Priorité n°1 : renforcer la professionnalisation pour une meilleure maîtrise de la complexité et de la transversalité
  • Priorité n°2 : couvrir les nouveaux territoires émergés : réseaux et partenariats, communication interne et locale
  • Priorité n°3 : assurer une pleine appropriation des progrès et outils du web social avec davantage de mutualisation et de cohérence

Événement n°2 de l’année 2011 en communication européenne : le web social avec la charte de communication dans les médias sociaux de la Commission européenne et l’accréditation d’euro-bloggeurs au Conseil de l’UE

Même si la place des médias sociaux dans la communication européenne selon Viviane Reding est particulièrement réduite : : il ne s’agit que de faire la promotion des informations préalablement diffusées sur le portail officiel ; 2011 a bien été « l’année où la Commission à adopter les médias sociaux », comme le publie aujourd’hui le blog de l’équipe médias sociaux de la Commission européenne.

Quels sont les coûts pour la communication européenne de ne pas investir les médias sociaux ?

  • détériorer la relation entre l’UE et les citoyens européens
  • renforcer la vulnérabilité de l’UE face aux risques d’opinion
  • rater l’occasion pour l’UE de saisir des feedbacks
  • scléroser les processus décisionnels de l’UE

Quelles sont les spécificités du guide d’utilisation des médias sociaux destiné aux fonctionnaires de l’UE ?

  • Un rappel au code de bonne conduite administrative plutôt qu’une invitation au rôle d’ambassadeur en ligne
  • Un guide de recommandations pratiques pour accompagner plutôt qu’une charte d’encadrement pour contrôler

Le web social, terrain d’une nouvelle communication européenne ?
Représente à la fois une aubaine pour impulser un changement culturel et structurel au sein des services communication de l’UE et une opportunité pour repenser le modèle de communication et y inclure réellement les citoyens européens. Le web social constitue en ce sens une étape essentielle dans la redéfinition et la mutation de la communication européenne.

Le Club de Venise qui fête en 2011 ses 25 ans est un symbole du choc des cultures entre la pratique de la confidentialité et l’ouverture à la transparence.

Événement n°3 de l’année 2011 en communication européenne : le journalisme européen en questions

2011 est également une année mouvementée pour les journalistes européens, tant en raison de l’impact du web social sur leur profession en général que de l’attitude particulière des services de presse des institutions européennes :

Voyage au cœur de la fabrique de l’info européenne : le métier de journaliste européen à l’heure du web social

  • Constat n°1 : influence grandissante du citoyen « lecteur-auditeur-téléspectateur-internaute » sur les journalistes dans la production et la diffusion de l’information européenne
  • Constat n°2 : le web social, une nouvelle source d’info pour les journalistes, dont la fiabilité est à géométrie variable
  • Constat n°3 : le web social, un nouveau lieu pour publier et diffuser l’information des médias traditionnels, produite par les journalistes

Quelle distinction entre information européenne et communication européenne ?

  • des enjeux d’image : cohérence, consistance et continuité principalement pour la communication européenne ;
  • des enjeux de réalité : complexité, contradiction et critique essentiellement pour l’information européenne.

Comment la Commission européenne et le Conseil de l’UE communiquent auprès des journalistes ?

  • Le service du Porte-Parole de la Commission européenne : une approche proactive et promotionnelle auprès de la sphère médiatique bruxelloise
  • Le service presse du Conseil de l’UE : une approche réactive et informationnelle auprès des journalistes politiques des médias nationaux

Le service de presse de la Commission européenne sous le feu des critiques en fin d’année

En France, le journalisme européen se renouvelle avec Vigie 2012 : le premier site de fact checking sur l’Europe pour la campagne présidentielle

Événement n°4 de l’année 2011 en communication européenne : des innovations dans la communication du Parlement européen

En 2011, plusieurs nouveautés ont émaillées la communication du Parlement européen :

Événement n°5 de l’année 2011 en communication européenne : communication de l’UE, année zéro ?

Avec la crise de l’UE, la communication européenne peut-elle faire face au débat ou est-elle en danger ?

