Archives mensuelles : mai 2009

Euro-bashing vs Euro-washing : quel traitement des élections européennes dans les médias ?

Les facteurs clés pour obtenir une couverture éditoriale pertinente d’une action politique sont des événements, de l’émotion et de la controverse. Ces facteurs sont particulièrement rassemblés dans les campagnes électorales de candidats, qui permettent de susciter l’identification de l’électeur par un traitement recourant à la psychologisation, à la personnalisation et à la description d’« histoires humaines » et de « faits divers »…

Pourquoi le traitement médiatique de l’Europe est-il différent ?

Le traitement de l’Europe fait l’objet d’une singularité médiatique pour des raisons propres à l’UE et propres aux journalistes.

Parmi les raisons propres à l’UE, on peut citer :

  • l’actualité de l’UE : difficilement transformable en « histoire humaines », en « fait-divers » ou en information « spectaculaire ».
  • l’information sur l’UE : forcément complexe à l’échelle des 27 États membres, pauvre en mise en scène car trop abstraite et longue à expliquer et rarement exploitable directement par le journaliste, sans nécessiter d’interprétation ou de recherches complémentaires.
  • les sources officielles de l’UE : traditionnellement trop technique avec un vocabulaire souvent apparenté à du « jargon bureaucratique » et culturellement orienté davantage vers la communication que vers la diffusion d’informations.

Parmi les raisons propres aux journalistes, on peut citer :

  • le niveau de connaissance et d’expertise des journalistes : pas toujours suffisant pour interpréter et relayer l’information sur l’UE.
  • l’organisation des rédactions : pas toujours les moyens de disposer d’une équipe suffisamment importante avec des spécialistes en affaires européennes et à fortiori avec la présence à Bruxelles d’un correspondant.

Comment le traitement médiatique de l’Europe est-il différent ?

Le traitement de l’Europe fait l’objet d’un classicisme médiatique en distinguant les périodes électorales et « normales ».

En période normale, place à l’« euro-bashing » :

  • Ce ne sont pas tant les orientations politiques mais la répercussion des mécaniques institutionnelles qui prédominent dans l’orientation du regard médiatique.
  • Le sport national, le réflexe traditionnel consiste assez tendanciellement à « nationaliser les réussites et européaniser les échecs » de l’UE.
  • Cette tendance tend à se réduire avec l’intégration dans les routines des acteurs de l’information des questions européennes.

« Désormais, en quelque sorte, naturalisée et intériorisée par les acteurs de l’information pour venir constituer une sorte d’arrière-plan structurel pour de nombreuses questions d’actualité purement nationale » selon Jean-Claude Soulages dans une analyse de « la thématique Europe à l’intérieur des journaux télévisés français (1951-2003) ».

En période électorale, place à l’« euro-washing » :

  • Un intérêt cyclique des médias pour les sujets européens est tout particulièrement fort lors des périodes électorales selon Claes De Vreese, qui estime ainsi qu’en dehors de certaines périodes (élections au Parlement européen, référendum, Conseils européens), seuls 2 à 5% des sujets télévisés des chaînes en Europe seraient consacrés aux sujets européens.
  • A titre d’exemple, selon la newsletter Stratégies du 11 mai, France Télévisions ouvre un portail consacré à l’Europe, pendant la campagne. Avec le site FranceTV Info, une rubrique Europe est en ligne.
  • Autre initiative, l’enquête du blog du correspondant à Bruxelles de la rédaction de France 2 qui réalise avec les auteurs du blog « Whatseuropinion? » (whatseuropinion.eu) animé par une équipe de diplômés du Collège de Bruges « une série de billets sur le thème des « idées reçues » sur l’Europe. Elles sont nombreuses : certaines totalement fausses, d’autres en partie ou entièrement exactes. »

Ainsi, les multiples spécificités du traitement médiatique de l’Europe impliquent que le jugement porté par le public sur l’Europe est sans doute davantage lié au degré d’investissement des médias pour traiter les questions européennes qu’à un véritable désintérêt pour les enjeux européens.

