Archives mensuelles : août 2009

Débat sur la stratégie de communication de l’UE : propagande pour l’intégration communautaire ou service public d’information sur l’Europe ?

Au cours de cet été, un think tank suédois, Timbro publie une étude : « Le fardeau de l’Union européenne : informer et communiquer auprès d’un peuple réticent ». Les auteurs soulèvent le problème d’une stratégie de communication visant à promouvoir le succès de l’intégration européenne afin de gagner le soutien populaire à la construction européenne alors même que les citoyens européens ne payent aucune attention à « la révolution démocratique de l’Europe ».

Ainsi, un fossé se creuse entre des citoyens européens souhaitant un véritable service public d’information sur l’Europe et les institutions européennes engagées dans une « propagande » pour l’intégration communautaire.

La Commissaire européenne chargée de la stratégie de communication, la suédoise Margot Wallström, répond sur son blog qu’il convient de nuancer : entre information et propagande, il y a justement la communication, qui repose sur le dialogue entre les citoyens européens et les institutions européennes.

Réquisitoire du think tank Timbro contre la stratégie de communication de l’UE

Le think tank Timbro dans « The European Union’s Burden : Information dans communication to a reluctant people » passe en revue le budget et les actions de communication de l’UE.

D’une part, le budget communication de l’UE est beaucoup plus élevé que le seul budget de la DG Communication de la Commission européenne, s’élevant à 213 million d’euros en 2009 :

  • 124 millions d’euros en 2009 pour le programme « Jeunesse en action » dont les objectifs sont d’« associer activement les jeunes à la société en tant que citoyens, (et de) renforcer leur sentiment d’appartenance à l’Europe » ;
  • 7,5 millions d’euros en 2009 pour le programme d’information sur la monnaie unique de la DG Eco ;
  • 18 millions d’euros en 2009 pour la campagne de communication du Parlement européen pour les élections européennes ;
  • budgets pour des commémorations telles que les 50 ans du traité de Rome en 2007 ou la chute du mur de Berlin en 2009…

D’autre part, les actions de communication de l’UE sont bien plus que de simples campagnes de promotion des réalisations de l’UE, il s’agit d’investissements dans les médias ou la société civile qui visent à influencer ces acteurs et faire passer un message politique pour davantage d’intégration européenne :

  1. Financement de compétitions pour les journalistes traitant des questions européennes et de médias européens comme les réseaux Euronews pour la TV (10,8 millions d’euros en 2009), Euranet pour la radio (6 millions d’euros en 2009), EUTube et EuroparlTV (9 millions d’euros en 2009 pour la webTV du parlement européen) sans compter les Séminaires de formation pour les journalistes (1,8 millions d’euros en 2009)…
  2. Financement de campagnes décrites « de bon samaritain » comme « School Milk Aid » (distribution de lait dans les écoles pour 69 millions d’euros en 2009 soit 305 000 tonnes de lait), « Fruit to School Children » (distribution de fruits frais dans les écoles pour 90 millions d’euros en 2009) ou encore « Help – for a life without tobacco » (campagne anti-tabac auprès des jeunes, 14 millions d’euros en 2007)…
  3. Financement de think tanks créant une « colonisation de la société civile » et formant une opinion globalement favorable à la construction européenne.

Ainsi, la stratégie de communication de l’UE s’oriente vers la création d’une identité européenne au moyen d’un « vaste outil de communication qui se comporte d’une manière qui serait à peine acceptée de la communication publique nationale dans les États membres ».

Plaidoyer de la Commissaire européenne chargée de la stratégie de communication de l’UE

Dans un billet « The silly season », Margot Wallström invite à nuancer :

  1. Le lien entre consultation des citoyens et rejet de l’UE – prouvant le déficit démocratique de l’UE – est loin d’être évident. Depuis 1972, il y a eu pas moins de 35 référenda tenus sur des questions européennes, seulement 9 ont produit des résultats négatifs.
  2. Le lien entre financement d’infrastructures, de services ou d’informations aux médias et influence éditoriale fait fi des règles déontologiques propres aux médias et ne fait pas la différence entre actions de relation presse visant à faire passer un cadrage particulier sur un sujet et actions de promotion visant à faciliter le travail des journalistes sur les questions européennes.
  3. Le lien entre information et propagande – qui seraient les seules possibilités pour la communication européenne – révèle une profonde méconnaissance du métier de communicant de l’Europe, qui repose justement sur le dialogue approfondi sur le souhaitable et le possible avec les citoyens et leurs « corps intermédiaires » qu’ils soient médias, ONG ou Etats.

Ainsi, la responsable de la stratégie de communication de l’UE rappelle que « pour 40 centimes d’euros par personne et par an, la Commission européenne :

  • maintient des représentation dans tous les États membres ;
  • porte des consultations publiques auprès des citoyens ;
  • finance Europe Direct, le service qui répond aux questions des citoyens ;
  • fournit des facilités de studio gratuites pour l’usage des journalistes radio ou TV ;
  • organise des séances quotidienne de questions/réponses pour les journalistes ;
  • offre une couverture des événements publics, une bibliothèque audiovisuelle et des centaines de sites multilingues, notamment interactifs comme Debate Europe ou EUtube ».