  • 1e hypothèse : relégitimer la communication européenne non plus sur l’efficacité supposée de l’UE mais sur la légitimité de l’expertise
  • 2e hypothèse : relégitimer la communication européenne non plus sur le consentement tacite mais sur l’ignorance assumée des citoyens
  • 3e hypothèse : relégitimer la communication européenne sur une nouvelle forme de démocratie qui sans se revendiquer vraiment censitaire ou élitaire serait une coalition de bonnes volontés

Policy & Politics : la politisation de la communication européenne en question

Comment rendre audibles les voix politiques, institutionnelles et médiatiques sur l’UE ?

C’est l’interrogation centrale du séminaire : « La communication européenne: quelle(s) voix pour l’Europe ? » organisé au Bureau d’information pour la France du Parlement européen le 9 décembre 2011 à Paris et au cours duquel je suis intervenu :

  • La communication conjointe aux institutions européennes et françaises : branding promotionnel de l’UE ou pédagogie informationnelle sur l’UE et la France ?
  • La communication politique européenne : « l’inévitable bulle parle à la bulle » ou l’hypothétique dialogue euro-députés – citoyens européens ?
  • L’information européenne : information de qualité hyper-spécialisée ou information généraliste approximative ?

Quels scénarios pour la stratégie de communication européenne ?

  • Scénario n°1 : Le marketing d’une « Europe de la raison » à partir des bénéfices pour le consommateur citoyen : une stratégie de communication « light » et « lisse » autour de la valorisation de projets concrets ;
  • Scénario n°2 : Le dialogue d’une « Europe des citoyens » pour construire un projet européen participatif : une stratégie de communication « pédagogique » et « multiculturelle » autour de l’organisation de débats paneuropéens ;
  • Scénario n°3 : La propagande pour une Europe ancrée dans la tradition : une stratégie de communication « démagogique » et « autoritaire » autour de la valorisation du patrimoine séculaire.

Meilleurs vœux pour vos fêtes de fin d’année et à l’année prochaine !

Stratégie d’open-data de la Commission européenne : que faut-il en attendre ?

Lundi 12 décembre, Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne, responsable de l’agenda numérique présente « une stratégie européenne en matière d’ouverture des données publiques ». Alors que de nouvelles perspectives sont ouvertes par les progrès des technologies d’analyse, d’exploitation et de traitement des données ; la stratégie de valorisation des données publiques européennes est présentée comme « un moteur pour l’innovation, la croissance et une gouvernance transparente ». Qu’en est-il vraiment ?

Impact réduit sur l’ouverture des données publiques dans l’UE

L’agenda de la Commission européenne se donne pour mission de :

  • lancer au printemps 2012 un portail donnant accès aux données ouvertes de la Commission ;
  • lancer en 2013 un portail pilote multilingue et doté de fonctions de recherche pour donner accès à des données provenant de toute l’UE.

Néanmoins, l’objectif de créer un unique point d’accès aux données réutilisables de tous les organes, institutions et agences de l’UE voire d’un unique portail d’open-data de toutes les données publiques européennes (UE+Etats-membres) est illusoire.

Le pouvoir de la Commission européenne se trouve très limité, selon Euractiv.com :

  • les autres institutions européennes n’ont aucune obligation de suivre la stratégie d’open-data : « La Commission invite le Parlement européen et le Conseil à créer les conditions-cadres appropriées pour la réutilisation des informations du secteur public dans l’UE » : ;
  • les États-membres sont également libres d’appliquer leur propre législation en matière d’open-data : « La Commission propose d’harmoniser la manière dont les États-membres permettent la réutilisation de leurs données ».

Quel sera l’impact réel d’une stratégie d’ouverture des données publiques européennes si le pouvoir de la Commission européenne ne se limite qu’à « inviter » les autres institutions européennes et à « proposer d’harmoniser » les législations nationales ?

Intérêt réduit sur la transparence de l’UE

Même si le champ des données européennes couvert par la stratégie d’open data est limité, cette avancée constitue peut-être un progrès vers plus de transparence de la Commission européenne ?

Là encore, les propositions de la Commission européenne sont décevantes :

  • certes, le texte « étend le champ d’application aux (données des) bibliothèques, musées, archives et bibliothèques universitaires » ;
  • mais, « le document publié par Mme Kroes n’aborde pas la question des documents confidentiels », selon Euractiv.com.

Par ailleurs, l’accès plein et entier des citoyens non-experts aux données publiques doit se faire impérativement en proposant des moyens de visualisation des gros flux de données.

