Think tank et communication européenne 1/2 : quel est le rôle discursif des think tanks dans les débats sur l’Europe ?

A l’occasion du premier « forum des think-tanks » organisé, le 6 novembre dernier, à Paris, et largement consacré à l’Europe, il semble aux vues des comptes rendus que les think tank contribuent plutôt à contre-emploi lorsqu’ils animent des débats sur l’Europe dans les médias…

Littéralement « réservoir de pensée », les think tanks en principe de droit privé et indépendant, réunissent des experts voués à la production d’idées pour alimenter le débat public avec publications, conférences et séminaires.

Concrètement, les think tanks se résument souvent à leurs principaux responsables qui tentent d’exister sur la scène médiatique. Selon Nonfiction, « leur objectif est avant tout de trouver des moyens pour faire passer leurs idées, convaincre et avoir une place dans les débats actuels. »

Avec la moitié des tables rondes consacrées à l’Europe : « Comment rendre l’Europe plus forte et plus solidaire ? » et « Les nouvelles formes de citoyenneté en France et en Europe, un enjeu pour la démocratie », le Forum des think tanks illustre les rhétoriques développées sur l’Europe.

Rôle discursif relativement contre-performant sur l’Europe : les think tanks renforceraient la rhétorique de l’inéluctable et du consensus

Pour Eric Dacheux dans « L’impossible défi. La politique de communication de l’Union européenne », la construction européenne est souvent présentée à tort comme « inéluctable », tactique consistant à présenter la construction européenne comme la seule possibilité, l’aboutissement inévitable.

Marianne ironise sur cette pratique développée lors du forum des think tanks : « sans surprise, c’est évidemment l’Europe qui s’est imposé comme unique plan B » … « bornés par la crainte de sortir du « cercle de la raison » et souvent en contradiction totale avec ce que pense l’ensemble de la population ».

Effectivement, présenter l’Europe ainsi ne contribue pas à intéresser les citoyens. Pourquoi le feraient-ils en effet si l’Europe est inéluctable, policée et consensuelle ?

Rôle discursif relativement contre-performant sur l’Europe : les think tanks renforceraient la rhétorique de la mécanique institutionnelle et de la technocratie

Autre biais de communication dénoncé notamment par des journalistes spécialisés sur les affaires européennes comme Loup Besmond de Senneville sur Le Taurillon : « les journalistes devraient plus faire l’effort de chercher en quoi l’Europe touche le quotidien des citoyens » plutôt que de parler de la mécanique institutionnelle et de la technocratie. « Pour les toucher, l’accent doit être mis sur la façon dont des sujets traités à Bruxelles les concernent dans leur activité quotidienne. »

Néanmoins, là encore, Marianne2 moque la rhétorique institutionnelle et technocratique des think tanks lors de leur Forum : « Pour Olivier Ferrand de Terra Nova , « la priorité est de régler la question institutionnelle ». Il est certain que c’est le problème numéro un des salariés et des chômeurs européens ! ».

Effectivement, présenter l’Europe ainsi ne contribue pas à intéresser les citoyens. Pourquoi le feraient-ils en effet si l’Europe est technique et centrée sur ses problématiques institutionnelles ?

Ainsi, s’agissant des prises de parole en public et dans les médias, les think tanks ne semblent pas en mesure de faire évoluer l’opinion publique sur les affaires européennes.

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