Pour une communication européenne à la fois institutionnelle et politique

Quoique la distinction entre la communication des institutions communautaires et la communication des responsables politiques semble loin d’être clairement perçue, vue de l’extérieur, il apparaît évident que c’est de leurs interactions – les différents acteurs sont condamnés à s’entendre – que peut jaillir une bonne communication européenne…

Pour une communication institutionnelle de l’UE irréprochable

Sur le plan théorique, la meilleure définition de la communication institutionnelle est donnée par Pierre Zemor dans son Que sais-je « La communication publique » : « la communication « formelle » qui tend à l’ échange et au partage d ’information d’utilité publique, ainsi qu’au maintien du lien social, et dont la responsabilité incombe à des institutions publiques ou à des organisations investies de mission d’intérêt collectif ».

Sur un plan pratique, la communication institutionnelle de l’UE se voit portée essentiellement par les acteurs publics communautaires et vise à :

  • porter les valeurs de la construction européenne afin de faire émerger une sphère publique européenne / un sentiment d’appartenance à l’Union / une conscience européenne partagée ;
  • présenter les institutions communautaires et leur fonctionnement ainsi que les politiques européennes et leurs financements.

Parce que pour les institutions publiques, communiquer est un devoir qui répond au droit à l’information des citoyens, cette communication « institutionnelle » européenne s’inscrit dans la durée pour mettre à la disposition des Européens (citoyens, entreprises, associations…) toutes les informations relatives à l’action publique européenne.

Le principal enjeu actuel de la communication institutionnelle de l’UE, c’est d’être irréprochable devant les citoyens :

  • trouver le ton juste pour dialoguer avec les citoyens sans jargonner la langue de Bruxelles ni plagier des démarches participatives sans public ;
  • éviter l’instrumentalisation partisane en inscrivant les messages au service de l ’intérêt général européen sans être détournés à des fins particulières.

Pour une communication politique sur l’Europe responsable

Sur un plan théorique, la meilleure définition de la communication politique est donnée par Jacques Gerstlé : « la communication politique, c’est d’abord et avant tout de la politique. Il s’agit de tous les efforts de communication accomplis par ceux qui cherchent à faire adhérer – soit en l’imposant par la propagande, soit en la rendant acceptable (négociation, délibération…) – à des perceptions publiques qui orienteront les préférences »

Sur un plan pratique, la communication politique sur l’Europe est naturellement incarnée par les responsables politiques afin de :

  • poser les enjeux et les choix liés à la construction européenne dans le cadre des compétitions électives : il s’agit de nourrir la controverse programmatique sur l’avenir de l’UE et l’ambition européenne ;
  • proposer des priorités des politiques européennes et commenter les actions européennes dans le cadre de l’exercice du pouvoir : il s’agit de nourrir l’agenda médiatique d’actualité européenne.

L’enjeu principal de la communication « politique » européenne : c’est d’être responsable devant les citoyens, c’est-à-dire de vraiment prendre ses responsabilités, d’agir concrètement et de rendre pleinement des comptes sur les actions menées, loin de la course aux places ou aux promesses.

Finalement, qu’il s’agisse de la communication institutionnelle ou de la communication politique, les deux doivent se montrer stratégiques, au sens où le registre institutionnel doit se limiter à son champ d’intervention sur le long terme tandis que le registre politique doit pleinement prendre possession de son terrain d’expression quotidienne.

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