De nouveau, le texte de la Commission est extrêmement vague : « il convient de soutenir davantage les travaux de R&D et d’innovation relatifs aux outils d’analyse et de visualisation des données » avec aucun engagement précis.

Sans ouverture aux documents confidentiels (éventuellement déclassifié à la suite d’une révision des critères et des procédures) et sans moyens vraiment performant et efficace de visualisation des « big-data », quel sera l’intérêt concret d’une stratégie d’ouverture des données publiques européennes ?

En conclusion, la stratégie d’open data de la Commission européenne renouvelle-t-elle les pratiques démocratiques de l’UE ?

Le Personal Democracy Forum (PDF) à Paris, le 6 décembre, s’interroge sur la question de l’empowerment – littéralement « capacitation » des citoyens – grâce à l’ouverture des données publiques, qui ne serait « que le prélude à plus de participation de la part des citoyens, pour enfin aboutir à une co-production citoyenne synonyme de démocratie renouvelée et plus efficace », selon le compte-rendu de La Netscouade.

Le texte de Neelie Kroes – quant à lui – interroge sur l’éventuelle utilisation à des fins stratégiques, politiciennes des données publiques qui ne seraient plus des outils de réflexion, mais bien de communication. Quand toute la valorisation des données publiques repose sur le travail militant d’un petit nombre d’experts de la donnée, il n’est que trop à craindre le risque évident de l’utilisation des chiffres à des fins de marketing politique.

Ainsi, la révolution de l’open data à l’échelle de l’UE ne passera pas par la stratégie actuelle de la Commission européenne.

Relations rédacteur en chef – porte-parole de la Commission européenne, le dialogue en ligne serait-il possible ?

Malgré certaines avanies dans les relations entre les correspondants de presse à Bruxelles et le service de presse de la Commission européenne (cf. « Le service de presse de la Commission européenne sous le feu des critiques »), le dialogue est régulier tant lors du briefing quotidien qu’au travers d’échanges bilatéraux, notamment via Twitter avec une présence – encore timide – de porte-parole. Mais, s’agissant des rédacteurs en chef à Paris, qu’en est-il vraiment ? Un dialogue peut-il s’établir ? Et le web social peut-il y contribuer ? Voici un cas pratique…

Étape 1 : Eric Mettout, rédacteur en chef de lexpress.fr publie sur son blog un billet incriminant Viviane Reding

Dans un billet du 29 novembre « La mémoire contre l’oubli », Eric Mettout s’en prend ouvertement à Viviane Reding qui serait en train de préparer une « directive sur le droit à l’oubli » qui viserait à appliquer la même législation – la plus restrictive – pour tous les sites web, médias en ligne inclus. Cette interprétation de la future législation soulève, selon le rédacteur en chef, des problèmes de fond (atteinte à la liberté d’informer) et de forme (cauchemar des suppression de données en ligne).

La conclusion du papier est rétrospectivement « drôle » pour reprendre les propos mêmes d’Eric Mettout :

C’est du corporatisme, j’avoue et j’assume. Un combat d’arrière-garde, aussi, j’en ai peur. La Commission européenne se moque de mon avis comme d’une guigne – le contraire serait drôle, non ?

Étape 2 : Fabrice Pozzoli-Montenay, Secrétaire général de la section française de l’Association des Journalistes Européens (AJE) tweete l’information avec copie à Viviane Reding

Dans les commentaires, Fabrice Pozzoli-Montenay tente de calmer les inquiétudes d’Eric Mettout : « Le dossier est sensible, mais il est très loin d’être ficelé. Et L’Express n’est pas le seul média européen à sonner l’alerte. ».

De plus, le journaliste européen tweete l’information en mettant en copie le compte de la Commissaire européenne dans un registre qui joue la connivence avec Viviane Reding, elle-même ancienne journaliste, un registre qui semble avoir fait mouche :

Étape 3 : Matthew Newman, porte-parole de Viviane Reding, appelle Eric Mettout, qui publie la réponse sur son blog

Dans un second billet sur son blog du 2 décembre « Droit à l’oubli: Viviane Reding me répond directement (ou presque) », Eric Mettout raconte sa surprise : « dans les deux heures qui ont suivi, j’ai reçu l’appel (…) de Matthew Newman, porte-parole de Viviane Reding, (qui) a tenu à répondre lui-même à mes vilaines spéculations. Je l’accueille bien volontiers et, surtout, donne acte à la Commission de ses bonnes intentions ».