Communication européenne de crise sur la grippe A (suite)

A la suite de la réunion extraordinaire des ministres de la santé de l’Union européenne du 30 avril relative à la grippe A (voir les conclusions du Conseil sur l’épidémie de grippe A), la direction générale de la santé et de la protection des consommateurs (DG Sanco) organise la communication européenne de crise…

Communication de crise coordonnée via le système communautaire d’alerte précoce et de réaction

La direction générale de la santé et de la protection des consommateurs organise la coordination des communications au sein de l’Union européenne via le système communautaire d’alerte précoce et de réaction (SAPR)

En vertu du SAPR, les États membres sont tenus de communiquer :

  • les mesures qu’ils se proposent d’adopter ;
  • les mesures qu’ils ont déjà mises en œuvre ;
  • les conseils qu’ils ont fournis,
  • ainsi que tout cas confirmé de la maladie.

Communication de crise coordonnée avec le centre opérationnel de gestion de crises sanitaires

La direction générale de la santé et de la protection des consommateurs surveille et coordonne la réaction à l’épidémie de grippe via le centre opérationnel de gestion de crises sanitaires de la DG Sanco, situé à Luxembourg.

Ce service constitue la pièce maitresse de l’Union européenne – la « cellule de coordination de crise » – dans la gestion de la communication de crise de cette pandémie de grippe.

Quelle est la meilleure approche pour traiter les élections européennes ?

A moins d’un mois du scrutin, la campagne pour les prochaines élections européennes semble à peine commencer : quelle est la meilleure approche en matière de communication pour tenter de mobiliser les électeurs ?

Une approche politique – partisane pour les campagnes électorales des candidats

Une approche civique, non partisane et pédagogique privilégiée pour les campagnes institutionnelles des autorités publiques

La campagne de communication du Parlement européen « A vous de choisir » qui vise à sensibiliser les citoyens aux enjeux des prochaines élections européennes via notamment :

  • les « Eurostudios », des cahiers de doléance « high tech » itinérants pouvant enregistrer et présenter les avis des électeurs
  • des contributions vidéos notamment sur des réseaux sociaux tels que Facebook, My Space, Flicker, Youtube…

Le campagne du gouvernement français auprès des citoyens français et européens résidant en France.

Une approche décalée : humoristique, provocatrice voire choquante privilégiée par des associations militantes et/ou des actions auprès des jeunes

Spots de publicité sur MTV réalisés par la Commission européenne « Ohé, l’Europe, tu m’entends ? ».

Vidéo avec un slogan provocateur « Ne va pas voter… sauf si » réalisée par l’association des Jeunes Européens-France en collaboration avec la Fondation pour l’Innovation politique (Fondapol).

Vidéo avec une tonalité choquante mettant en scène des menottes ou un fouet, avec pour slogans : « Soumettez les à vos désirs » et « Votez pour qu’ils se plient à vos exigences » réalisée par la branche française du Parlement européen des jeunes (vidéo rapidement retirée).

Vidéos décalées réalisées par le Parlement européen.

Une approche informative dédiée à l’événement privilégiée par des médias traditionnellement intéressés par les affaires européennes

Blog de la rédaction du Monde.fr : europeennes.blog.lemonde.fr, consacré aux élections européennes

Partenariat YouTube/Euronews avec « Questions for Europe », un service de diffusion pour mettre en relation les électeurs et les candidats avant les élections européennes et les encourager à s’engager à un dialogue par le biais de la vidéo en ligne.

Arte, initiative militante : « 27 et moi » propose une plateforme interactive où 27 correspondants qui reflètent la diversité de l’Europe d’aujourd’hui « chroniquent leur quotidien et la campagne dans leur pays », tout en vidéo et avec des rubriques ludiques (« vrai/faux », « pour qui voter ? » en France ou en Allemagne seulement, Live-blogging, Live-streaming…) qui « permettent de faire la chasse aux clichés et de mieux connaître l’influence que le Parlement européen exerce, ou non, sur notre vie quotidienne ».

arte_27_et_moi

Une approche collaborative ou participative par des médias relativement moins sensibilisés aux enjeux européens

L’Express, initiative web 2.0 : « Ensemble sauvons ces élections de l’ennui » propose aux internautes de participer aux enquêtes des journalistes sur l’UE en offrant notamment un journal de bord tenu par les journalistes au fur et à mesure de l’évolution de leurs recherches ; envoyer des pistes, des idées de traitement, des témoignages, et d’en discuter avec les journalistes et les autres internautes dans un forum dédié ; voter pour leurs enquêtes préférées.

