Quel rôle pour le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes dans la communication européenne ?

Au lendemain de l’échec du référendum sur le projet de Constitution pour l’Europe en mai 2005, le député Michel Herbillon, auteur du rapport « La fracture européenne » formule comme première « proposition concrète pour mieux informer les Français sur l’Europe » de « donner au secrétaire d’Etat aux Affaires européennes un « véritable rôle d’impulsion et de coordination en matière de communication sur l’Europe ». Qu’en est-il aujourd’hui du rôle exact du secrétaire d’Etat aux Affaires européennes dans la communication européenne ?

Certes, le rôle d’impulsion politique et de coordination interministérielle en matière de communication européenne reste exercé concurremment par l’Elysée et Matignon

D’une part, l’impulsion politique – notamment lorsqu’il s’agit de lancer une campagne d’information ou de communication d’envergure – demeure pilotée par le président de la République et suivie par son conseiller affaires européennes, Fabien Raynaud.

Ne faisant l’objet d’aucune formalisation administrative, le rapport d’activité du Conseil d’Etat pour 2006 : « L’administration française et l’Union européenne : Quelles influences ? Quelles stratégies ? » propose d’instituer auprès du Président de la République un « Conseil stratégique sur l’Europe ».

D’autre part, la coordination interministérielle – notamment lorsqu’il s’agit de définir et de présenter une vision stratégique et cohérente du projet européen de la France – est exercée par le Premier ministre et suivie par son conseiller Europe, Gilles Briatta.

A la suite de la proposition du rapport Herbillon d’« instaurer des conseils interministériels réguliers sur les affaires européennes », le décret paru au Journal officiel du 18 octobre 2005 formalise l’organisation des Comités interministériels mensuels sur l’Europe et l’administration par un Secrétariat général des affaires européennes.

Ainsi, les principaux rôles que le rapport Herbillon envisageait de confier au secrétaire d’Etat aux Affaires européennes semblent légitimement aspirés par ses propres responsables à l’Elysée et à Matignon.

Mais, le rôle d’incarnation politique et de coordination interinstitutionnelle en matière de communication européenne peut être exercé par le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes

D’une part, très classiquement, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, par délégation du ministre des Affaires étrangères et européennes, « incarne l’engagement de la France pour la construction européenne et exprime la position française relative aux grands dossiers européens » selon le site du ministère.

Pour cela, il rencontre ses homologues européens lors de réunions informelles et « participe aux rendez-vous européens des autorités françaises », selon le site du Quai d’Orsay. Afin de renforcer ce rôle d’incarnation, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes pourrait s’engager à suivre la proposition du rapport Herbillon de « tenir une conférence de presse hebdomadaire sur l’Europe ».

D’autre part et de manière plus originale, les derniers titulaires de la fonction de secrétaire d’Etat aux Affaires européennes se positionnent comme des lobbyistes des positions françaises auprès des acteurs influents de l’Europe.

Bruno Le Maire organise ainsi au Quai d’Orsay le lundi 22 juin une démarche originale de lobbying ministériel auprès des eurodéputés et envisage que ce type de réunions informelles entre les eurodéputés français et les ministres français ait lieu une fois par mois.

Pierre Lellouche déclare dans L’Express du 16 juillet vouloir « multiplier les relais d’influence », une mission de lobbying ministériel élargie puisqu’il « veux passer une journée par semaine à Bruxelles, dans le bureau de la représentation permanente de la France, à œuvrer auprès des députés, des commissaires, des hauts fonctionnaires ».

Ainsi, le principal rôle du secrétaire d’Etat aux Affaires européennes semble se dessiner comme porte-parole et « relais d’influence » des positions françaises auprès des responsables politiques européens, des eurodéputés français, des parlementaires nationaux et des administrations communautaires.

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