Ce second papier soulèvera même un commentaire assez savoureux pour qui suit la communication de la Commission européenne :

Héhé, certains commissaires européens suivent de près ce qui se dit sur les réseaux sociaux… Tant mieux !
C’est bien que ces personnalités « si loin à Bruxelles » réagissent directement.

Bilan : le professionnalisme, meilleur argument pour faire progresser le dialogue rédacteur en chef – porte-parole de la Commission

Rien dans cette anecdote n’aurait été possible sans le professionnalisme des trois acteurs (et sans l’utilisation des différents espaces du web par l’ensemble des acteurs) :

  • transparence et humilité pour le rédacteur en chef qui « éditorialise » sur un sujet et assure un droit de suite aux parties incriminées ;
  • dialogue et médiation pour le journaliste spécialisé sur les affaires européennes qui démine avec le rédacteur en chef et sollicite la réponse de l’institution européenne ;
  • réactivité et précision pour le porte-parole qui argumente sur les intentions de la Commissaire européenne.

Faut-il considérer ce cas comme un acte isolé ou un précurseur de nouvelles pratiques ?

Comment rendre audibles les voix politiques, institutionnelles et médiatiques sur l’UE ?

Un séminaire consacré à « la communication européenne : quelle(s) voix pour l’Europe ? » s’est tenu vendredi 9 décembre dernier au Bureau du Parlement européen à Paris :

  • une occasion pour voir dialoguer une multiplicité d’acteurs (politiques, institutions, journalistes, bloggeurs) ;
  • une réunion pour réfléchir sur la complexité des registres de prises de parole européennes (communications politique/institutionnelle/promotionnelle/pédagogique et information).

Quel est l’état des lieux – sur la base d’un compte-rendu non exhaustif et subjectif – des différentes communications et de l’information européennes en France ?

La communication conjointe aux institutions européennes et françaises : branding promotionnel de l’UE ou pédagogie informationnelle sur l’UE et la France ?

Bruno Denoyelle, Conseiller aux questions digitales et internationales au Service d’Information du Gouvernement et responsable en France de la gestion du partenariat de communication entre les institutions européennes et françaises s’interroge sur le bon registre de cette communication européenne conjointe.

Le périmètre de cette communication en partenariat est particulièrement contraint :

  • un périmètre institutionnel et protocolaire marqué par de nombreux interlocuteurs tant au niveau des institutions européennes (Parlement européen et Commission) que des acteurs nationaux (Matignon pour les fonds européens via la DATAR, Ministère des Affaires européennes et étrangères, Ministère de l’agriculture pour la PAC, de l’économie pour le FSE…) ;
  • un périmètre budgétaire et programmatique frappé par l’exiguïté des solutions puisqu’il s’agit, chaque année, de s’accorder sur un budget partagé autour d’un thème principal : campagnes TV sur les fonds européens à deux reprises en 2008 et 2010, exposition au Quai d’Orsay sur les 60 ans de la déclaration Schuman le 9 mai, Journée de l’Europe en 2010…

Non, la communication européenne à travers ce partenariat ne peut consister à faire le branding promotionnel de l’UE. Titulaire de la mise en œuvre du partenariat en France, le Service d’Information du Gouvernement en France ne s’envisage pas comme un service déconcentré des institutions européennes à Bruxelles chargé d’assurer la promotion de la construction européenne ou des institutions européennes.

Oui, la communication européenne en partenariat entre la France et les institutions européennes doit assurer une mission – de service public – d’information sur les actions de l’UE, dont la France est membre, auprès des citoyens français et européens résidant dans l’hexagone. Jusqu’à présent, en raison de moyens réduits, cette mission auprès du grand public s’est révélée d’une efficacité relative (cf. le bilan des campagnes de communication sur les fonds européens en France).

Pour 2012, s’inspirant peut-être des bonnes pratiques des partenariats UE/États membres en matière de communication européenne à destination des jeunes, le partenariat de communication France/UE cible les enfants scolarisés avec la publication d’un livre pédagogique sur la participation de la France à la construction européenne et la présence à plusieurs événementiels, notamment le festival de la BD à Angoulême.