Blog de « plumes de la blogosphère française invitées chez Libération, par l’entremise de la République des blogs ».

Entre toutes ces approches, quelle est celle qui vous semble la meilleure ?

La stratégie multi-support vidéos de la campagne de communication du Parlement européen pour les élections européennes

« A vous de choisir », telle est la signature de la campagne de communication du Parlement européen relayée par de multiples vidéos afin d’expliquer « qu’en votant lors des élections européennes, le pouvoir est aux citoyens »…

Une bonne complémentarité des supports en fonction des cibles et des angles

Réalisation d’une vidéo institutionnelle dont le message consiste à montrer des nouvelles fictives afin de démontrer que les citoyens peuvent façonner les informations de demain en exerçant leur droit de vote :

  • diffusé en 34 langues,
  • réalisé avec 750 citoyens des 27 nationalités européennes,
  • adapté aux publics des 27 États membres de l’UE avec la participation de personnalités nationales,
  • conçu par la Direction générale de la Communication du Parlement européen,
  • entièrement sous-titré et accessible aux sourds et malentendants.

Réalisation d’un making off :

Réalisation d’un reportage par la chaîne de télévision Euronews, avec le soutien du Parlement européen pour se plonger au cœur de la réalisation de la campagne de communication pour les élections européennes.

Réalisation de 3 vidéos décalées « Au bureau de vote (…) Il y a toujours le temps pour aller voter » reposant sur l’humour et l’autodérision et destinés à « interpeller » les électeurs alors que l’abstention risque d’atteindre des taux record :

Une bonne complémentarité des moyens de diffusion en fonction des opportunités

Diffusion gracieuse sur plus de 100 chaînes TV dans tous les pays de l’UE.

Diffusion grâce en partie à la coopération de la Commission européenne dans environ 1000 cinémas en Europe pendant les quatre dernières semaines de la campagne.

Diffusion sur les principaux réseaux sociaux : Facebook, MySpace, Flickr, YouTube

Interrogations sur le plan média de la campagne gouvernementale d’information et d’incitation au vote pour les élections européennes

Alors que le gouvernement français lance une campagne d’information et d’incitation au vote pour les élections européennes du 7 juin prochain avec la diffusion d’un spot TV unique de 45 secondes plus de 1000 fois du 9 au 22 mai 2009, la stratégie du plan média soulève des interrogations…

Une campagne d’information nécessite de s’inscrire durablement

Une campagne de communication qui s’inscrit dans la durée permet une meilleure appropriation du message par le grand public.

Pourtant, Bruno Le Maire, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes lors d’une intervention le lundi 4 mai devant un auditoire clairsemé d’étudiants de l’université Paris Dauphine (une vingtaine), se prononce pour « une campagne courte et forte à la fois » (la période de diffusion du spot TV réalisé par le gouvernement français est de 15 jours seulement).

Une campagne d’incitation au vote nécessite de s’inscrire précocement

Une campagne d’incitation au vote pour éviter tout sentiment de frustration de la part de citoyens non inscrits devrait débuter par un message d’incitation à s’inscrire sur les listes électorales, avant la clôture des inscriptions au 31 décembre de l’année précédent l’année du scrutin.

Pourtant, la campagne du Parlement européen a officiellement été lancée le mardi 17 mars 2009 quant à la campagne du gouvernement français, il s’agit du samedi 9 mai 2009 pour un scrutin programmé le dimanche 7 juin 2009 pour la France.

Ainsi, une campagne relativement longue permettrait de toucher efficacement les citoyens et une campagne précoce permettrait de ne pas se situer en même temps que le processus électoral et le jeu politique proprement dit.