Bref, un été particulièrement chaud pour la communication européenne…

Evénement télévisuel : Arte fête les 20 ans de la chute du Mur en diffusant un programme de 24 heures sur Berlin

A l’occasion du 20e anniversaire de la chute du Mur, Arte diffusera, du samedi 5 septembre à 06h00 du matin au dimanche 6 à la même heure, « 24h Berlin, une journée capitale »…

Le concept : filmer pendant une journée le quotidien de Berlinois

Vingt ans après la chute du Mur, plongée dans les coulisses de Berlin en suivant la vie quotidienne d’une vingtaine de Berlinois filmés au cours d’une unique journée : le 5 septembre 2008.

Le résultat : le plus long documentaire télévisuel de l’histoire

Diffusion 24 heures d’affilée, un an jour pour jour et heure par heure après son tournage. Selon Arte, « Berlin dévoile la multiplicité de ses quartiers, ses univers contrastés, son charme et ses contradictions, vécus et racontés par les Berlinois eux-mêmes ».

Le dispositif : 2,8 millions d’euros et 400 personnes mobilisées

Arte a consacré à cet « évènement télévisuel de la rentrée ».

  • 1 an de travail de documentation,
  • 3 ans pour la réalisation du projet,
  • 80 équipes de tournage,
  • 22 personnages principaux,
  • 80 caméras,
  • 10 mois de montage,
  • 88 voitures,
  • 400 paniers-repas,
  • 750 heures de rushes en haute définition,
  • 1440 minutes de diffusion en continu.

Un rendez-vous à ne pas manquer !

Arte_24h_bernlin

Communiquer sur les produits laitiers : avec les subventions de l’UE, le Cniel prépare une nouvelle campagne de promotion

Dans la newsletter Stratégies du 19 août dernier, il nous est annoncé que « le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) mène une compétition d’agences portant sur la communication du lait, du beurre et des yaourts (…) par ailleurs le Cniel consulte pour la gestion de son budget publicitaire institutionnel ».

Dans un billet « Communiquer sur les produits laitiers : plus que jamais « Nos amis pour la vie » avec crise du lait, subventions de l’UE et créativité débridée » le 28 juillet dernier, nous signalions que la Commission européenne s’engageait à hauteur de 1 million d’euros par an sur 3 ans pour le programme de communication sur les produits laitiers en France.

Rendez-vous donc dans quelques semaines pour découvrir cette nouvelle campagne de promotion des produits laitiers…

Vers la « société numérique » : l’enjeu de l’éducation aux nouveaux médias

Alors que les Européens qui « surfent » au moins une fois par semaine sont dorénavant majoritaires, que les inégalités socio-économiques ou démographiques dans l’usage d’Internet se réduisent et que les pratiques s’uniformisent (Google, Facebook, Youtube et Wikipedia sont les sites les plus vus sur Internet en Europe), le numérique soulève de nombreux enjeux…

Logique de l’offre numérique : les enjeux de l’accès et des contenus liés à « l’économie numérique »

Faisant l’objet de rapports annuels européens (cf. Benchmark i2010 : Tendances et principales réalisations) ou de plans nationaux (cf. France Numérique 2012), les enjeux traditionnels de l’économie numérique se voient essentiellement traités du côté de l’offre et visent à :

  • la consolidation de l’accès aux réseaux numériques et de la sécurisation des infrastructures ;
  • la diversification des contenus multimédia et des services numériques.

Logique de la demande numérique : l’enjeu de l’éducation aux nouveaux médias dans la « société numérique »

Parce que l’usage du numérique est devenu essentiel pour l’insertion dans l’économie, l’accès à l’emploi, à la culture et aux loisirs et pour pleinement participer à la « société numérique », il devient impératif de se former aux nouveaux médias, c’est-à-dire apprendre à :

  • apprécier et évaluer d’un œil critique les différents aspects et contenus des nouveaux médias ;
  • utiliser les nouveaux médias pour communiquer et créer des contenus multimédias.

Dans un rapport du Centre d’analyse stratégique publié en juillet 2009 : « La société et l’économie à l’aune de la révolution numérique – Enjeux et perspectives des prochaines décennies (2015-2025) », l’axe de réflexion n°1 est « Éduquer et former » afin de permettre à chacun de :

  • maîtriser les outils numériques ;
  • partager la culture qui en découle afin de pouvoir les utiliser de manière efficace.

Dans un communiqué de presse daté du 20 août 2009, Viviane Reding, la Commissaire responsable de la société de l’information et des médias affirme : « Nous devons garantir l’éducation de tous aux nouveaux médias. Si les citoyens pouvaient utiliser les nouveaux médias avec compétence et créativité, nous nous rapprocherions d’une nouvelle forme de participation démocratique. »

Ainsi, une nouvelle approche du numérique – passant des enjeux économiques aux enjeux sociétaux – met l’accent sur l’éducation aux nouveaux médias.