Ainsi, entre communication promotionnelle de l’UE coûteuse à mener auprès du grand public et éloignée des préoccupations de l’Etat français et communication pédagogique sur l’UE plus ciblée auprès des jeunes et moins politiquement sensible, l’intervention de Bruno Denoyelle précise les orientations futures du partenariat de communication France/UE.

La communication politique européenne : « l’inévitable bulle parle à la bulle » ou l’hypothétique dialogue euro-députés – citoyens européens ?

Marie-Christine Vergiat, euro-député, membre du groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique, élus sur la liste du Front de gauche pour changer d’Europe questionne la place de la communication politique européenne.

Politique européenne et médias : plus le média est proche de l’électeur, moins le politique européen est présent

Faire de la politique européenne et communiquer sur des actions politiques à l’échelle européenne passe très facilement dans les médias spécialisés sur l’Europe qui sont lus/vus/entendus par la sphère politique européenne à Bruxelles au point que l’euro-député(e) sombre vite dans l’inévitable bulle qui parle à la bulle.

En revanche, l’information sur l’activité d’un(e) euro-député(e) ne passe pas ou très peu par les médias nationaux et locaux, pourtant les plus appréciés par les citoyens, en raison notamment de la faible formation des journalistes politiques nationaux et des journalistes de la PQR (exception faite de Ouest France) aux arcanes de la vie politique à Bruxelles.

Communication politique européenne : l’importance des convictions contre le discours technocratique

Faire de la politique efficace à l’échelle européenne ne peut fonctionner que si les acteurs politiques ne passent pas leur temps à tenter d’expliquer les mécanismes décisionnels mais plutôt à essayer de convaincre les électeurs, sur le terrain, de la pertinence de leurs réponses politiques face aux enjeux.

De même, faire de la politique constructive à l’échelle européenne peut fonctionner en s’appuyant sur des organisations de la société civile, avec des militants engagées sur des causes déterminées, qui ne mettent pas en avant – afin d’éviter la facilité ou la duplicité d’un double discours – ce qu’il y a de pire dans l’UE.

Ainsi, entre la facilité d’une communication politique européenne d’une bulle qui parle à une bulle et la difficulté d’une communication politique engagée, auprès de réseaux militants en prise avec les électorats, l’intervention de Marie-Christine Vergiat fixe, à partir d’une prise de parole située, le cadre de la communication politique d’un(e) élu(e) européen(ne).

L’information européenne : information de qualité hyper-spécialisée ou information généraliste approximative ?

Fabrice Pozzoli-Montenay, Secrétaire général de la section française de l’Association des Journalistes Européens (AJE), considérée comme le plus grand club de journalistes d’Europe sonde la diversité des traitements des faits européens dans les médias.

D’une part, l’information européenne de qualité se trouve le plus souvent cantonnée à des médias hyper-spécialisés dans les affaires européennes. Le cas du président de la section française de l’AJE – Jean Quatremer – illustre cette règle. Quoique correspondant à Bruxelles du quotidien Libération, sa renommée lui vient bien davantage des papiers qui ne sont pas parus dans le journal mais sur son blog, un média de niche.

D’autre part, l’information européenne plus approximative se trouve le plus souvent dans les médias généralistes. Le cas le plus emblématique demeure l’absence de correspondant de presse à Bruxelles pour TF1, l’une des premières chaînes TV en France.

Par ailleurs, les sujets sur l’UE souffrent du tiraillement dans les rédactions entre les services politiques qui privilégient une projection des intrigues nationales entre personnalités politiques à l’échelle européenne et les rubriques « International » qui traitent l’information avec la distance des sujets étrangers.

La relative médiocrité de certaines informations européennes provient de deux raisons inattendues :

  • certains sujets consistent à reprendre sans vérifier des communiqués d’entreprises inquiètes de ce qu’elles comprennent maladroitement des intentions de la Commission européenne ;
  • d’autres sujets ne font pas l’objet de corrections en dépit d’erreurs factuelles car les services presse et les cabinets politiques des institutions européennes n’exercent pas par leur droit de réponse.

Ainsi, entre information européenne de qualité circonscrite à des médias hyper-spécialisés et information européenne approximative davantage présente dans des médias généralistes, Fabrice Pozzoli-Montenay ausculte les avanies de l’information européenne.